Acte 3 Scène 3
Le salon d’apparat - Le coprince, Cécilina, Carlotta
(Ils rient)
Cécilina (au coprince)
Comment pouvais-tu croire que nous serions bonnes poires,
Et que nous tomberions dans ton attrape-couillons ?
Carlotta
Les amis, j’ai bien ri quand la petite mémé
De style carabinier s’est trouvée empaquetée !
(Elle pousse le coprince à l’épaule)
Tes agents très spéciaux ont sauté sur son dos
Et ficelé ce cadeau d’un coup d’cuillère à pot.
Elle n’a rien vu venir.
Le coprince (énigmatique)
Le pire est souvent sûr quand on joue aux gros durs.
Cécilina
J’ai eu le bon réflexe en laissant, planté là,
Mon Sganeron perplexe face à Dulcinella.
C’était le bon appât.
Quand son tour de mitard tomba sans crier gare,
Pour lui c’était trop tard !
(Ils rient de plus belle)
Carlotta (au coprince)
Comptes-tu les mettre hors-jeu ?
Le coprince
Ils sont aux oubliettes pour y purger leurs dettes
Carlotta
Mais c’est un bien grand risque, de laisser sans séquelle,
Ce homard dans sa bisque, cette morue dans son sel.
Le coprince
Que suggères-tu alors ?
Carlotta
Trois mots : peine de mort.
Cécilina
Brrr... Décidément frangine, on te vit plus clémente !
Carlotta (persuasive)
Aisément j’imagine, les dangers qu’ils présentent.
Le coprince ( à Carlotta)
Il en sera ainsi, tes désirs sont des ordres.
D’ici qu’il soit minuit, la poussière ils vont mordre.
Carlotta
Et pour le Gadafi, que nous prépares-tu ?
Le coprince
Nous l’enverrons au lit, dès lors qu’il aura bu
Un petit élixir provoquant le délire.
D’abord il sera gris puis il sera reclus.
Carlotta (vaguement inquiète)
Ton plan est de l’occire ?
Le coprince
Juste hors d’état de nuire.
Cécilina
La seule chose qui m’importe, c’est qu’il parte au plus vite.
Sa présence me fait honte et nous serons bien quittes
S’il n’emporte avec lui qu’un souvenir de cuite.
Le coprince
Vous êtes sans pareilles, des affreuses merveilles
De rouerie innocente, princesses d'éprouvante.
Carlotta (s’étirant sur le sofa)
Vrai, si je n’existais il faudrait m’éventer.
(Elle tire un éventail et le tend au coprince qui lui fait aussitôt de l’air.)
Cécilina
Il reste maintenant à guérir Gadafi de ses affreux tourments.
Il arpente sa tente, attendant des nouvelles,
De celle dont le hantent les yeux et les prunelles.
Carlotta
Je ne suis pas pressée de devoir lui parler.
Le coprince (à Carlotta, fermement)
C’était la condition pour qu’il se tienne sage.
Tout en étant grognon, accepte le message
Que, par précaution, je te tenais en cage.
Cécilina (à Carlotta)
Je reste sur ma faim et j’exige qu’enfin
A nous deux tu expliques par quelle subtile réplique
Tu parvins à casser les élans de ses reins,
A le laisser brisé et te léchant la main.
Carlotta
J’ai dit deux ou trois riens sur la taille des engins
Et sur les performances aptes à me mettre en transe.
Cécilina
Et cela a suffit pour la capilotade ?
Carlotta
J’ai peaufiné aussi un pétrifiant regard.
Quand je mate le kiki, plouf ! C’est la débandade.
(Elle rit)
Le coprince (à Carlotta)
Aurais-tu un seul jour jamais cru en l’amour ?
Carlotta (faussement ingénue)
L’amour fait un détour quand je lui dis bonjour
Et je n’ai pas le don de plaire à Cupidon.
Dès lors, je me résigne sans espérer de signe,
Sans croire en l’idéal et sans carnet de bal.
Le coprince
J’ai beau être cynique, quand j’entends ça je tique.
Ta vie n'est qu'une bataille, sans cesse tu ferrailles.
Tu ne connais qu’ennemis, traîtrises, fourbes, défis.
La tendresse, le repos, tu leur tournes le dos.
Carlotta
En goût comme en couleur, la douceur ça m’écœure.
Cécilina (caressant les cheveux de sa sœur, songeuse)
Nos parents nous aimaient
Mais ils ne s’aimaient pas.
Même si tu le sentais, tu ne l’admettais pas.
Plutôt qu’usurpatrice c’est manipulatrice
Que tu choisis pour rôle.
Je te le dis tout net, au fond tu es honnête.
Carlotta (dégageant vivement la main de Cécilina)
Ne remue pas tout ça et mets un sparadrap
Sur cette fine bouche, ne prends pas cet air louche !
Dès l’enfance, perverse, je le fus sans remords.
Les chemins de traverse, je les pris âme et corps
Aimer c’est foutre en l’air défenses immunitaires
Et sens de l’urgence.
J’ai des médicaments : pouvoir, honneurs, argent.
On vit une fois pour toutes, je n’en ai aucun doute
Et je n’ai pas de temps à gâcher en tourments.
Cécilina (haussant les épaules)
Bazar psychologique et débauche de mimiques.
(Carlotta se penche soudain vers sa sœur et l’embrasse sur la bouche)
Carlotta
Pardon, c’était un tic
(Cécilina s'essuie les lèvres et Carlotta se met à rire)
Le coprince
Puisqu’il faut vous distraire,
J’ai à vous suggérer un tout petit forfait.
Cécilina
Parle donc, ô coprince.
Le coprince
Echangez vos effets et voyons sur le fait
Quel effet ça lui fait.
Carlotta (contrariée)
C’est un peu compliqué !
Cécilina
Si un ton contrefait complète ce méfait
Il en sera défait.
(Cécilina et le coprince rient)
Carlotta (soucieuse)
Et nos grains de beauté ? Il pourrait vérifier …
Cécilina (au coprince)
Tu sais, pour la connaître, que la seule différence
Entre nos deux plastiques c’est cette infime verrue.
Le jour qui nous vit naître dans une nue jouvence,
Il y eut ce petit hic sur nos fesses charnues.
Carlotta
L’une au postérieur gauche et l’autre sur le droit,
Nous fûmes affublées de ce cercle identique
A sa position près.
Cécilina
C’est un truc infaillible pour pouvoir distinguer
Qui est Cécilina et qui est Carlotta
Et s’il nous passe au crible il ne peut le louper.
Le coprince (sortant un petit flacon et une sorte de pansement rond.)
Vous vous souciez pour rien, j’ai ici un faux grain
Et un fluide anti-cernes pour les vieilles badernes.
Enduisant d’une main la petite excroissance
Tout en un tournemain posant protubérance
Sur la deuxième partie de vos anatomies,
Je vous intervertis même pour les avertis.
Cécilina
Oooh !
Carlotta
Aaah !
Le coprince
Hé, Hé … Que la bête commence !
(Elles se déshabillent en gloussant, la lumière tombe.)
(On entend la voix du coprince)
Qu’on m’envoie Gadafi !
On n’attend plus que lui.
(Elles rient de plus belle.)
Le salon d’apparat - Le coprince, Cécilina, Carlotta
(Ils rient)
Cécilina (au coprince)
Comment pouvais-tu croire que nous serions bonnes poires,
Et que nous tomberions dans ton attrape-couillons ?
Carlotta
Les amis, j’ai bien ri quand la petite mémé
De style carabinier s’est trouvée empaquetée !
(Elle pousse le coprince à l’épaule)
Tes agents très spéciaux ont sauté sur son dos
Et ficelé ce cadeau d’un coup d’cuillère à pot.
Elle n’a rien vu venir.
Le coprince (énigmatique)
Le pire est souvent sûr quand on joue aux gros durs.
Cécilina
J’ai eu le bon réflexe en laissant, planté là,
Mon Sganeron perplexe face à Dulcinella.
C’était le bon appât.
Quand son tour de mitard tomba sans crier gare,
Pour lui c’était trop tard !
(Ils rient de plus belle)
Carlotta (au coprince)
Comptes-tu les mettre hors-jeu ?
Le coprince
Ils sont aux oubliettes pour y purger leurs dettes
Carlotta
Mais c’est un bien grand risque, de laisser sans séquelle,
Ce homard dans sa bisque, cette morue dans son sel.
Le coprince
Que suggères-tu alors ?
Carlotta
Trois mots : peine de mort.
Cécilina
Brrr... Décidément frangine, on te vit plus clémente !
Carlotta (persuasive)
Aisément j’imagine, les dangers qu’ils présentent.
Le coprince ( à Carlotta)
Il en sera ainsi, tes désirs sont des ordres.
D’ici qu’il soit minuit, la poussière ils vont mordre.
Carlotta
Et pour le Gadafi, que nous prépares-tu ?
Le coprince
Nous l’enverrons au lit, dès lors qu’il aura bu
Un petit élixir provoquant le délire.
D’abord il sera gris puis il sera reclus.
Carlotta (vaguement inquiète)
Ton plan est de l’occire ?
Le coprince
Juste hors d’état de nuire.
Cécilina
La seule chose qui m’importe, c’est qu’il parte au plus vite.
Sa présence me fait honte et nous serons bien quittes
S’il n’emporte avec lui qu’un souvenir de cuite.
Le coprince
Vous êtes sans pareilles, des affreuses merveilles
De rouerie innocente, princesses d'éprouvante.
Carlotta (s’étirant sur le sofa)
Vrai, si je n’existais il faudrait m’éventer.
(Elle tire un éventail et le tend au coprince qui lui fait aussitôt de l’air.)
Cécilina
Il reste maintenant à guérir Gadafi de ses affreux tourments.
Il arpente sa tente, attendant des nouvelles,
De celle dont le hantent les yeux et les prunelles.
Carlotta
Je ne suis pas pressée de devoir lui parler.
Le coprince (à Carlotta, fermement)
C’était la condition pour qu’il se tienne sage.
Tout en étant grognon, accepte le message
Que, par précaution, je te tenais en cage.
Cécilina (à Carlotta)
Je reste sur ma faim et j’exige qu’enfin
A nous deux tu expliques par quelle subtile réplique
Tu parvins à casser les élans de ses reins,
A le laisser brisé et te léchant la main.
Carlotta
J’ai dit deux ou trois riens sur la taille des engins
Et sur les performances aptes à me mettre en transe.
Cécilina
Et cela a suffit pour la capilotade ?
Carlotta
J’ai peaufiné aussi un pétrifiant regard.
Quand je mate le kiki, plouf ! C’est la débandade.
(Elle rit)
Le coprince (à Carlotta)
Aurais-tu un seul jour jamais cru en l’amour ?
Carlotta (faussement ingénue)
L’amour fait un détour quand je lui dis bonjour
Et je n’ai pas le don de plaire à Cupidon.
Dès lors, je me résigne sans espérer de signe,
Sans croire en l’idéal et sans carnet de bal.
Le coprince
J’ai beau être cynique, quand j’entends ça je tique.
Ta vie n'est qu'une bataille, sans cesse tu ferrailles.
Tu ne connais qu’ennemis, traîtrises, fourbes, défis.
La tendresse, le repos, tu leur tournes le dos.
Carlotta
En goût comme en couleur, la douceur ça m’écœure.
Cécilina (caressant les cheveux de sa sœur, songeuse)
Nos parents nous aimaient
Mais ils ne s’aimaient pas.
Même si tu le sentais, tu ne l’admettais pas.
Plutôt qu’usurpatrice c’est manipulatrice
Que tu choisis pour rôle.
Je te le dis tout net, au fond tu es honnête.
Carlotta (dégageant vivement la main de Cécilina)
Ne remue pas tout ça et mets un sparadrap
Sur cette fine bouche, ne prends pas cet air louche !
Dès l’enfance, perverse, je le fus sans remords.
Les chemins de traverse, je les pris âme et corps
Aimer c’est foutre en l’air défenses immunitaires
Et sens de l’urgence.
J’ai des médicaments : pouvoir, honneurs, argent.
On vit une fois pour toutes, je n’en ai aucun doute
Et je n’ai pas de temps à gâcher en tourments.
Cécilina (haussant les épaules)
Bazar psychologique et débauche de mimiques.
(Carlotta se penche soudain vers sa sœur et l’embrasse sur la bouche)
Carlotta
Pardon, c’était un tic
(Cécilina s'essuie les lèvres et Carlotta se met à rire)
Le coprince
Puisqu’il faut vous distraire,
J’ai à vous suggérer un tout petit forfait.
Cécilina
Parle donc, ô coprince.
Le coprince
Echangez vos effets et voyons sur le fait
Quel effet ça lui fait.
Carlotta (contrariée)
C’est un peu compliqué !
Cécilina
Si un ton contrefait complète ce méfait
Il en sera défait.
(Cécilina et le coprince rient)
Carlotta (soucieuse)
Et nos grains de beauté ? Il pourrait vérifier …
Cécilina (au coprince)
Tu sais, pour la connaître, que la seule différence
Entre nos deux plastiques c’est cette infime verrue.
Le jour qui nous vit naître dans une nue jouvence,
Il y eut ce petit hic sur nos fesses charnues.
Carlotta
L’une au postérieur gauche et l’autre sur le droit,
Nous fûmes affublées de ce cercle identique
A sa position près.
Cécilina
C’est un truc infaillible pour pouvoir distinguer
Qui est Cécilina et qui est Carlotta
Et s’il nous passe au crible il ne peut le louper.
Le coprince (sortant un petit flacon et une sorte de pansement rond.)
Vous vous souciez pour rien, j’ai ici un faux grain
Et un fluide anti-cernes pour les vieilles badernes.
Enduisant d’une main la petite excroissance
Tout en un tournemain posant protubérance
Sur la deuxième partie de vos anatomies,
Je vous intervertis même pour les avertis.
Cécilina
Oooh !
Carlotta
Aaah !
Le coprince
Hé, Hé … Que la bête commence !
(Elles se déshabillent en gloussant, la lumière tombe.)
(On entend la voix du coprince)
Qu’on m’envoie Gadafi !
On n’attend plus que lui.
(Elles rient de plus belle.)