" Cher Monsieur Federbusch,
Je veux témoigner ici de l'indignation d'un Parisien depuis très longtemps engagé professionnellement et personnellement dans la défense de notre ville.
A peine la municipalité de Paris a-t-elle inauguré le jardin « Nelson Mandela », forçant « le vieux » comme on l'appelait, à se retourner dans sa tombe maintes et maintes fois, chaque piéton, chaque riverain peut constater l’indigence de ce lieu.
Des bancs glacés en béton sans dossier, une promenade hors d’échelle en béton balayé - même pas un matériau : du jamais vu à Paris - débouchant sur la sortie de secours de la Bourse de commerce et surtout, ce qui était prévisible, pas de vert, pas de pelouse mais des émergences en acier « corten » mal riveté pour les issues de secours du forum ou les verrières de la piscine souterraine.
Paris qui inspira le monde entier pour « ses promenades et jardins » dessinées sous les auspices d’Alphand se trouve relégué au statut de sous-préfecture de région sidérurgique. On n’attendait rien de bon du projet des Halles de messieurs Delanoë et Mangin, mais au moins un jardin durable à la mesure du centre d’une Métropole de 12 millions d’habitants.
Mais de quelle haine, du reste, madame Hidalgo poursuit-elle Alphand ? L’adjointe à l’urbanisme, ex-présidente de la SEM du centre de Paris, commanditaire du jardin des Halles, veut désormais ensevelir sous les commerces franchisés l’avenue Foch œuvre de référence mondiale par ses dimensions, par sa pertinence topographique, par l’harmonie de ses plantations, par la couleur de sa terre battue expression d’un savoir faire séculaire des services de la ville.
Dans le centre, le jardin des Halles a un compagnon de victime collatérale. Madame Hidalgo a négocié en effet contre la promesse d’un commissariat de Police, d’une crèche et de quelques logements sociaux le laissez démolir de la poste de la rue du Louvre. Le permis de construire accordé au prix de ces concessions se concrétise par la destruction de nefs de 90 mètres de long, constituées de structures métalliques, certes ignorées du grand public, d’un intérêt de réutilisation autrement supérieur à celles des Halles dont on sait la tragique disparition.
En fait c’est le centre de Paris le mal aimé : pas d’électeur ou si peu, le premier et le deuxième arrondissements envoient 3 conseillers municipaux au conseil de Paris et il concentre 2 édifices emblématiques de Paris, mais effectivement obsolètes : la Samaritaine et la Poste Centrale. L’un est privé : La Samaritaine, l'autre, la Poste, aujourd’hui ouverte 24 heures sur 24, fut construite au 19 me siècle par l’impôt des Français.
Seul triomphe en réalité le droit à la vandalisation par des projets d’une banalité affligeante : hôtel de luxe avec vue sur la Seine, restaurants panoramiques, commerces pour touristes (nous avons déjà le carrousel du Louvre) et bureaux en blanc ; on pourrait ajouter que 17% des surfaces de bureaux parisiens sont vacantes.
Pour la Samaritaine, bâtiment privé qui offre sur le fleuve une façade plein sud et livre la vue que tout touriste veut avoir de Paris, le gouvernement et le maire de Paris, qui ont pourtant des affinités, n’ont pas trouvé un programme innovant et original pour le patrimoine des Français qui renouvèlerait le statut de Paris comme « ville monde » ce qui veut en réalité dire : c’est ici que s’invente, se préfigure la civilisation urbaine du siècle.
Avec l'énorme désastre de la Canopée qui va écraser de sa masse inutile et ruineuse le centre de Paris, Delanoë et Hidalgo prendront décidément, avec le temps, rang parmi les pires fléaux de notre urbanisme depuis longtemps.
Veuillez recevoir, monsieur, l'expression de mes sentiments affligés."
Par ailleurs, pour signer la pétition pour la sauvegarde de la poste du Louvre et connaître le combat mené parallèlement par Jean-François Cabestan, cliquez LA.