Nous vous avions déjà parlé de l’étrange malédiction qui, depuis que la ville a acquis ce bâtiment, frappe un chantier sans cesse différé (voir ici). S’agissant de travaux au coût pharaonique, il fallait s’attendre à un tel sortilège.
A défaut de bien conduire le projet, la majorité municipale avait consciencieusement préparé son parterre. Un groupe d’individus ne posant aucune question mais contestant bruyamment toutes les critiques adressées à la mairie était solidement installé au centre de la salle dite des mariages. Ces méthodes fleurant bon la république bananière n’étaient pas inutiles car l’association « Action Barbès », très active dans le secteur, a pris la tête d’un combat contre le projet de « réhabilitation ». Cette association doit d’ailleurs faire très peur à Christophe Girard. Ce dernier l’a en effet rebaptisée « Action directe » en ouvrant son propos ! Inutile de préciser que ce fut l’hilarité générale. Merci Christophe pour ce bon moment …
En tout cas, Action Barbès a récemment reçu le soutien d’un « sage » : l’historien de l’architecture François Loyer, ancien président de la Commission du Vieux Paris et, à ce titre, garant moral de la protection du patrimoine parisien. Notons que cette Commission avait émis en 2005 un vœu défavorable à cette opération, vœu sur lequel Delanoë et assimilés se sont assis.
Sur le fond, le projet de restructuration du Louxor présente deux défauts majeurs qui devraient conduire à sa complète révision. Si toutefois Paris était géré avec un minimum de sens commun…
D’abord, seules les décorations extérieures du Louxor seront préservées. La mairie argue qu’elles sont, pour l’heure, les seules inscrites à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques. Mais, ce faisant, elle fait mine d’ignorer un fait nouveau. L’audit du bâtiment, conduit depuis son rachat, a montré que l’intérieur est plus intéressant que l’extérieur. Les décors, les stucs de faux marbre, les balcons, le plafond avec partition à caissons, la fosse d’orchestre, le rideau de scène et le cadre de scène d’origine, les claustra, la cage destinée au souffleur, etc …. Il s’agit en fait du dernier cinéma muet parisien et d’une rareté planétaire.
Or, le projet municipal de création d’un multiplexe aboutira à la destruction complète de tous ces éléments. Une sorte de coque destinée à l’isolation acoustique (principe dit de « la boîte dans la boîte ») sera en effet édifiée et elle impose un véritable curetage du bâtiment. Pour se donner bonne conscience, la ville prévoit de « réinterpréter » une partie de la décoration sur les murs de cette enveloppe. Bref, un pastiche, un spectre de l’ancien Louxor. Puisqu’on se réfère ici à l’antiquité nilotique, cette démarche fait un peu penser au portrait du défunt que les Egyptiens de la période ptolémaïque peignaient sur leurs sarcophages. Scabreux…
Et tout cela pour quelle raison ? Parce qu’il a été décidé de faire un cinéma à trois salles et donc de se plier aux normes draconiennes qui s’appliquent à ce type d’usage.
Nous avions déjà dit que l’utilité d’un cinéma dédié aux films du « Sud » était douteuse au regard de l’importance de la production cinématographique de ces pays. Paris, qui dispose déjà du plus grand nombre de cinémas d’une ville occidentale, pourrait à bien moindre frais subventionner un festival annuel dans une salle existante.
C’est la raison pour laquelle l’envoyé spécial du Delanopolis a posé la question qui fâche : quel plafond de dépenses, en investissement et en fonctionnement, la ville s’est-elle fixée dans cette opération ? Rappelons que nous flirtons déjà avec les trente millions d’euros annoncés …
Et là : mutisme total des intervenants, élus ou architectes mandatés par la ville ! La raison en est simple : le chantier comporte encore de nombreuses incertitudes, notamment sur la réfection complète des fondations, et les risques de dérive des coûts sont évidents. Bref, on peut faire le pari que le Louxor « delanoisé » ce seront de trente à cinquante millions d’euros d’investissement pour une programmation hasardeuse. Et pour un coût de fonctionnement imprévisible. Il faut de temps en temps faire preuve de courage politique et oser dire la vérité aux Parisiens : leur ville, dans la situation financière où l’a conduite Delanoë, ne peut plus raisonnablement se permettre un tel luxe.
Que faire donc, si l’on veut bien admettre que la destruction du bâtiment n’est pas une option ? De deux choses l’une. Soit la ville n’entend, comme c’est déjà le cas, que protéger l’enveloppe extérieure. Il suffit alors de veiller à sa conservation en laissant un promoteur privé faire son affaire de son usage intérieur. Ce serait sans doute la bonne solution, la plus censée par les temps qui courent car elle ne coûterait rien au contribuable.
Soit la ville décide de se saigner aux quatre veines et de préserver la structure intérieure du bâtiment, allant jusqu’au bout d’une logique de défense du patrimoine. Mais il faut au moins renoncer à l’idée d’un multiplexe et trouver une programmation qui ne nécessite pas une telle mise aux normes d’isolation acoustique. De plus, le fait de vouloir créer deux salles en sous-sol oblige à une reprise ruineuse des fondations. Y renoncer devrait être aussi une évidence. Rappelons qu’à l’origine du Louxor, les films étaient muets et qu’un simple usage théâtral dans la grande salle actuelle serait possible à moindre coût.
Hélas, la cohérence et la raison ne sont pas de mise à l’Hôtel de ville. Tout ceci risque donc de grossir le montant d’une dette en hausse vertigineuse et de plomber pour longtemps les crédits de fonctionnement de l’action culturelle parisienne, rejoignant le « 104 » ou la Gaîté-Lyrique, dans la liste des aberrations municipales. « Le maire l’a décidé » : tel est l’ultima ratio de ce projet. Voilà ce qui arrive quand le décideur agit en autocrate et qu’il se contente en même temps de survoler les dossiers.
A défaut de bien conduire le projet, la majorité municipale avait consciencieusement préparé son parterre. Un groupe d’individus ne posant aucune question mais contestant bruyamment toutes les critiques adressées à la mairie était solidement installé au centre de la salle dite des mariages. Ces méthodes fleurant bon la république bananière n’étaient pas inutiles car l’association « Action Barbès », très active dans le secteur, a pris la tête d’un combat contre le projet de « réhabilitation ». Cette association doit d’ailleurs faire très peur à Christophe Girard. Ce dernier l’a en effet rebaptisée « Action directe » en ouvrant son propos ! Inutile de préciser que ce fut l’hilarité générale. Merci Christophe pour ce bon moment …
En tout cas, Action Barbès a récemment reçu le soutien d’un « sage » : l’historien de l’architecture François Loyer, ancien président de la Commission du Vieux Paris et, à ce titre, garant moral de la protection du patrimoine parisien. Notons que cette Commission avait émis en 2005 un vœu défavorable à cette opération, vœu sur lequel Delanoë et assimilés se sont assis.
Sur le fond, le projet de restructuration du Louxor présente deux défauts majeurs qui devraient conduire à sa complète révision. Si toutefois Paris était géré avec un minimum de sens commun…
D’abord, seules les décorations extérieures du Louxor seront préservées. La mairie argue qu’elles sont, pour l’heure, les seules inscrites à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques. Mais, ce faisant, elle fait mine d’ignorer un fait nouveau. L’audit du bâtiment, conduit depuis son rachat, a montré que l’intérieur est plus intéressant que l’extérieur. Les décors, les stucs de faux marbre, les balcons, le plafond avec partition à caissons, la fosse d’orchestre, le rideau de scène et le cadre de scène d’origine, les claustra, la cage destinée au souffleur, etc …. Il s’agit en fait du dernier cinéma muet parisien et d’une rareté planétaire.
Or, le projet municipal de création d’un multiplexe aboutira à la destruction complète de tous ces éléments. Une sorte de coque destinée à l’isolation acoustique (principe dit de « la boîte dans la boîte ») sera en effet édifiée et elle impose un véritable curetage du bâtiment. Pour se donner bonne conscience, la ville prévoit de « réinterpréter » une partie de la décoration sur les murs de cette enveloppe. Bref, un pastiche, un spectre de l’ancien Louxor. Puisqu’on se réfère ici à l’antiquité nilotique, cette démarche fait un peu penser au portrait du défunt que les Egyptiens de la période ptolémaïque peignaient sur leurs sarcophages. Scabreux…
Et tout cela pour quelle raison ? Parce qu’il a été décidé de faire un cinéma à trois salles et donc de se plier aux normes draconiennes qui s’appliquent à ce type d’usage.
Nous avions déjà dit que l’utilité d’un cinéma dédié aux films du « Sud » était douteuse au regard de l’importance de la production cinématographique de ces pays. Paris, qui dispose déjà du plus grand nombre de cinémas d’une ville occidentale, pourrait à bien moindre frais subventionner un festival annuel dans une salle existante.
C’est la raison pour laquelle l’envoyé spécial du Delanopolis a posé la question qui fâche : quel plafond de dépenses, en investissement et en fonctionnement, la ville s’est-elle fixée dans cette opération ? Rappelons que nous flirtons déjà avec les trente millions d’euros annoncés …
Et là : mutisme total des intervenants, élus ou architectes mandatés par la ville ! La raison en est simple : le chantier comporte encore de nombreuses incertitudes, notamment sur la réfection complète des fondations, et les risques de dérive des coûts sont évidents. Bref, on peut faire le pari que le Louxor « delanoisé » ce seront de trente à cinquante millions d’euros d’investissement pour une programmation hasardeuse. Et pour un coût de fonctionnement imprévisible. Il faut de temps en temps faire preuve de courage politique et oser dire la vérité aux Parisiens : leur ville, dans la situation financière où l’a conduite Delanoë, ne peut plus raisonnablement se permettre un tel luxe.
Que faire donc, si l’on veut bien admettre que la destruction du bâtiment n’est pas une option ? De deux choses l’une. Soit la ville n’entend, comme c’est déjà le cas, que protéger l’enveloppe extérieure. Il suffit alors de veiller à sa conservation en laissant un promoteur privé faire son affaire de son usage intérieur. Ce serait sans doute la bonne solution, la plus censée par les temps qui courent car elle ne coûterait rien au contribuable.
Soit la ville décide de se saigner aux quatre veines et de préserver la structure intérieure du bâtiment, allant jusqu’au bout d’une logique de défense du patrimoine. Mais il faut au moins renoncer à l’idée d’un multiplexe et trouver une programmation qui ne nécessite pas une telle mise aux normes d’isolation acoustique. De plus, le fait de vouloir créer deux salles en sous-sol oblige à une reprise ruineuse des fondations. Y renoncer devrait être aussi une évidence. Rappelons qu’à l’origine du Louxor, les films étaient muets et qu’un simple usage théâtral dans la grande salle actuelle serait possible à moindre coût.
Hélas, la cohérence et la raison ne sont pas de mise à l’Hôtel de ville. Tout ceci risque donc de grossir le montant d’une dette en hausse vertigineuse et de plomber pour longtemps les crédits de fonctionnement de l’action culturelle parisienne, rejoignant le « 104 » ou la Gaîté-Lyrique, dans la liste des aberrations municipales. « Le maire l’a décidé » : tel est l’ultima ratio de ce projet. Voilà ce qui arrive quand le décideur agit en autocrate et qu’il se contente en même temps de survoler les dossiers.