Pour la galerie !
Indignation d’un parisien sur la dangereuse politique anti-pollution du Maire de Paris, suivi d’une anecdote pour plaire à Manuel Valls.
Par Pierre Farge, avocat au barreau de Paris.
Paralyser Paris, voilà le mantra d’Anne Hidalgo.
Sur fond de crise migratoire européenne, de conflit en Syrie, d’insurrection au Venezuela et d’attentats à Barcelona, la Maire de Paris fait de la lutte contre la voiture le marqueur de son mandat. Chacun son cheval de bataille à essence.
Ce n’est ni une passion dévorante pour Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France tirant à boulets rouge sur la politique de la Ville de Paris, ni un anti-écologisme primaire craignant les discours catastrophiles, qui sont à l’origine de mon indignation.
C’est plutôt la façon dont on essaie de nous faire avaler, soit disant pour mieux respirer, une politique triplant nos temps de trajet matin et soir.
Et je ne vous parle pas de rapports d’experts plus ou moins indépendants mandatés par la Ville. Je vous parle, en parisien, de ce qu’est devenu Paris tous les jours travaillés de 8h à 10h et de 18h à 21h. Je vous parle de ce que je subis au quotidien dans 45 minutes d’embouteillages pour faire moins de 5 kilomètres au minimum deux fois par jours.
Je vous parle de la majorité silencieuse et fataliste des millions d’automobilistes neutralisés parce qu’une administration a décidé que nous devions prendre le métro ou le vélo, et qui pour une raison ou pour une autre, ne peuvent envisager ni l’un ni l’autre.
Un moyen d’exercer son efficacité ? Un désir de gouverner ? Une manière d’exister ?
Je ne crois pas.
Faut-il en effet rappeler qu’à peine 10% des déplacements à Paris s’effectuent en voiture ? Faut-il rappeler que l’engorgement pour décourager ce peu de trafic est dangereux, pour le manque à gagner qu’il fait perdre à l’économie parisienne et pour la santé. Oui, pour la santé. D’abord la diminution de la pollution depuis le début de cette politique n’est pas prouvée, ensuite parce que l’autre matin c’est bien sous mes yeux qu’une ambulance hurlante se paralysait de longues minutes avec des infirmiers s’agitant à l’intérieur sur un malade, manifestement mal en point, incapable d’avancer d’un mètre malgré la bonne volonté des automobilistes pour ouvrir la voie. Faut-il rappeler qu’une minute de perdue, c’est 10% de chance de survie en moins ?
C’est cela une politique anti-voiture pour améliorer la qualité de vie des usagers ?
Manuel Valls dénonçait justement voilà quelques mois je crois « l’hérésie » de la politique des transports de la capitale depuis qu’il n’est plus sous escorte ministérielle. Et Anne Hidalgo de répondre : « Prends le métro Manuel ! ».
Je ne sais pas si c’est plus l’arrogance ou l’ignorance qui motivait le propos, en tout cas un événement providentiel est venu à notre secours avec Manuel.
D’une vérité d’évangile, l’anecdote serait passée inaperçue dans la foule de touristes de la rentrée, si après une audience au Palais de justice, je n’avais pas décidé de marcher un peu avant de héler un taxi rue de Rivoli.
Je marche donc, de l’île Saint Louis au pont d’Arcole, en fier étendard du parisien à pieds, minuscule symbole de cette France que tout le monde veut En Marche.
Traversant le quai pour rejoindre le parvis de l’Hôtel de Ville, quelle n’est pas ma stupéfaction de voir arriver du quai de la Mégisserie, comme dans un film de Luc Besson, une berline précédée de motards à gyrophares (souvenez-vous que la rhétorique écologiste veut éviter les nuisances).
Et là, comment dire ?
C’est une scène que seuls les grands événements vous font vivre au ralenti.
Notre Anne capitale, de noir vêtue, solaire, dans le vent de septembre (cet élément si cher aux écologistes), sortir d’une voiture de fonction (on ne lui a pas ouvert la porte, je dois avouer).
Notre Anne capitale incapable de respecter elle-même les mesures qu’elle dispense à tout Paris.
Notre Anne capitale en bon exemple de ce que la politique produit de meilleur ; digne, accessible, et cohérente, autant que mon voisin pliant son vélo pour le mettre dans son diesel le dimanche.
Sans être spécialiste du problème écologiste, c’est donc décidé : je prendrai le métro avec Manuel le jour où Anne n’aura vraiment plus de voiture de fonction, de chauffeur et d’escorte. Autrement dit, quand elle cessera de nous seriner avec ses sirènes et ses rengaines de Crit’Air.
En attendant dans mes embouteillages, et les 45 minutes pour relier mes quatre petits kilomètres jusqu’à mon cabinet, j’y repense… je n’ai pas vérifié si la plaque d’immatriculation de la berline était paire ou impaire pour le prochain pic de pollution.
Je parie que la Ville aura prévu le coup de la circulation alternée en mettant à disposition deux voitures. On ne s’improvise pas.
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