Immédiatement après la publication de ce texte, ce fut l'habituel auto-satisfecit delanoesque : "Ces résultats confirment que les efforts réalisés par la Ville de Paris pour réduire à la fois le trafic routier et la vitesse de circulation sur les axes parisiens sont efficaces en termes de lutte contre la pollution et donc de santé publique. En effet, l’étude démontre qu’en 10 ans, les émissions de particules fines (PM10) ont diminué de 35%. Par ailleurs, les émissions de NOx (oxyde d’azote) ont diminué de 30 %, et celles de CO2 (Gaz à effet de serre) de 13%.
L’étude précise que ces résultats sont le fruit à la fois des aménagements mis en œuvre par la Ville de Paris (réduction de la vitesse sur les grands axes parisiens, création de « zones 30 », aménagements urbains limitant la place de la voiture, développement des transports en commun (+ 14% d’offre bus et métro en 10 ans) ; création de Vélib et d’Autolib) et de l’évolution des nouvelles normes Euros appliquées aux véhicules. "
Sans blague !
Quand on va sur le site d'Airparif, l'analyse est pourtant beaucoup plus nuancée. En effet, l'organisme commence son étude par une sorte de synthèse en forme de mise en garde sur les interprétations : "Pour ces deux polluants (particules et oxyde d'azote), cette baisse s’explique d’abord et surtout par l’amélioration générale de la qualité de l’air en Ile-de-France grâce aux actions menées tant au niveau national qu’européen et sur l’ensemble des sources de pollution : trafic bien sur mais aussi chauffage et industrie."
Bref, cela n'a que peu à voir avec Paris et le recul de la pollution atmosphérique est un phénomène général à l'Europe. En effet, les nouvelles motorisations et nouveaux carburants l'expliquent en bonne partie, s'agissant de la pollution due aux véhicules. Le recul de l'activité industrielle est également un phénomène explicatif majeur.
Reste le seul facteur sur lequel les Delanoistes tentent d'argumenter : la baisse de la circulation, qui provoquerait en partie ce repli de la pollution.
Mais, outre que la part de ce facteur dans le recul total n'est pas explicitée, on remarquera à nouveau que la baisse de la circulation est un phénomène observé en France entière, notamment dans les grandes villes. L'explication est d'abord à chercher dans un phénomène de marché : le coût de l'usage de l'automobile, notamment des carburants a crû sensiblement. Il est vrai que la logique de marché est toujours difficile à comprendre pour des socialistes ...
Plus cocasse encore, cette remarque d'Airparif : on note bien une diminution du trafic de 15 à 20 % "avec néanmoins des reports essentiellement sur des axes secondaires, et une diminution de la vitesse d’environ 2 km/h dans Paris (de 19 km/h à 17 km/h)." Sachant que le trafic est calculé à partir du nombre de véhicules comptés en une heure sur un axe, la réduction de la vitesse, c'est à dire les embouteillages, est incluse dans ce décompte. Bref, la congestion delanoesque est considérée comme une baisse du trafic et la mairie va s'en vanter immédiatement en l'interprétant comme une cause du recul des émissions polluantes !
De plus, comme le fait observer Stéphane Journot, en matière de CO2, alors que la mairie se vante d'un recul de 13 % des rejets entre 2002 et 2012, l'émission moyenne des véhicules neufs a baissé de 17 %, voir LA. La politique municipale n'a fait que ralentir un mouvement spontané !
Bah, l'essentiel est que la Voix de son Maire® ait pu écraser les tympans médiatiques avant que les électeurs n'aient le temps de réfléchir ou de se renseigner vraiment ...
