L’automobile est comme chacun sait la bienvenue à Paris. Dans la droite ligne de sa politique anti-voiture et de la stigmatisation de ceux qui vivent, par choix ou par faute de choix, en dehors des codes de la bien-pensance dictés par des gens très bien, la municipalité parisienne nous offre un nouveau moment de consternation.
Après avoir réécrit l’Histoire avec la fumeuse journée sans voiture, après avoir triplé le coût du stationnement résidentiel, détourné le sens des mots, affiché sa volonté d’interdire les Champs Elysées ainsi que d’autres lieux à la circulation automobile, que peut bien inventer l’équipe municipale parisienne ?
Figurez-vous que dans l’imagination débordante de la mairie de Paris, on a trouvé une nouvelle mesure démagogique qui mêle privation de liberté et aspect antisocial. 2 en 1, comme un bon shampooing. Mais ici, on espère même laver les cerveaux. Anne Hidalgo, maire de Paris depuis 2014 et retraitée depuis 2011 [lui président n’était-il pas opposé au cumul ?], présente ainsi une nouvelle mesure prise unilatéralement visant à diminuer la pollution atmosphérique à Paris. Si l’idée d’assainir l’air est louable, la proposition, elle, est au mieux grotesque.
En effet, à partir du 1er juillet de cette année, les voitures de plus de 20 ans (i.e. immatriculés avant le 1er janvier 1997) ne pourront plus librement circuler à Paris et seront soumises à une interdiction de rouler en journée. Cette décision est certes prise dans le cadre d’un plan antipollution, mais elle laisse rêveur : à cela, plusieurs raisons.
D’une part, les 20 ans sont choisis totalement arbitrairement : ce que la municipalité parisienne semble oublier, c’est qu’une voiture de février 1997 pollue autant qu’une voiture de novembre 1996. Pour quelle raison ? Les deux respectent la même norme antipollution, en l’occurrence la norme Euro 2. Celle-ci est entrée en vigueur au 01/01/1996 pour les nouveaux types de véhicules puis au 01/07/1996 pour tous types de véhicules. Il est donc nul et non avenu de croire qu’une voiture du second semestre 1996 polluerait plus qu’une autre de 1997. Ce mépris de la législation, de l’ingénierie et de la technique semble indiquer que la nouvelle mesure parisienne a été décidée sans avoir été réfléchie. Mais bon, la science, ça n’arrive qu’aux autres, laissons ces basses considérations aux classes laborieuses. Passons aux autres arguments.
Qui sont les utilisateurs de vieilles voitures ? On peut trouver des collectionneurs, profil même de gens bichonnant leur voiture, contrairement à d’autres, ou des personnes qui, faute de moyens, sont obligées de rouler dans une vieille voiture. 20 ans, ça peut paraître lointain, mais comptez le nombre de Clio I, 106, Punto I, AX, 405 ou autres Golf III que vous croisez dans les rues, et on peut se dire que ce n’est pas si anecdotique. Et à ces gens-là, on vient mettre des bâtons dans les roues. Faut dire que, depuis le temps, ils auraient dû comprendre que les classes populaires ne sont plus les bienvenues à Paris…
Quant au reste, on ne peut pas dire que la faible quantité de véhicules de collection soit la cause des Malheurs de Sophie… ou d’Anne. Non, on peut difficilement incriminer une si petite poignée de voitures pour la qualité de l’air parisien ; un air qui s’améliore, fort heureusement. Perçue comme une atteinte à la liberté, cette mesure parisienne fait d’ores et déjà réagir bon nombre de collectionneurs et de quidams sur Internet. Ainsi, un groupe Facebook a été créé à cet effet : « Les Bannies du 1er Juillet », tandis qu’une pétition, Free Wheels, accompagnée d’une lettre ouverte est en ligne sur Change.org. Quid des sociétés faisant visiter la ville aux touristes à bord de sympathiques 2CV ?
Suis-je en train d’uriner dans un instrument à cordes frottées en écrivant ces lignes ? Peut-être mais qu’importe, je n’ai jamais maîtrisé les accords : je jouais des bois et non du pipeau, laissant cela à la municipalité parisienne. On peut réellement se poser la question de la pertinence et de l’efficacité de la nouvelle mesure parisienne si ce n’est de faire du clientélisme et de caresser l’électorat d’Anne Hidalgo dans le sens du poil. Tant pis pour les autres : les braves gens n’aiment pas que l’on suive une autre route qu’eux, disait Brassens… Encore une fois, stigmatiser les gens, taper sur un groupe d’individus, opposer les uns aux autres n’a jamais été une méthode digne.
Mais à la mairie de Paris, on se donne les moyens qu’on peut. Automobilistes, classes populaires, banlieusards, collectionneurs, merci à vous de ne plus souiller le sol parisien : vous êtes priés de laisser les bien-pensants construire leur eugénisme social. Et n’ayez crainte, l’équipe d’Hidalgo n’est pas à court d’idées : les places de la Bastille et du Panthéon semblent promises à de curieux réaménagements de circulation. On analysera les propositions fraîchement définies sur le site de Paris.
Si la pollution aux particules est récurrente à Paris, elle n’est qu’un élément ponctuel, principalement causé par l’épandage agricole centre-européen (Allemagne, notamment), les rejets industriels (Nord de la France, par exemple) et le chauffage domestique. Ces trois éléments constituent près de 80% des particules fines en suspension dans l’air. Je vous laisse imaginer la part anecdotique que représentent les voitures de collection… quand elles ne sont pas au garage. A défaut d’action sérieuse, il faut croire que l’on aime les symboles à la Mairie de Paris.
Prochaine étape ? Rétablir l’octroi pour entrer dans Paris ? Et si on accélérait plutôt le renouvellement des anciens bus diesel ? Et si on proposait des solutions pour renforcer l’offre de transports publics de la ville ? Et si on proposait des plans de circulation visant à fluidifier le trafic ? Et si on augmentait les places de stationnement pour diminuer la congestion ? Cela fait beaucoup de Si dans ce Concerto en Lutte majeure contre le bon sens. Le petit orchestre de l’Hôtel de Ville joue tandis que le bateau capitale coule, mais ça ne lui pose pas de problème : à Paris depuis longtemps, on sait que c’est fluctuat nec mergitur et tant pis pour les autres. De la valse, Paris bat la mesure : enfin la mesure de trop ?
Lire aussi ICI.
Après avoir réécrit l’Histoire avec la fumeuse journée sans voiture, après avoir triplé le coût du stationnement résidentiel, détourné le sens des mots, affiché sa volonté d’interdire les Champs Elysées ainsi que d’autres lieux à la circulation automobile, que peut bien inventer l’équipe municipale parisienne ?
Figurez-vous que dans l’imagination débordante de la mairie de Paris, on a trouvé une nouvelle mesure démagogique qui mêle privation de liberté et aspect antisocial. 2 en 1, comme un bon shampooing. Mais ici, on espère même laver les cerveaux. Anne Hidalgo, maire de Paris depuis 2014 et retraitée depuis 2011 [lui président n’était-il pas opposé au cumul ?], présente ainsi une nouvelle mesure prise unilatéralement visant à diminuer la pollution atmosphérique à Paris. Si l’idée d’assainir l’air est louable, la proposition, elle, est au mieux grotesque.
En effet, à partir du 1er juillet de cette année, les voitures de plus de 20 ans (i.e. immatriculés avant le 1er janvier 1997) ne pourront plus librement circuler à Paris et seront soumises à une interdiction de rouler en journée. Cette décision est certes prise dans le cadre d’un plan antipollution, mais elle laisse rêveur : à cela, plusieurs raisons.
D’une part, les 20 ans sont choisis totalement arbitrairement : ce que la municipalité parisienne semble oublier, c’est qu’une voiture de février 1997 pollue autant qu’une voiture de novembre 1996. Pour quelle raison ? Les deux respectent la même norme antipollution, en l’occurrence la norme Euro 2. Celle-ci est entrée en vigueur au 01/01/1996 pour les nouveaux types de véhicules puis au 01/07/1996 pour tous types de véhicules. Il est donc nul et non avenu de croire qu’une voiture du second semestre 1996 polluerait plus qu’une autre de 1997. Ce mépris de la législation, de l’ingénierie et de la technique semble indiquer que la nouvelle mesure parisienne a été décidée sans avoir été réfléchie. Mais bon, la science, ça n’arrive qu’aux autres, laissons ces basses considérations aux classes laborieuses. Passons aux autres arguments.
Qui sont les utilisateurs de vieilles voitures ? On peut trouver des collectionneurs, profil même de gens bichonnant leur voiture, contrairement à d’autres, ou des personnes qui, faute de moyens, sont obligées de rouler dans une vieille voiture. 20 ans, ça peut paraître lointain, mais comptez le nombre de Clio I, 106, Punto I, AX, 405 ou autres Golf III que vous croisez dans les rues, et on peut se dire que ce n’est pas si anecdotique. Et à ces gens-là, on vient mettre des bâtons dans les roues. Faut dire que, depuis le temps, ils auraient dû comprendre que les classes populaires ne sont plus les bienvenues à Paris…
Quant au reste, on ne peut pas dire que la faible quantité de véhicules de collection soit la cause des Malheurs de Sophie… ou d’Anne. Non, on peut difficilement incriminer une si petite poignée de voitures pour la qualité de l’air parisien ; un air qui s’améliore, fort heureusement. Perçue comme une atteinte à la liberté, cette mesure parisienne fait d’ores et déjà réagir bon nombre de collectionneurs et de quidams sur Internet. Ainsi, un groupe Facebook a été créé à cet effet : « Les Bannies du 1er Juillet », tandis qu’une pétition, Free Wheels, accompagnée d’une lettre ouverte est en ligne sur Change.org. Quid des sociétés faisant visiter la ville aux touristes à bord de sympathiques 2CV ?
Suis-je en train d’uriner dans un instrument à cordes frottées en écrivant ces lignes ? Peut-être mais qu’importe, je n’ai jamais maîtrisé les accords : je jouais des bois et non du pipeau, laissant cela à la municipalité parisienne. On peut réellement se poser la question de la pertinence et de l’efficacité de la nouvelle mesure parisienne si ce n’est de faire du clientélisme et de caresser l’électorat d’Anne Hidalgo dans le sens du poil. Tant pis pour les autres : les braves gens n’aiment pas que l’on suive une autre route qu’eux, disait Brassens… Encore une fois, stigmatiser les gens, taper sur un groupe d’individus, opposer les uns aux autres n’a jamais été une méthode digne.
Mais à la mairie de Paris, on se donne les moyens qu’on peut. Automobilistes, classes populaires, banlieusards, collectionneurs, merci à vous de ne plus souiller le sol parisien : vous êtes priés de laisser les bien-pensants construire leur eugénisme social. Et n’ayez crainte, l’équipe d’Hidalgo n’est pas à court d’idées : les places de la Bastille et du Panthéon semblent promises à de curieux réaménagements de circulation. On analysera les propositions fraîchement définies sur le site de Paris.
Si la pollution aux particules est récurrente à Paris, elle n’est qu’un élément ponctuel, principalement causé par l’épandage agricole centre-européen (Allemagne, notamment), les rejets industriels (Nord de la France, par exemple) et le chauffage domestique. Ces trois éléments constituent près de 80% des particules fines en suspension dans l’air. Je vous laisse imaginer la part anecdotique que représentent les voitures de collection… quand elles ne sont pas au garage. A défaut d’action sérieuse, il faut croire que l’on aime les symboles à la Mairie de Paris.
Prochaine étape ? Rétablir l’octroi pour entrer dans Paris ? Et si on accélérait plutôt le renouvellement des anciens bus diesel ? Et si on proposait des solutions pour renforcer l’offre de transports publics de la ville ? Et si on proposait des plans de circulation visant à fluidifier le trafic ? Et si on augmentait les places de stationnement pour diminuer la congestion ? Cela fait beaucoup de Si dans ce Concerto en Lutte majeure contre le bon sens. Le petit orchestre de l’Hôtel de Ville joue tandis que le bateau capitale coule, mais ça ne lui pose pas de problème : à Paris depuis longtemps, on sait que c’est fluctuat nec mergitur et tant pis pour les autres. De la valse, Paris bat la mesure : enfin la mesure de trop ?
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