Acte 3 - Scène 2
Une salle sombre - Sganeron, Océane, Herbert, Hubert, Albert, Robert
(Sganeron et Océane sont ligotés à des chaises, le visage tuméfié. Les serveurs les entourent, leur ayant braqué une lampe dans les yeux)
Hubert
Alors mon vieux bellâtre faut-il que je te châtre ?
Vas-tu nous dire enfin qui t’a mis au turbin ?
Océane (à Hubert)
Crapules, pourritures, frapper un homme si pur !
(Hubert la gifle)
Herbert
Toi, la sous-commissaire, fais gaffe à ton derrière !
Car il se pourrait bien qu’on t’élargisse le train
Robert (égrillard)
Nous sommes experts en dards, tampons et coquillards.
Sganeron (marmonnant)
Vous savez bien les gars que j’ai dû agir seul.
Hubert (le tirant par les cheveux)
N’aggrave pas ton cas et ouvre un peu ta gueule.
Robert
Que comptais-tu donc faire de la jeune première
Que tu voulais soustraire ?
Sganeron
Ces deux ignobles filles m’accablaient de tourments.
Elles m’avaient courroucé, pour tout dire offensé.
Me traitant en faquin
Un jour que je voulais faire la bête à trois dos
Elles m’envoyèrent bouler comme un simple péquenot.
Océane
Pauvre petit chéri, aux mains de ces harpies.
Herbert
Moi tout ce que je veux ce sont de beaux aveux.
Le chanoine a besoin de charger Gadafi
Pour justifier demain d’envahir son pays.
Il guigne son pactole et ses champs de pétrole.
L’assemblée de l’ONU le portera aux nues.
Une résolution, suivie d’une invasion
Et son compte sera bon.
Vous serez les dindons de cette farce à pognon.
Sganeron
Pfff …
Il n’est pas un seul âne d’ici en Bactriane
Qui accordera foi à ce conte à la noix
Robert
Ces mystères nous échappent, à nous autres manants,
Et quand l’histoire nous happe nous sommes deux ronds d’flanc.
Hubert
Tu vas contresigner une belle déclaration,
Fort bien argumentée, sur ta conspiration.
Agent de la Lybie, tu voulais enlever la belle du chanoine,
Rejoindre Tripoli puis le faire chanter
Et le faire abdiquer.
(Sganeron fait un signe négatif de la tête.)
Hubert
Comme tu voudras mon gars.
(Ils sortent alors des pistolets et mettent des silencieux en les appliquant sur les tempes de Sganeron et Océane)
Océane
Signe donc Sganeron ou bien c’est le bouillon !
Herbert
Ecoute ta bergère, qui sait comment on gère
Ces dures situations.
Albert
C’est le temps des adieux, allez fermez les yeux.
Sganeron (riant nerveusement)
Mais il est impossible
Que je vous comble d’aise en sortant ces fadaises.
Hubert
Je ne comprends pas bien pourquoi tu te retiens.
Sganeron
C’est bon, je passe à table pour nous sauver le râble
Car vous mettez les pieds sur un terrain miné.
Vous l’ignorez les gars,
Vous jouez petits bras.
Albert
Qu’est-ce que tu dissimules en nous traitant de nuls ?
Sganeron
La manipulatrice, la plus terrible actrice,
C’est cette Carlotta qui tout ça mijota.
Hubert
C’est trop ou pas assez,
Il faut élaborer.
Sganeron
Elle vint me voir en mai, dans le plus grand secret,
Et m’avoua un soir quel était son espoir.
L’amour de sa vie, c’était son Gadafi !
Elle avait avec lui passé ses plus belles nuits.
Elle voulait unifier la France et la Lybie
Et se débarrasser d’un coprince amolli.
Ayant persuadé sa sœur Cécilina
D’user sur leur amant de sa tendre influence,
Elle devait simuler qu’un espion l’enleva
Pour qu’il perde la raison et qu’il sorte de France.
Son avion abattu, elle l’aurait remplacé
La presse se serait tue, ses ennemis muselés
Elle aurait détenu les clés de l’Elysée.
Alors, avec Scipion, elle aurait convolé.
Mais sur ces entrefaites vous êtes arrivés.
Herbert
Mazette, faut’y que l’on soit bêtes,
Pour n’avoir point pensé à ces plans insensés !
(Ils rient)
Océane (stupéfaite)
Sganeron, tu ne tournes plus rond !
(Aux serveurs)
Vous voyez bien, fripons, que c’est l’extrême-onction
Qui le prive de ses dons.
Hubert (reprenant son pistolet)
Je n’ai plus guère le temps d’écouter ces sornettes,
Voilà le bon moment pour faire place nette.
Océane
Attendez malheureux, je signerai pour deux !
Je dirai sacrebleu, à qui voudra l’entendre,
Que sur la grande bleue nous voulions le faire fondre
Et qu’avec Gadafi étions amis-amis.
Robert
Alors, te voilà mûre pour de fameux parjures …
Herbert (aux autres, à voix basse)
C’est tout ce qu’il nous faut.
Une lampiste, un mytho,
Après un tour de piste, ils iront au frigo.
Seuls les communistes hurleront au complot.
(à Océane)
Nous te relâcherons contre une déclaration,
Et nous te formerons en manipulations.
Hubert
Il faudra enfumer Ducal et son parti
En leur faisant gober ce scenario pourri.
Robert
Rapter Cécilina et puis tout balancer
A la presse, aux médias.
Dire qu’avec Gadafi ils étaient compromis.
Herbert
Mais s’il te prend l’envie de jouer au mariolle,
Jamais de ton ami tu reverras la fiole.
(Océane s’empare d’un papier et d’un stylo et commence à écrire. La lumière baisse.)
Une salle sombre - Sganeron, Océane, Herbert, Hubert, Albert, Robert
(Sganeron et Océane sont ligotés à des chaises, le visage tuméfié. Les serveurs les entourent, leur ayant braqué une lampe dans les yeux)
Hubert
Alors mon vieux bellâtre faut-il que je te châtre ?
Vas-tu nous dire enfin qui t’a mis au turbin ?
Océane (à Hubert)
Crapules, pourritures, frapper un homme si pur !
(Hubert la gifle)
Herbert
Toi, la sous-commissaire, fais gaffe à ton derrière !
Car il se pourrait bien qu’on t’élargisse le train
Robert (égrillard)
Nous sommes experts en dards, tampons et coquillards.
Sganeron (marmonnant)
Vous savez bien les gars que j’ai dû agir seul.
Hubert (le tirant par les cheveux)
N’aggrave pas ton cas et ouvre un peu ta gueule.
Robert
Que comptais-tu donc faire de la jeune première
Que tu voulais soustraire ?
Sganeron
Ces deux ignobles filles m’accablaient de tourments.
Elles m’avaient courroucé, pour tout dire offensé.
Me traitant en faquin
Un jour que je voulais faire la bête à trois dos
Elles m’envoyèrent bouler comme un simple péquenot.
Océane
Pauvre petit chéri, aux mains de ces harpies.
Herbert
Moi tout ce que je veux ce sont de beaux aveux.
Le chanoine a besoin de charger Gadafi
Pour justifier demain d’envahir son pays.
Il guigne son pactole et ses champs de pétrole.
L’assemblée de l’ONU le portera aux nues.
Une résolution, suivie d’une invasion
Et son compte sera bon.
Vous serez les dindons de cette farce à pognon.
Sganeron
Pfff …
Il n’est pas un seul âne d’ici en Bactriane
Qui accordera foi à ce conte à la noix
Robert
Ces mystères nous échappent, à nous autres manants,
Et quand l’histoire nous happe nous sommes deux ronds d’flanc.
Hubert
Tu vas contresigner une belle déclaration,
Fort bien argumentée, sur ta conspiration.
Agent de la Lybie, tu voulais enlever la belle du chanoine,
Rejoindre Tripoli puis le faire chanter
Et le faire abdiquer.
(Sganeron fait un signe négatif de la tête.)
Hubert
Comme tu voudras mon gars.
(Ils sortent alors des pistolets et mettent des silencieux en les appliquant sur les tempes de Sganeron et Océane)
Océane
Signe donc Sganeron ou bien c’est le bouillon !
Herbert
Ecoute ta bergère, qui sait comment on gère
Ces dures situations.
Albert
C’est le temps des adieux, allez fermez les yeux.
Sganeron (riant nerveusement)
Mais il est impossible
Que je vous comble d’aise en sortant ces fadaises.
Hubert
Je ne comprends pas bien pourquoi tu te retiens.
Sganeron
C’est bon, je passe à table pour nous sauver le râble
Car vous mettez les pieds sur un terrain miné.
Vous l’ignorez les gars,
Vous jouez petits bras.
Albert
Qu’est-ce que tu dissimules en nous traitant de nuls ?
Sganeron
La manipulatrice, la plus terrible actrice,
C’est cette Carlotta qui tout ça mijota.
Hubert
C’est trop ou pas assez,
Il faut élaborer.
Sganeron
Elle vint me voir en mai, dans le plus grand secret,
Et m’avoua un soir quel était son espoir.
L’amour de sa vie, c’était son Gadafi !
Elle avait avec lui passé ses plus belles nuits.
Elle voulait unifier la France et la Lybie
Et se débarrasser d’un coprince amolli.
Ayant persuadé sa sœur Cécilina
D’user sur leur amant de sa tendre influence,
Elle devait simuler qu’un espion l’enleva
Pour qu’il perde la raison et qu’il sorte de France.
Son avion abattu, elle l’aurait remplacé
La presse se serait tue, ses ennemis muselés
Elle aurait détenu les clés de l’Elysée.
Alors, avec Scipion, elle aurait convolé.
Mais sur ces entrefaites vous êtes arrivés.
Herbert
Mazette, faut’y que l’on soit bêtes,
Pour n’avoir point pensé à ces plans insensés !
(Ils rient)
Océane (stupéfaite)
Sganeron, tu ne tournes plus rond !
(Aux serveurs)
Vous voyez bien, fripons, que c’est l’extrême-onction
Qui le prive de ses dons.
Hubert (reprenant son pistolet)
Je n’ai plus guère le temps d’écouter ces sornettes,
Voilà le bon moment pour faire place nette.
Océane
Attendez malheureux, je signerai pour deux !
Je dirai sacrebleu, à qui voudra l’entendre,
Que sur la grande bleue nous voulions le faire fondre
Et qu’avec Gadafi étions amis-amis.
Robert
Alors, te voilà mûre pour de fameux parjures …
Herbert (aux autres, à voix basse)
C’est tout ce qu’il nous faut.
Une lampiste, un mytho,
Après un tour de piste, ils iront au frigo.
Seuls les communistes hurleront au complot.
(à Océane)
Nous te relâcherons contre une déclaration,
Et nous te formerons en manipulations.
Hubert
Il faudra enfumer Ducal et son parti
En leur faisant gober ce scenario pourri.
Robert
Rapter Cécilina et puis tout balancer
A la presse, aux médias.
Dire qu’avec Gadafi ils étaient compromis.
Herbert
Mais s’il te prend l’envie de jouer au mariolle,
Jamais de ton ami tu reverras la fiole.
(Océane s’empare d’un papier et d’un stylo et commence à écrire. La lumière baisse.)