Le 14 avril, Roger Karoutchi, président du groupe majorité présidentielle au Conseil régional d’Ile-de-France convoquait une réunion des élus parisiens sur le thème du Grand Paris mais, que le contribuable francilien se rassure, il n’est pas question d’en faire un enjeu de la campagne des régionales de 2009.
Pour l’heure, le Grand Paris n’a pas encore donné lieu à une simplification du mille-feuille (commune, département, région, Etat) qui entrave le développement de l’agglomération parisienne mais au contraire à la création d’une couche décisionnelle supplémentaire, le secrétariat d’Etat chargé du Développement de la région capitale.
Car la question est bien de savoir si l’agglomération parisienne va se moderniser en « dégraissant » ses échelons, à l’image des grandes agglomérations européennes ou s’il s’agit une fois de plus de créer un « machin » qui ne fera que multiplier élus, fonctionnaires, chargés de missions et observatoires.
Le sénateur Dallier, maire des Pavillons-sous-Bois et auteur d’un passionnant rapport sur le sujet, propose courageusement de fusionner le département de Paris avec ceux de la petite couronne (92, 93 et 94). M. Karoutchi, tout en reconnaissant l’intérêt « intellectuel » de cette proposition l’écarte au motif que les départements concernés n’y sont pas favorables (voir la réaction de M. Karoutchi.
Singulière conception de la réforme, puisqu’il va sans dire que, de même que les militaires sont les derniers à demander la réduction de leurs effectifs, on ne serait attendre des conseils généraux qu’ils votent des mesures qui remettraient en question leur existence même.
Ce débat ne devrait-il pas être plutôt l’occasion de tester en grand la proposition de la commission Attali de supprimer les départements (Cf. la « décision 260 : faire disparaître en dix ans l’échelon départemental ») ?
Les départements ont été créés en 1790 non pas dans un esprit centralisateur mais pour servir de terreau à la renaissance des communes défendue par Turgot puis par Dupont de Nemours en rupture avec l’héritage des anciennes provinces. Napoléon a trahi cet esprit fondateur en créant un corps de préfets qui sont devenus les yeux et les bras du pouvoir central.
Ainsi M. Karoutchi devrait-il admettre que, depuis la création des régions, rien ne justifie le maintien non seulement de la préfectorale mais encore de ces assemblées redondantes que sont les conseils généraux qui s’entêtent à conserver leurs prérogatives.
Faisons un rêve. Imaginons que M. Delanoë ne soit plus à la tête d’un conseil général mais ne préside plus qu’un conseil municipal... son prestige en serait-il atteint ? Si Nicolas Sarkozy a mis une pierre dans le jardin de Jean-Paul Huchon en nommant Christian Blanc, son ancien collaborateur ― ce qui prouve bien que la campagne pour les régionales est lancée ― la balle est aussi dans le camp du maire de Paris dont la « conférence métropolitaine » n’est plus en mesure de relever le défi. Bertrand Delanoë n’entre quant à lui dans le débat du Grand Paris qu’à reculons, soucieux surtout que nul ne le prive de l’instrument qu’il s’est construit en vue de la conquête du pouvoir national.
Michel Leter
Michel Leter, docteur ès lettres, est professeur de français en Seine-Saint-Denis. Il a enseigné au Collège International de Philosophie, à Sciences Po et à l'université Paris 8
Pour l’heure, le Grand Paris n’a pas encore donné lieu à une simplification du mille-feuille (commune, département, région, Etat) qui entrave le développement de l’agglomération parisienne mais au contraire à la création d’une couche décisionnelle supplémentaire, le secrétariat d’Etat chargé du Développement de la région capitale.
Car la question est bien de savoir si l’agglomération parisienne va se moderniser en « dégraissant » ses échelons, à l’image des grandes agglomérations européennes ou s’il s’agit une fois de plus de créer un « machin » qui ne fera que multiplier élus, fonctionnaires, chargés de missions et observatoires.
Le sénateur Dallier, maire des Pavillons-sous-Bois et auteur d’un passionnant rapport sur le sujet, propose courageusement de fusionner le département de Paris avec ceux de la petite couronne (92, 93 et 94). M. Karoutchi, tout en reconnaissant l’intérêt « intellectuel » de cette proposition l’écarte au motif que les départements concernés n’y sont pas favorables (voir la réaction de M. Karoutchi.
Singulière conception de la réforme, puisqu’il va sans dire que, de même que les militaires sont les derniers à demander la réduction de leurs effectifs, on ne serait attendre des conseils généraux qu’ils votent des mesures qui remettraient en question leur existence même.
Ce débat ne devrait-il pas être plutôt l’occasion de tester en grand la proposition de la commission Attali de supprimer les départements (Cf. la « décision 260 : faire disparaître en dix ans l’échelon départemental ») ?
Les départements ont été créés en 1790 non pas dans un esprit centralisateur mais pour servir de terreau à la renaissance des communes défendue par Turgot puis par Dupont de Nemours en rupture avec l’héritage des anciennes provinces. Napoléon a trahi cet esprit fondateur en créant un corps de préfets qui sont devenus les yeux et les bras du pouvoir central.
Ainsi M. Karoutchi devrait-il admettre que, depuis la création des régions, rien ne justifie le maintien non seulement de la préfectorale mais encore de ces assemblées redondantes que sont les conseils généraux qui s’entêtent à conserver leurs prérogatives.
Faisons un rêve. Imaginons que M. Delanoë ne soit plus à la tête d’un conseil général mais ne préside plus qu’un conseil municipal... son prestige en serait-il atteint ? Si Nicolas Sarkozy a mis une pierre dans le jardin de Jean-Paul Huchon en nommant Christian Blanc, son ancien collaborateur ― ce qui prouve bien que la campagne pour les régionales est lancée ― la balle est aussi dans le camp du maire de Paris dont la « conférence métropolitaine » n’est plus en mesure de relever le défi. Bertrand Delanoë n’entre quant à lui dans le débat du Grand Paris qu’à reculons, soucieux surtout que nul ne le prive de l’instrument qu’il s’est construit en vue de la conquête du pouvoir national.
Michel Leter
Michel Leter, docteur ès lettres, est professeur de français en Seine-Saint-Denis. Il a enseigné au Collège International de Philosophie, à Sciences Po et à l'université Paris 8