L’élection municipale de Noisy-le-Grand, au terme de laquelle le PS a perdu une mainmise de vingt ans sur cette ville de l’ex banlieue rouge vif considérée il y a peu comme imprenable par la droite, montre que le jeu trouble avec le Front national ou le Front de Gauche est de plus en plus dangereux pour les socialistes. A l’issue du premier tour, le Front national n’a pu se maintenir, à quelques dizaines de voix près, alors que le Front de gauche s’est qualifié et a ainsi assuré, en maintenant sa liste, la défaite du PS. Le maire sortant s’en est pris au parti de Mélenchon et, dans des éructations bien peu républicaines, a prédit chaos et « balkanisation » pour sa ville.
Cette situation est très inquiétante pour François Hollande et l’appareil qui le soutient. Une déroute socialiste aux Régionales pourrait en l’état actuel des forces politiques aller jusqu’à la perte de la quasi-totalité de ces collectivités et de leurs nombreux emplois et prébendes.
Elle ne peut être évitée que par la multiplication de triangulaires où le Front national empêcherait la droite classique de l’emporter au second tour.
Pour cela, trois conditions doivent être réunies :
1) le Front national ne doit pas être en tête au second tour, sinon c’est lui qui remporte l’élection comme les premiers sondages le montrent pour le Nord-Pas-de-Calais-Picardie ;
2) Le Front national doit pourtant pouvoir se maintenir en dépassant les 10 % et réunir suffisamment de suffrages afin de faire échouer la droite ;
3) Enfin, le Front de Gauche/EELV ne doit pas pouvoir se maintenir ou bien il doit accepter de fusionner avec les socialistes faute de quoi l’effet des deux premiers facteurs est annulé en tout ou partie par le troisième.
Cela commence à faire beaucoup de conditions ! D’où la sourde inquiétude qui monte de Noisy-le-Grand. Il faut avoir à l’esprit en effet qu’une débâcle aux Régionales aurait des conséquences bien plus graves pour Hollande et le gouvernement que ce qu’on lit souvent.
Immédiatement, Montebourg et d’autres dissidents PS réclameront des Primaires en arguant du fait qu’Hollande mène la gauche au désastre en 2017. Si Hollande refuse, au mépris des statuts du parti, ce sera la voie ouverte à la multiplication des candidatures dissidentes. Cette situation cèlerait de manière quasi certaine son échec. Il n’est même pas sûr qu’Hollande obtiendrait la troisième ou la quatrième place.
De plus, la majorité des députés PS a beau être tétanisée par les perspectives de défaite, les choses peuvent rapidement évoluer à partir de janvier 2016 si ces députés « de base » sont convaincus qu’ils n’ont plus aucune chance de s’en sortir en restant fidèles à Hollande.
Dans une étude d’octobre 2014 (lire ICI), j’ai calculé qu’un élu socialiste cynique aura financièrement intérêt à censurer le gouvernement s’il espère, en «tombant à gauche», augmenter ses chances de réélection en cas de législatives anticipées. Février 2016 est le moment précis où les pertes de gains liées à la fin anticipée de son mandat égalent les perspectives de revenus accrus dus à une augmentation de la probabilité d’être réélu.
Ces considérations sont peut-être un peu théoriques mais elles expliquent parfaitement deux informations récentes en provenance du PS et du gouvernement.
D’abord, la rumeur non démentie que Michel Sapin briguerait un fauteuil au Conseil constitutionnel. Après la désertion de Rebsamen, ce serait le signe indubitable que les rats ministériels quittent le navire gouvernemental, y compris les plus proches du chef et les mieux informés sur la gravité de la situation.
Ensuite, la proposition farfelue de Cambadélis d’organiser un « referendum » de gauche au sujet de listes d’union aux régionales. Un exercice de ce type, sans aucune méthode ni garantie de sincérité, est un piège tellement grossier que les autres partis n’y tomberont évidemment pas. Ils l’ont déjà décliné en des termes ironiques. Tout au plus s’agit-il pour Cambadélis de démontrer que ce sont des mauvais coucheurs à l’attention d’un hypothétique électorat encore en quête d’unité.
Mais, précisément, une large partie de ces électeurs est tellement déçue du PS qu’elle ne veut en aucun cas que les mouvements dont elle se sent proche se rabibochent au dernier moment avec lui. On le constate dans les guerres picrocholines qui agitent les écologistes. Une majorité des militants ne veut plus entendre parler d’une alliance avec les socialistes. Seuls des apparatchiks enkystés plaident la cause de cette union et ils sont désormais obligés de le faire dans un mouvement aussi dissident qu’inaudible.
Bref, une odeur de sapin - sans majuscule - commence à embaumer - sans référence à l’antiquité égyptienne - l’air gouvernemental.
Seul espoir pour Hollande : que les Républicains se déchirent à l’occasion de leurs propres Primaires, présentent plusieurs candidats et qu’un face-à-face avec Marine Le Pen le sauve in extremis. Mais, outre que son niveau d’impopularité ne lui garantit même plus une victoire dans ce cas de figure, d’autres que lui, parmi les socialistes, peuvent prétendre tirer plus efficacement parti de ce « scénario du pire ».
Cette situation est très inquiétante pour François Hollande et l’appareil qui le soutient. Une déroute socialiste aux Régionales pourrait en l’état actuel des forces politiques aller jusqu’à la perte de la quasi-totalité de ces collectivités et de leurs nombreux emplois et prébendes.
Elle ne peut être évitée que par la multiplication de triangulaires où le Front national empêcherait la droite classique de l’emporter au second tour.
Pour cela, trois conditions doivent être réunies :
1) le Front national ne doit pas être en tête au second tour, sinon c’est lui qui remporte l’élection comme les premiers sondages le montrent pour le Nord-Pas-de-Calais-Picardie ;
2) Le Front national doit pourtant pouvoir se maintenir en dépassant les 10 % et réunir suffisamment de suffrages afin de faire échouer la droite ;
3) Enfin, le Front de Gauche/EELV ne doit pas pouvoir se maintenir ou bien il doit accepter de fusionner avec les socialistes faute de quoi l’effet des deux premiers facteurs est annulé en tout ou partie par le troisième.
Cela commence à faire beaucoup de conditions ! D’où la sourde inquiétude qui monte de Noisy-le-Grand. Il faut avoir à l’esprit en effet qu’une débâcle aux Régionales aurait des conséquences bien plus graves pour Hollande et le gouvernement que ce qu’on lit souvent.
Immédiatement, Montebourg et d’autres dissidents PS réclameront des Primaires en arguant du fait qu’Hollande mène la gauche au désastre en 2017. Si Hollande refuse, au mépris des statuts du parti, ce sera la voie ouverte à la multiplication des candidatures dissidentes. Cette situation cèlerait de manière quasi certaine son échec. Il n’est même pas sûr qu’Hollande obtiendrait la troisième ou la quatrième place.
De plus, la majorité des députés PS a beau être tétanisée par les perspectives de défaite, les choses peuvent rapidement évoluer à partir de janvier 2016 si ces députés « de base » sont convaincus qu’ils n’ont plus aucune chance de s’en sortir en restant fidèles à Hollande.
Dans une étude d’octobre 2014 (lire ICI), j’ai calculé qu’un élu socialiste cynique aura financièrement intérêt à censurer le gouvernement s’il espère, en «tombant à gauche», augmenter ses chances de réélection en cas de législatives anticipées. Février 2016 est le moment précis où les pertes de gains liées à la fin anticipée de son mandat égalent les perspectives de revenus accrus dus à une augmentation de la probabilité d’être réélu.
Ces considérations sont peut-être un peu théoriques mais elles expliquent parfaitement deux informations récentes en provenance du PS et du gouvernement.
D’abord, la rumeur non démentie que Michel Sapin briguerait un fauteuil au Conseil constitutionnel. Après la désertion de Rebsamen, ce serait le signe indubitable que les rats ministériels quittent le navire gouvernemental, y compris les plus proches du chef et les mieux informés sur la gravité de la situation.
Ensuite, la proposition farfelue de Cambadélis d’organiser un « referendum » de gauche au sujet de listes d’union aux régionales. Un exercice de ce type, sans aucune méthode ni garantie de sincérité, est un piège tellement grossier que les autres partis n’y tomberont évidemment pas. Ils l’ont déjà décliné en des termes ironiques. Tout au plus s’agit-il pour Cambadélis de démontrer que ce sont des mauvais coucheurs à l’attention d’un hypothétique électorat encore en quête d’unité.
Mais, précisément, une large partie de ces électeurs est tellement déçue du PS qu’elle ne veut en aucun cas que les mouvements dont elle se sent proche se rabibochent au dernier moment avec lui. On le constate dans les guerres picrocholines qui agitent les écologistes. Une majorité des militants ne veut plus entendre parler d’une alliance avec les socialistes. Seuls des apparatchiks enkystés plaident la cause de cette union et ils sont désormais obligés de le faire dans un mouvement aussi dissident qu’inaudible.
Bref, une odeur de sapin - sans majuscule - commence à embaumer - sans référence à l’antiquité égyptienne - l’air gouvernemental.
Seul espoir pour Hollande : que les Républicains se déchirent à l’occasion de leurs propres Primaires, présentent plusieurs candidats et qu’un face-à-face avec Marine Le Pen le sauve in extremis. Mais, outre que son niveau d’impopularité ne lui garantit même plus une victoire dans ce cas de figure, d’autres que lui, parmi les socialistes, peuvent prétendre tirer plus efficacement parti de ce « scénario du pire ».