Les occupants de la place de la République auraient dû s’inscrire à « la nuit des débats » !
C'était une première pour la France. A l'issue de la manifestation contre la loi travail le jeudi 31 mars, plusieurs milliers de personnes ont lancé une occupation jour et nuit de la place de la République. Un mouvement, baptisé Nuit debout, qui se veut dans la lignée de celui de Occupy Wall Street aux États-Unis ou encore celui des indignés en Espagne.
Et qui ne fait guère plaisir à Anna Hidalgo, la maire de Paris. En effet, cette dernière qui se présente pourtant comme une « frondeuse » à l'égard du Gouvernement n'a pas hésité à déclarer dans le Parisien que « les lieux publics ne peuvent pas être privatisés ». Une déclaration étonnante de la part de la première magistrate d'une ville qui n'hésite pas justement à privatiser l'espace public à hue et à dia comme Paris-Plage, les Catacombes ou encore le sous-sols du Canal Saint Martin. D'autant que l’occupation de la place de la République par les manifestants n'a pas jusqu'à nouvel ordre de caractère commercial hormis peut être celui des stands de merguez..
Autre saillie de la maire de Paris pour s'indigner contre la présence de ces indignés à la française : « on est obligé de faire respecter un peu d'ordre dans cette ville ». Pourtant la présence nocturne de Parisiens sur la Place de la République en train de débattre devrait ravir Anne Hidalgo car cette dernière vient juste de déclarer toujours au Parisien : « j'ai fait de la conquête de nouveaux espaces de démocratie une priorité et c'est toujours un plaisir de voir qu'ils seront très nombreux la nuit à se rencontrer, échanger et refaire le monde. Cela me conforte d'aller encore plus loin avec eux ». Encore mieux que Podemos.
Alors, les indignés parisiens sont donc les bienvenus sur la Place de la République ? Pas tout à fait car Anne Hidalgo ne parlait pas de Nuit debout mais uniquement de sa nouvelle invention appelée « la nuit des débats ». Un événement estampillé mairie de Paris qui consiste à se réunir dans quelques lieux comme des cafés pour parler de tout et (surtout) de rien.
Et oui, quand la capitale se veut moderne, elle réinvente tout simplement la veillée. Du pur mergitur.
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L'affaire n'en est pas restée là car, exauçant les rêves éveillés d'Hidalgo, la préfecture de police a fait expulser au petit matin ces "veilleurs" ... dans la plus totale illégalité puisqu'ils avaient une autorisation comme Metronews, organe pourtant peu suspect de goût pour l'agitation, l'a relevé : "Du côté des forces de police, la situation est confuse. Si l'on confirme que la demande d'occupation a bien été reçue, on précise qu'elle ne concerne que trois demandeurs: l'association Droit Au Logement (DAL), ATTAC et Sud PTT. Une source policière nous assure par ailleurs que les expulsions ne concernent pas ces trois entités, mais seulement les autres groupes qui ne figureraient pas sur la demande d'autorisation. Les sympathisants de Nuit Debout seraient donc les seuls à pouvoir être évacués par les CRS.
Sauf que ces informations sont fausses. Selon un document consulté par Metronews, la demande a bien été effectuée par le DAL, ATTAC et Sud PTT, mais comporte aussi les signatures... du collectif Nuit Debout. Même si elles ne visaient que les membres de Nuit Debout, ces expulsions seraient donc sans fondement. Une information attestée par Jean-Baptiste Eyraud, du DAL, qui confirme que cette occupation est légale, et "dénonce cette intervention de police contre des manifestants pacifiques".
Hidalgo qui cherche désormais à s'emparer du PS par la gauche va devoir faire des choix cornéliens ...