Monsieur Delanoë, dont la modestie ostentatoire, la tolérance autoritaire et le pragmatisme dogmatique ne lui valent que des amis y compris dans sa propre majorité municipale, vient d’annoncer aux foules parisiennes, vibrantes par avance de bonheur, le lancement de l’appel d’offre « Autolib' » en 2011.
La joie des Parisiens à cette nouvelle s’explique aisément par le précédent de Vélib'. Tout le monde a encore en tête les envolées lyriques des thuriféraires municipaux sur « les nouveaux modes de transports urbains », « les déplacements citoyens», « la ville civilisée », « la Vélorution » etc. L’ennui c’est qu’on s’est vite aperçu d’un certain nombre de choses un peu dérangeantes, par exemple que Paris est une ville du nord, qu’il y fait froid l’hiver, qu’il y pleut en automne et au printemps.
On s’est également rendu compte que les très nombreuses collines et autres faux-plats parisiens ne sont pas constitués que de descentes mais aussi de montées, souvent les mêmes d'ailleurs mais …dans l’autre sens, qui l'eût cru ?
Un esprit chagrin pourrait donc penser qu’à chaque fois qu’un cycliste descend une pente, un autre doit pédaler pour l’escalader. Il s’agirait vraiment d’esprits chagrins alors qu’avec un Vélib' de 23 kilos la remontée des Champs-Elysées constitue déjà un petit exploit sportif. Il est sûr qu’arriver au travail après l’avoir accompli est en général diversement apprécié de l’employeur et des collègues mais bon, au plan de la santé, c’est un plus. Le lecteur remarquera que je ne fais pas d’ironie facile sur la pittoresque situation qui prévaut sur la Butte Montmartre et la montagne Sainte Geneviève.
Tout ceci explique un recul sensible de l’utilisation de Vélib' par les Parisiens. Si l’on ajoute à cela, la noria de réapprovisionnement des stations Vélib, le vol, le vandalisme qui atteignent des proportions pharaoniques, le cycliste parisien s’est vite rendu compte qu’il était aussi, directement ou indirectement, un contribuable local, ce qu’on avait oublié de lui préciser. Soyons claire, je ne suis pas opposée à Vélib dans la capitale et en périphérie, c’était une bonne idée qu’il fallait exploiter. Je pense seulement qu’il faut que les choses se fassent dans la clarté vis-à-vis des Parisiens et surtout que les choses se fassent de façon pragmatique en ayant la modestie de passer par une phase de test avant généralisation.
Je suis consciente que cette approche a l’inconvénient de limiter le strass et les paillettes dispersés à tous vents par le service de « Communication » de l’Hôtel de Ville, mais elle a le mérite de poser un dialogue adulte entre les citoyens et la municipalité à défaut d’éviter un certain nombre d’inconvénients inhérents au système.
Les mêmes causes produisant les mêmes effets, nous nous trouvons dans la même situation avec Autolib'. Il semble que ce projet soit conçu sur une large échelle et sur une bonne partie de la Région parisienne. L’idée en soi est très séduisante, mais son succès repose tout entier dans la mise en œuvre.
Si j’avais eu à m’occuper d’un tel dossier, avant de construire des stations Autolib' en surface, j’aurais commencé par installer des points de service avec mise en main et réception contradictoire sur un nombre limité de parkings souterrains.
J’aurais ensuite étendu l’expérience en surface en accroissant le maillage des stations au fur et à mesure de la constatation du succès de l’expérience. Tel que j’ai compris le projet qui nous a été présenté, il y a encore de lourdes incertitudes quant à sa gestion.
Il n’est tout d’abord pas du tout certain que le réseau EDF parisien puisse supporter aisément sans investissements lourds la puissance électrique nécessaire au rechargement des véhicules. Il faut être conscient également que l’on parle de voitures, donc de carrosserie, je suppose que nous serons dans de la coque plastique, teintée dans la masse.
Ce qui signifie qu’au moindre accident, à la moindre rayure, sans qu’on puisse en attribuer les coûts à leurs auteurs, il faudra procéder à des échanges standards de pièces en atelier. Seulement là nous ne serons pas en présence de vélos et toute personne ayant eu la joie de régler une facture de garage appréciera la masse financière dont nous parlons sur un parc de plusieurs milliers de véhicules.
Un autre problème, qui a mon avis réserve de douloureuses surprises aux Parisiens, concerne le rééquilibrage des véhicules en station. Même avec système de positionnement satellitaire, même avec programme de recherche opérationnelle prédictive, les flux seront d’une extrême difficulté à équilibrer.
La raison en est simple : si, pour Vélib, ce sont la température, les montées et les descentes qui régissent les flux, il y a gros à parier que ce sera la facilité de se garer aisément en fonction du lieu et de l’heure de dépôt de véhicule qui régira ceux d’Autolib. Il faudra rééquilibrer les véhicules entre les stations.
Encore une fois, on parle de voiture, un système de rééquilibrage en station veut dire camions ou jockeys, je laisse à chacun le soin de se faire sa petite idée des conséquences. Tout ceci n’est pas évitable : si on accepte le projet, on accepte les coûts induits, mais ce qui me gêne ce sont les tarifs que l’on prévoit pour les utilisateurs d’Autolib'.
Je crains qu’il ne s’agisse de prix d’appel pour amorcer le système pour s’apercevoir ensuite que le système n’est pas en équilibre financièrement. On sait ce qu’en pense monsieur Delanoë, mais que pense de tout ça monsieur Huchon ? Pour ma part je pense que des voitures électriques en libre service, pourquoi pas, mais des voitures électriques avec impôts d’échappement, j’hésite un peu…
La joie des Parisiens à cette nouvelle s’explique aisément par le précédent de Vélib'. Tout le monde a encore en tête les envolées lyriques des thuriféraires municipaux sur « les nouveaux modes de transports urbains », « les déplacements citoyens», « la ville civilisée », « la Vélorution » etc. L’ennui c’est qu’on s’est vite aperçu d’un certain nombre de choses un peu dérangeantes, par exemple que Paris est une ville du nord, qu’il y fait froid l’hiver, qu’il y pleut en automne et au printemps.
On s’est également rendu compte que les très nombreuses collines et autres faux-plats parisiens ne sont pas constitués que de descentes mais aussi de montées, souvent les mêmes d'ailleurs mais …dans l’autre sens, qui l'eût cru ?
Un esprit chagrin pourrait donc penser qu’à chaque fois qu’un cycliste descend une pente, un autre doit pédaler pour l’escalader. Il s’agirait vraiment d’esprits chagrins alors qu’avec un Vélib' de 23 kilos la remontée des Champs-Elysées constitue déjà un petit exploit sportif. Il est sûr qu’arriver au travail après l’avoir accompli est en général diversement apprécié de l’employeur et des collègues mais bon, au plan de la santé, c’est un plus. Le lecteur remarquera que je ne fais pas d’ironie facile sur la pittoresque situation qui prévaut sur la Butte Montmartre et la montagne Sainte Geneviève.
Tout ceci explique un recul sensible de l’utilisation de Vélib' par les Parisiens. Si l’on ajoute à cela, la noria de réapprovisionnement des stations Vélib, le vol, le vandalisme qui atteignent des proportions pharaoniques, le cycliste parisien s’est vite rendu compte qu’il était aussi, directement ou indirectement, un contribuable local, ce qu’on avait oublié de lui préciser. Soyons claire, je ne suis pas opposée à Vélib dans la capitale et en périphérie, c’était une bonne idée qu’il fallait exploiter. Je pense seulement qu’il faut que les choses se fassent dans la clarté vis-à-vis des Parisiens et surtout que les choses se fassent de façon pragmatique en ayant la modestie de passer par une phase de test avant généralisation.
Je suis consciente que cette approche a l’inconvénient de limiter le strass et les paillettes dispersés à tous vents par le service de « Communication » de l’Hôtel de Ville, mais elle a le mérite de poser un dialogue adulte entre les citoyens et la municipalité à défaut d’éviter un certain nombre d’inconvénients inhérents au système.
Les mêmes causes produisant les mêmes effets, nous nous trouvons dans la même situation avec Autolib'. Il semble que ce projet soit conçu sur une large échelle et sur une bonne partie de la Région parisienne. L’idée en soi est très séduisante, mais son succès repose tout entier dans la mise en œuvre.
Si j’avais eu à m’occuper d’un tel dossier, avant de construire des stations Autolib' en surface, j’aurais commencé par installer des points de service avec mise en main et réception contradictoire sur un nombre limité de parkings souterrains.
J’aurais ensuite étendu l’expérience en surface en accroissant le maillage des stations au fur et à mesure de la constatation du succès de l’expérience. Tel que j’ai compris le projet qui nous a été présenté, il y a encore de lourdes incertitudes quant à sa gestion.
Il n’est tout d’abord pas du tout certain que le réseau EDF parisien puisse supporter aisément sans investissements lourds la puissance électrique nécessaire au rechargement des véhicules. Il faut être conscient également que l’on parle de voitures, donc de carrosserie, je suppose que nous serons dans de la coque plastique, teintée dans la masse.
Ce qui signifie qu’au moindre accident, à la moindre rayure, sans qu’on puisse en attribuer les coûts à leurs auteurs, il faudra procéder à des échanges standards de pièces en atelier. Seulement là nous ne serons pas en présence de vélos et toute personne ayant eu la joie de régler une facture de garage appréciera la masse financière dont nous parlons sur un parc de plusieurs milliers de véhicules.
Un autre problème, qui a mon avis réserve de douloureuses surprises aux Parisiens, concerne le rééquilibrage des véhicules en station. Même avec système de positionnement satellitaire, même avec programme de recherche opérationnelle prédictive, les flux seront d’une extrême difficulté à équilibrer.
La raison en est simple : si, pour Vélib, ce sont la température, les montées et les descentes qui régissent les flux, il y a gros à parier que ce sera la facilité de se garer aisément en fonction du lieu et de l’heure de dépôt de véhicule qui régira ceux d’Autolib. Il faudra rééquilibrer les véhicules entre les stations.
Encore une fois, on parle de voiture, un système de rééquilibrage en station veut dire camions ou jockeys, je laisse à chacun le soin de se faire sa petite idée des conséquences. Tout ceci n’est pas évitable : si on accepte le projet, on accepte les coûts induits, mais ce qui me gêne ce sont les tarifs que l’on prévoit pour les utilisateurs d’Autolib'.
Je crains qu’il ne s’agisse de prix d’appel pour amorcer le système pour s’apercevoir ensuite que le système n’est pas en équilibre financièrement. On sait ce qu’en pense monsieur Delanoë, mais que pense de tout ça monsieur Huchon ? Pour ma part je pense que des voitures électriques en libre service, pourquoi pas, mais des voitures électriques avec impôts d’échappement, j’hésite un peu…