Durant les cinquante premières années de son existence, ce planificateur incompris avait marqué de son empreinte l’entrée de la station de métro Denfert-Rochereau et les grilles métalliques qui entourent le jardin du boulevard Richard-Lenoir. Il se vengeait de l’indifférence de ses contemporains en envoyant de temps à autres des « poulets » à Libération. Il y fustigeait l’architecture frileuse qui rallie si souvent, en France, les suffrages d’élus traumatisés par les associations de riverains.
Il dut étudier de si près ce triste travers qu’il y sombra lui-même à la première occasion qui lui fut donnée : le concours pour la rénovation des Halles. Il était le « régional de l’étape ». Mais ses prises de position passées suggéraient qu’il ne se soumettrait pas aux diktats des conservateurs qui allaient inévitablement défendre une vision loco-locale du sujet. Soyons indulgent, c’est sans doute parce qu’il avait attendu la reconnaissance trop longtemps qu’il ne put résister à la tentation du reniement. Sa tactique fut simple : trouver le point d’équilibre entre les désidératas de l’association de riverains la plus remuante et ceux des gestionnaires du centre commercial. Dès lors que Delanoë avait fui un dossier qui requérait plus de courage qu’il n’en pouvait avoir, le champ était libre pour le triomphe des intérêts du coin. Mangin gagna en leur servant la soupe.
Depuis, il s’est fait une spécialité d’habiller la frilosité jadis dénoncée des oripeaux du discours progressiste. Il ne s’agit pas de trouille mais de finesse, de contextualité et de modestie. Les élus les plus anxieux en sont tout soulagés. Ce mélange des contraires est bien utile dans notre époque de doute et de confusion. Certes, quand il faut passer à la réalisation, cela ne donne que patchwork et kitsch, comme le manteau d’Arlequin qu’il a dessiné pour le jardin des Halles. Ce n’est pas bien grave puisqu’il ne réalisera rien, retrouvant ainsi le fil conducteur de son œuvre passée.
Cette contribution à nos villes valait bien un grand prix d’urbanisme. Mais son succès est aujourd’hui complet : il est désormais Truffe de Plumes.
Il dut étudier de si près ce triste travers qu’il y sombra lui-même à la première occasion qui lui fut donnée : le concours pour la rénovation des Halles. Il était le « régional de l’étape ». Mais ses prises de position passées suggéraient qu’il ne se soumettrait pas aux diktats des conservateurs qui allaient inévitablement défendre une vision loco-locale du sujet. Soyons indulgent, c’est sans doute parce qu’il avait attendu la reconnaissance trop longtemps qu’il ne put résister à la tentation du reniement. Sa tactique fut simple : trouver le point d’équilibre entre les désidératas de l’association de riverains la plus remuante et ceux des gestionnaires du centre commercial. Dès lors que Delanoë avait fui un dossier qui requérait plus de courage qu’il n’en pouvait avoir, le champ était libre pour le triomphe des intérêts du coin. Mangin gagna en leur servant la soupe.
Depuis, il s’est fait une spécialité d’habiller la frilosité jadis dénoncée des oripeaux du discours progressiste. Il ne s’agit pas de trouille mais de finesse, de contextualité et de modestie. Les élus les plus anxieux en sont tout soulagés. Ce mélange des contraires est bien utile dans notre époque de doute et de confusion. Certes, quand il faut passer à la réalisation, cela ne donne que patchwork et kitsch, comme le manteau d’Arlequin qu’il a dessiné pour le jardin des Halles. Ce n’est pas bien grave puisqu’il ne réalisera rien, retrouvant ainsi le fil conducteur de son œuvre passée.
Cette contribution à nos villes valait bien un grand prix d’urbanisme. Mais son succès est aujourd’hui complet : il est désormais Truffe de Plumes.