1 - Faux Guépard
Ils ont beau faire mine de dédaigner les sondages, la fièvre commence à monter chez les dignitaires socialistes, frontistes et républicains à propos de Macron.
Depuis le fameux roman du prince de Lampedusa, nul n’ignore en effet qu’en politique : « Il faut que tout change pour que rien ne change » ; bref que le discours prétendument révolutionnaire, l’invocation du Grand soir, sont les meilleurs instruments des oligarchies pour se perpétuer en faisant croire au peuple que son destin va prendre un nouveau cours.
Macron est la parfaite illustration de ce principe. Il se gargarise des mots de progressisme, de changement ou de révolution comme s’il s’agissait d’un bain de bouche. Et cela semble mordre, on évoque même sa possible élection à la présidence de la République dans un deuxième tour face à François Fillon.
Bien sûr Macron n’est que le nouvel homme-sandwich de la caste qui plombe la France depuis quarante ans. Il n’entend s’attaquer à aucun des trois maux qui nous minent : le corporatisme - notamment celui des grands corps de l’Etat -, l’islam réactionnaire et la captation de notre souveraineté par une technostructure européenne qui nous tient par la dette. Rejeton de l’Inspection des finances, il en a les réflexes nobiliaires. Capitulard face aux islamistes, il ne veut surtout pas s’en prendre à la prolifération des accoutrements bigots, symbole de leur avancée dans l’espace public. Pro-européen bêlant, il n’envisage que de renforcer les pouvoirs de ces institutions hors-sol. Là où François Hollande s’accommodait cyniquement de ces forces, Macron s’en fait le serviteur zélé. Il faut l’entendre saluer la politique migratoire de Merkel pour comprendre où l’amènent ses vraies alliances.
Hormis la référence à des principes aussi généreux que vagues et un jeunisme de magazine, le projet de Macron se résume à des esquives ou des flatteries électoralistes. Prenons l’exemple de ce qu’il présente, gauchisant soudain son discours, comme sa défense de la politique de santé, menacée par une droite croquemitaine. Macron, qui se prétend soucieux de contenir les dépenses publiques, n’y va pas de main morte : remboursement intégral des soins et appareillages dentaires, auditifs et opticiens d’ici 2022, prise en charge du traitement de la tension artérielle, création d’un service sanitaire où tous les étudiants dans le domaine médical officieraient au moins trois mois en province, doublement du nombre des maisons de santé en cinq ans, etc. Face à ces très lourdes dépenses, la seule économie envisagée est la vente au détail des médicaments, une goutte d’eau difficile à extraire de la fiole des laboratoires. Bref, une démagogie tout à fait ordinaire.
Reste que la très grande majorité des organes de presse commentent le moindre de ses déplacements avec bienveillance. Reste aussi que, dans le naufrage du PS, l’hypothèse que son radeau puisse recueillir les désespérés du socialisme prend corps peu à peu.
Alors, faut-il craindre le grand méchant Macron ? Va-t-il réussir un hold-up politique façon Trump, transformer le trou de souris en boulevard ? Devrais-je fourbir des machroniques du Pot-aux-Roses pour les cinq ans à venir ? Ce serait horrible et mes lecteurs en auraient assez ...
Hé bien rassurez-vous, tout cela se terminera très probablement par l’atomisation de la gauche sans que les dégâts de la bombinette Macron ne touchent les autres partis. Pourquoi ?
S’emparer du pouvoir en construisant une candidature hors-système nécessite que le discours tenu soit réellement celui d’une rupture radicale, à la manière de Trump justement ou naguère de Fujimori au Pérou. Macron ne pourrait trouver, dans la durée, le carburant pour son moteur politique que s’il tenait des propos tranchants, en dissidence frontale avec le système aujourd’hui dominant. Il faudrait par exemple qu’il explique aux Français qu’il va interdire la charia, sortir de l’euro, supprimer le statut de la fonction publique, tirer les élus au sort ou, au contraire, proposer la fusion de la France et de l’Allemagne, ouvrir les frontières à toutes les migrations ou interdire à l’Etat de subventionner la presse ou le monde culturel en privatisant France Télévisions.
Scandales, controverses, éructations ... et peut-être victoire au bout d’un parcours chaotique accompagneraient ces annonces. Bien sûr Macron ne le fera pas car n’importe laquelle de ces mesures effraierait ses électeurs potentiels. Son succès sondagier tient à son ambiguïté, il parle de réforme sans rien dire de gênant pour quiconque. Malgré quelques meetings à l’audience en réalité peu significative, il plait surtout, dans les études d’opinion, à ceux qui ne se mobilisent pas, que les élections ennuient. Le grand écart, même dans un habit de danseur, ne permet que l’immobilité. L’attrape-tout ne retient rien. Il finira donc par prendre des coups sans pouvoir répliquer. Et, s’il le fait, son image de gentil garçon sera immédiatement altérée.
Bref, que la droite se rassure, ce n’est pas Macron qui la mettra vraiment en danger. Pour le PS en revanche, c’est une autre histoire ...
2 – Peillon
Le grand problème des socialistes, c’est décidément qu’ils ne peuvent plus tenir un discours laïc avec fermeté sans craindre de s’aliéner leur électorat musulman ainsi que tous les dhimmis de la pensée. On pourrait appeler cela la plénélisation des esprits. On l’a vu récemment avec les reptations de Valls face à une salafiste de luxe sur le plateau de France 2.
Le comble de la vilénie aura été atteint par Peillon qui n’a pas craint de comparer le sort des musulmans dans la France d’aujourd’hui et celui des Juifs sous Vichy. Que les premiers arborent volontairement des signes distinctifs les séparant du reste de la population alors que les autres se les voyaient imposer ; qu’au nom d’Allah des centaines de personnes ont été tuées en France depuis deux ans alors que celui de Yahvé n’était prononcé pour aucun holocauste ; que via la politique de la ville, les subventions associatives, les allocations familiales et les primes au logement, les musulmans soient gorgés d’aides en tout genre alors que les Juifs n’avaient droit qu’à des traques et des coups de matraques ne semble pas tourmenter Peillon lorsqu’il échafaude ses comparaisons douteuses.
Le drame d’aujourd’hui est bel et bien que le souvenir des années terribles de la Deuxième guerre mondiale empêche nombre de gens de voir que le totalitarisme et la barbarie ont changé de camp ; que les soi-disant damnés de la terre grossissent chaque jour un peu plus les rangs d’une population qui adhère à un mode de vie qui fait fi de la liberté de conscience et de mœurs.
Bref, Peillon marche sur la tête, tout comme les autres socialistes. Ce n’est pas une façon très efficace pour avancer et cela augure pas mal de grosses migraines …