Tout à l’idée de sa candidature pour la présidentielle de 2012, Delanoë cherchait depuis un ou deux ans des idées estampillées de « gauche ». Quoi de plus formidable, dans ces conditions, qu’une remunicipalisation de la distribution de l’eau à Paris ? Bien sûr, il fallait se faire discret sur l’échec complet de la précédente remunicipalisation, celle de l’enlèvement des ordures ménagères, sur laquelle la ville tente d’ailleurs aujourd’hui de revenir ( voir ici). Mais quel esprit chagrin oserait faire un tel rappel ?
Paris s’apprête donc à reprendre, fin 2009, à l’échéance de leurs contrats, la distribution de l’eau dite du robinet à Suez pour la rive gauche et Veolia pour la rive droite. Le système actuel avait les vices et les vertus d’une concurrence encadrée, le duopole Suez/Véolia vivant confortablement sur un marché partagé. On aurait pu imaginer que la ville chercherait à accroître la pression concurrentielle sur les distributeurs à l’occasion de l’échéance de leurs contrats. Or, c’est tout le contraire qui va se produire, avec une remunicipalisation qui n’a en réalité de motivation qu’idéologique et publicitaire.
Le raisonnement sur lequel s’appuie la ville est fondé sur l’idée que la gestion par un opérateur unique et public de l’ensemble de la filière permettra une meilleure efficacité. Affirmation qui relève de l’acte de foi. L’exposé des motifs de la délibération de remunicipalisation est d’ailleurs un modèle de charabia. Cette remunicipalisation serait d’abord, apprend-t-on, un choix de « cohérence technique », l’idée de conserver un distributeur privé étant « en contradiction avec l’objectif poursuivi d’une plus grande maîtrise publique du service". Bref, une véritable tautologie : on choisit la régie parce qu’on préfère la régie !
De même, « la création d’un opérateur public (serait également) un choix de rationalité économique ». Seule explication donnée à cette prétendue rationalité : « la création d’un opérateur unique, en supprimant les doublons entre structures de production et de distribution, en permettant une meilleure identification des responsabilités, rend possible des gains de productivité importants. C’était d’ailleurs l’avis des distributeurs qui avaient bien identifié cet atout faisant savoir qu’ils souhaitaient reprendre la production et la distribution».
Bien évidemment, si l’on demande à une entreprise privée si elle préfèrerait être en situation de monopole, elle ne risque pas de dire le contraire ! La suppression des doublons et autres identifications des responsabilités ne sont absolument pas garanties par l’existence d’un tel monopole public dont la lourdeur et la faible productivité sont, au contraire, des lois quasi constantes de l’économie, du fait justement de l’absence de pression concurrentielle.
Le vice de l’opération de remunicipalisation en cours est en réalité assez simple : ce n’est pas parce que le partage du gâteau entre Suez et Veolia n’était pas entièrement satisfaisant qu’il fallait pour autant revenir à la régie. Au contraire, il eût été plus profitable aux Parisiens d’organiser une vraie concurrence pour l’attribution d’une délégation de service public sur l’ensemble du territoire communal, y compris pour la production d’eau.
Il fallait simplement s’assurer que la compétition soit la plus forte possible avant l’attribution et que des pénalités réelles puissent s’exercer sur le lauréat s’il ne remplissait pas correctement ses obligations dans le futur. Un service de contrôle au sein de la mairie, actif et intraitable, suffisait à garantir les intérêts de la ville.
Assez curieusement, Suez et Veolia ne protestent que mollement. On comprend pourquoi lorsqu’on apprend que la future régie municipale, organisée sous la forme d’un établissement public, continuera de passer des contrats à des prestataires privés pour ne pas se priver de leur savoir-faire. Bref, ce sera l’externalisation des doublons voire la création de « triplons » et il est fort possible que Suez et Veolia reprennent d’une main ce qu’ils auront cédé de l’autre, une fois passée l’opération de communication de Delanoë.
Ajoutons à toutes ces inepties une autre motivation, bien politique celle-là. La mairie envisage de moduler les tarifs de l’eau en fonction des revenus. Un « Robinet des bois » en quelque sorte, qui prendrait aux riches pour donner aux pauvres. On voit déjà se pointer les risques de dérive clientéliste et de gaspillage par sous-tarification qui accablent la gestion publique lorsqu’elle est livrée à des idéologues mal affranchis de leur vulgate.
Et tout ça pour se forger une image de puriste de « gauche » avant une élection à laquelle Delanoë a désormais une chance infime de participer…
Paris s’apprête donc à reprendre, fin 2009, à l’échéance de leurs contrats, la distribution de l’eau dite du robinet à Suez pour la rive gauche et Veolia pour la rive droite. Le système actuel avait les vices et les vertus d’une concurrence encadrée, le duopole Suez/Véolia vivant confortablement sur un marché partagé. On aurait pu imaginer que la ville chercherait à accroître la pression concurrentielle sur les distributeurs à l’occasion de l’échéance de leurs contrats. Or, c’est tout le contraire qui va se produire, avec une remunicipalisation qui n’a en réalité de motivation qu’idéologique et publicitaire.
Le raisonnement sur lequel s’appuie la ville est fondé sur l’idée que la gestion par un opérateur unique et public de l’ensemble de la filière permettra une meilleure efficacité. Affirmation qui relève de l’acte de foi. L’exposé des motifs de la délibération de remunicipalisation est d’ailleurs un modèle de charabia. Cette remunicipalisation serait d’abord, apprend-t-on, un choix de « cohérence technique », l’idée de conserver un distributeur privé étant « en contradiction avec l’objectif poursuivi d’une plus grande maîtrise publique du service". Bref, une véritable tautologie : on choisit la régie parce qu’on préfère la régie !
De même, « la création d’un opérateur public (serait également) un choix de rationalité économique ». Seule explication donnée à cette prétendue rationalité : « la création d’un opérateur unique, en supprimant les doublons entre structures de production et de distribution, en permettant une meilleure identification des responsabilités, rend possible des gains de productivité importants. C’était d’ailleurs l’avis des distributeurs qui avaient bien identifié cet atout faisant savoir qu’ils souhaitaient reprendre la production et la distribution».
Bien évidemment, si l’on demande à une entreprise privée si elle préfèrerait être en situation de monopole, elle ne risque pas de dire le contraire ! La suppression des doublons et autres identifications des responsabilités ne sont absolument pas garanties par l’existence d’un tel monopole public dont la lourdeur et la faible productivité sont, au contraire, des lois quasi constantes de l’économie, du fait justement de l’absence de pression concurrentielle.
Le vice de l’opération de remunicipalisation en cours est en réalité assez simple : ce n’est pas parce que le partage du gâteau entre Suez et Veolia n’était pas entièrement satisfaisant qu’il fallait pour autant revenir à la régie. Au contraire, il eût été plus profitable aux Parisiens d’organiser une vraie concurrence pour l’attribution d’une délégation de service public sur l’ensemble du territoire communal, y compris pour la production d’eau.
Il fallait simplement s’assurer que la compétition soit la plus forte possible avant l’attribution et que des pénalités réelles puissent s’exercer sur le lauréat s’il ne remplissait pas correctement ses obligations dans le futur. Un service de contrôle au sein de la mairie, actif et intraitable, suffisait à garantir les intérêts de la ville.
Assez curieusement, Suez et Veolia ne protestent que mollement. On comprend pourquoi lorsqu’on apprend que la future régie municipale, organisée sous la forme d’un établissement public, continuera de passer des contrats à des prestataires privés pour ne pas se priver de leur savoir-faire. Bref, ce sera l’externalisation des doublons voire la création de « triplons » et il est fort possible que Suez et Veolia reprennent d’une main ce qu’ils auront cédé de l’autre, une fois passée l’opération de communication de Delanoë.
Ajoutons à toutes ces inepties une autre motivation, bien politique celle-là. La mairie envisage de moduler les tarifs de l’eau en fonction des revenus. Un « Robinet des bois » en quelque sorte, qui prendrait aux riches pour donner aux pauvres. On voit déjà se pointer les risques de dérive clientéliste et de gaspillage par sous-tarification qui accablent la gestion publique lorsqu’elle est livrée à des idéologues mal affranchis de leur vulgate.
Et tout ça pour se forger une image de puriste de « gauche » avant une élection à laquelle Delanoë a désormais une chance infime de participer…