Le Figaro a fait le point sur la grotesque affaire du remboursement des prétendus dégâts infligés au Champ-de-Mars.
Delanoë, dans cette histoire, cherchait surtout à plaire à son électorat que le succès de la manif a ulcéré.
"Le maire de Paris, qui réclamait une indemnisation de 100.000 euros, a reçu des milliers de dons de 10 centimes en moyenne. Mais ces dégâts sur le Champ-de-Mars ont-ils tous été causés par les manifestants?
Les manifestants du 13 janvier ont pris Bertrand Delanoë au mot. Le maire de Paris réclamait 100.000 euros au collectif de la Manif pour tous, pour les dégâts occasionnés sur la pelouse du Champ-de-Mars ; le voici aujourd'hui submergé de chèques de quelques centimes!
Vérification faite, la mairie de Paris a reçu 9000 courriers, avec des chèques de 10 centimes d'euro en moyenne, mais aussi, parfois, une seule pièce d'un centime! Ce qui donnerait donc plutôt une somme proche de 900 euros. «Ces courriers sont traités par le bureau du cabinet, explique-t-on à la mairie. Ils sont considérés comme des dons, et vont être transmis à la régie de la direction des espaces verts. Quant aux récépissés, on ne doit en fournir que pour les envois d'espèces, qui sont très minoritaires, donc cela ne pose pas de gros problèmes».
Lors de précédents événements sur le Champ-de-Mars, qui avaient causé «beaucoup plus de dégradations», se souvient Bernard Loing, président de l'Association des amis du Champ-de-Mars, la Mairie de Paris ne s'était pas montrée si tatillonne. La facture de 73.640 euros adressée à SOS Racisme après le concert de l'association, le 14 juillet 2011, s'était volatilisée… Avant que LeCanard enchaîné ne la retrouve, impayée. Et, jusqu'à présent, le maire de Paris n'a reçu aucun don de militants de SOS Racisme…
Devant l'impossibilité pour la Manif pour tous de payer 100.000 euros, Frigide Barjot, porte-parole du collectif, avait conseillé aux manifestants de venir «replanter les brins d'herbe». La généreuse proposition d'un paysagiste mosellan de remettre la pelouse gratuitement en état avait été sèchement refusée par la Mairie de Paris. Mais rapidement, sur les réseaux sociaux, avait circulé l'idée d' «envoyer des chèques de quelques centimes»à Bertrand Delanoë.«Je suis contente de savoir que ça fonctionne!, a réagi lundi Frigide Barjot. En tous cas, s'il ne veut pas recevoir une deuxième salve de chèques après le 24 mars, qu'il nous laisse défiler là où il n'y a pas de pelouse…»
Si les organisateurs tiennent tellement à éviter tout espace vert lors de la prochaine manifestation, c'est aussi parce qu'ils ne s'estiment pas entièrement responsables des dégâts. Le matin du 14 janvier, un huissier avait constaté de curieuses traces de pneus dans la boue, autour de l'emplacement de la scène. «Ce n'est pas nous!, affirme Albéric Dumont, coordinateur général de la manif pour tous. Nos camions ont parfaitement respecté la consigne de ne pas rouler sur les pelouses». Alors d'où viennent ces traces? Le soir du 13 janvier, un manifestant ayant perdu ses clefs est revenu sur les lieux et y a vu… les camionnettes de la voirie de Paris! «Nous avons un certain nombre de témoignages concordants sur ce point, précise Albéric Dumont. Et ce manifestant a déposé une main courante».
Alors, pour éviter toute polémique supplémentaire, à la fois sur les dégradations et sur les chiffres, c'est de la place de l'Étoile à la Concorde que les anti mariage gay défileront le 24 mars. «Seuls les Champs Élysées, conclut Albéric Dumont, peuvent donner une perspective d'ensemble de tous les manifestants, et faciliter les opérations de comptage».