QUATRIEME ET DERNIER ACTE
Scène 1
Le salon d’apparat - Le coprince, Cécilina, Carlotta, Gadafi, les Tigresses, puis Caroline Schpountz
(Gadafi, habillé de manière outrageusement occidentale, dévore Cécilina du regard en pensant que c’est Carlotta, la vraie Carlotta lui fait des signes discrets de dénégation qu’il ne comprend pas.)
Le coprince
Vous voyez bien, messire, qu’une juste confiance
Vaut mieux que des soupirs et une triste méfiance.
Je monte cette entrevue afin de vous complaire,
Mais, même dans cette tenue, vous ne pourrez lui plaire.
(Il désigne la fausse Carlotta du doigt, qui prend une posture de dégoût vis-à-vis de Gadafi)
Gadafi
Ma nature indocile, n’a pas bougé d’un cil
Quand il s’agit d’aimer ou bien de détester.
(Il regarde les deux femmes successivement, avec étonnement, puis vérifie dans sa balise.)
Gadafi (à la fausse Carlotta)
J’ai rongé tous mes freins. Maintenant je fends la bise,
Je n’ai plus peur de rien quand je vois ma promise
C’est à toi Carlotta de dire la vérité,
Je sais qu’au fond de toi tu m’as toujours aimé !
Cécilina (contrefaisant Carlotta)
Enfin, mon bon Moumour, vous êtes à la bourre !
Cette coprincière cour n’est pas une basse-cour
Où un coq excité viendrait faire son marché.
Gadafi
(De plus en plus étonné, regardant la vraie Carlotta en croyant encore qu'il s'agit de Cécilina.)
C’est vous, toujours perfide, qui lui bourrez le crâne.
Et je vois à vos rides la dérive de votre âme.
Carlotta (se tripotant le visage, vexée)
Vous pourriez regretter vos blessantes remarques,
Vous frappez à côté, méritez qu’on vous plaque !
Gadafi (De plus en plus troublé, regardant discrètement sa balise qui lui donne toujours le même résultat.)
Qu’on me plaque ?
(A la fausse Carlotta)
Le climat parisien ne vous fait aucun bien.
Vos manières se gâtent, votre silhouette s’empâte.
(Cécilina et Carlotta s’indignent)
Gadafi
Ces mauvaises influences contrarient ma clémence.
Vous êtes une femme libre et si votre âme vibre
Il vous faut bazarder ces fausses loyautés.
Carlotta cette fois viendrez-vous avec moi ?
Carlotta (la vraie, à Cécilina)
Tais-toi ne réponds pas !
Cécilina (fausse Carlotta, à Gadafi)
Il manquerait plus que ça, retourne donc chez toi !
Le coprince (à Gadafi)
Et bien ces quelques mots ne souffrent aucun débat
Et si vous eûtes des hauts ne vous restent que les bas.
(Cécilina tire sur un de ses bas et fait un geste avec le pouce sous le menton en signe de défi.)
Gadafi (au coprince et à la fausse Carlotta)
J’avoue ne pas comprendre ces terres de faux semblants
Où sans rien entreprendre on renie ses serments.
Le coprince
Hé … c’est la démocratie, mon brave Gadafi.
Tu cours par ici,
Par là tu te défais.
Plus tu es épuisé plus le peuple à la paix
Et plus tu es pressé plus tu dois poireauter.
Ecoute ton conseiller …
(il se désigne du doigt)
Ta méthode est plantée.
Gadafi
Votre vie se résume à des parcours fléchés.
Vos gloires sont des écumes, vos destins sont mort-nés.
Toi-même, qui dis régner, tu n’es que le laquais
De sondages d’opinions.
Cécilina (fausse Carlotta, ne parvenant plus à contrefaire sa voix)
Mêle-toi de tes oignons !
(Gadafi, interloqué, regarde à nouveau sa balise, il est de plus en plus méfiant.)
Le coprince (la calmant d’un geste)
C’est vrai,
Mes positions varient au gré des circonstances.
Comme le bon roi Henri qui aimait tant la France
Je plie devant Paris et mon ventre fait la danse.
(Il bouge le bassin puis se met à tourner sur lui-même.)
Le matin tout va bien
Et je suis plein d’entrain,
Je me réveille de gauche.
Mais dès que midi vient et que j’ai fréquenté
Ces épuisants terriens déjà je ronge mon frein.
Je suis un peu plus triste, on me dira centriste.
En fin d’après-midi, quand sonne l’heure du whisky,
Et que j’ai pu jauger la piètre humanité
C’est à coup sûr de droite qu’il faudra me classer.
Puis quand vient la soirée, que plus rien ne résiste
Dans ce monde d’illusions, on me verra fasciste.
Il est temps de dormir car si je m’emportais
C’est dans tous ces gros tas … (il balaie le public de la main)
Que je ferais tirer !
Gadafi
C’est vrai,
Tu serais plus heureux en te laissant aller
Et en faisant buter les deux ou trois morveux
Qui t’ont escagassé dans ces tristes journées.
Moi, c’est ce que je fais.
Le coprince (à Gadafi, en confidence)
Je peux te rassurer, le sort en est jeté.
Je viens bientôt suspendre ce triste état de droit.
Cela va les surprendre, mais il faudra bien ça
Pour que toutes mes réformes leur redonnent la forme.
Mon plan est un secret absolument gardé.
Moi-même, quand j’y pense, j’en suis comme effrayé !
(Se ravisant soudain et portant la main à la bouche.)
Bon dieu qu’ai-je avoué ?
Gadafi (au coprince, désignant la fausse Carlotta)
Mon soutien t’est acquis si tu lui donnes la quille.
Quand tes forces obscures en auront triomphé
De toutes les sinécures de ta principauté,
Qu’elles seront liquidées, nous serons fous alliés.
Cécilina (fausse Carlotta à Gadafi)
Tu es le plus lassant des despotes d’Orient.
Entends-tu j’ai dit : non !
A ta sotte affection
Carlotta (fausse Cécilina, s’énervant et ne contrôlant plus son intonation)
Moumour, tu dois comprendre que
L’heure n’est pas venue de mettre tout à nu !
Gadafi (De plus en plus incrédule, à lui-même et regardant sa balise à nouveau.)
Ce timbre m’est connu.
Ce style m’avait ému dans un passé tout proche.
Y-aurait-il anicroche ?
(Aux autres)
Puisque la déraison dicte vos positions
Les dés seront jetés et la France embrasée !
(Parlant à sa bague)
C’est bon tu peux y aller.
(Entre soudain par une corde venant du plafond Caroline Schpountz dans un nuage de fumée en uniforme de Catwoman avec un masque qui laisse presque tout voir.)
Caroline
C’est moi, supercanon !
Vous trois votre compte est bon.
(Elle sort une bombe fumigène qui fait s’évanouir le coprince puis les deux sœurs.)
Un, deux, trois.
Gadafi
Chat alors !
(Il lui tire sur la queue)
(à Caroline, désignant les Tigresses)
J’en veux quatre au modèle
Pour mes fières demoiselles.
On peut être despote sans négliger la mode.
Mussolini lui-même portait la redingote
Un poil trop cintrée quand il fut en Lybie.
J’essaie de l’imiter.
Caroline (reprenant méchamment sa queue)
Elles seront sur ta note.
Gadafi
Embarquons maintenant ma violente passion.
Mais j’ai eu un déclic et vais jeter un œil
Par-dessous sa tunique sans froisser son orgueil.
(Il soulève la tunique de la fausse Carlotta puis la repose, en haussant les épaules)
Pourtant, c’était bien elle, un signe ne trompe pas.
C’est qu’elle était rebelle ou faisait un faux pas.
(Il fait un signe de la tête aux Tigresses qui sortent un grand sac et approchent de Cécilina, la lumière baisse.)
Scène 1
Le salon d’apparat - Le coprince, Cécilina, Carlotta, Gadafi, les Tigresses, puis Caroline Schpountz
(Gadafi, habillé de manière outrageusement occidentale, dévore Cécilina du regard en pensant que c’est Carlotta, la vraie Carlotta lui fait des signes discrets de dénégation qu’il ne comprend pas.)
Le coprince
Vous voyez bien, messire, qu’une juste confiance
Vaut mieux que des soupirs et une triste méfiance.
Je monte cette entrevue afin de vous complaire,
Mais, même dans cette tenue, vous ne pourrez lui plaire.
(Il désigne la fausse Carlotta du doigt, qui prend une posture de dégoût vis-à-vis de Gadafi)
Gadafi
Ma nature indocile, n’a pas bougé d’un cil
Quand il s’agit d’aimer ou bien de détester.
(Il regarde les deux femmes successivement, avec étonnement, puis vérifie dans sa balise.)
Gadafi (à la fausse Carlotta)
J’ai rongé tous mes freins. Maintenant je fends la bise,
Je n’ai plus peur de rien quand je vois ma promise
C’est à toi Carlotta de dire la vérité,
Je sais qu’au fond de toi tu m’as toujours aimé !
Cécilina (contrefaisant Carlotta)
Enfin, mon bon Moumour, vous êtes à la bourre !
Cette coprincière cour n’est pas une basse-cour
Où un coq excité viendrait faire son marché.
Gadafi
(De plus en plus étonné, regardant la vraie Carlotta en croyant encore qu'il s'agit de Cécilina.)
C’est vous, toujours perfide, qui lui bourrez le crâne.
Et je vois à vos rides la dérive de votre âme.
Carlotta (se tripotant le visage, vexée)
Vous pourriez regretter vos blessantes remarques,
Vous frappez à côté, méritez qu’on vous plaque !
Gadafi (De plus en plus troublé, regardant discrètement sa balise qui lui donne toujours le même résultat.)
Qu’on me plaque ?
(A la fausse Carlotta)
Le climat parisien ne vous fait aucun bien.
Vos manières se gâtent, votre silhouette s’empâte.
(Cécilina et Carlotta s’indignent)
Gadafi
Ces mauvaises influences contrarient ma clémence.
Vous êtes une femme libre et si votre âme vibre
Il vous faut bazarder ces fausses loyautés.
Carlotta cette fois viendrez-vous avec moi ?
Carlotta (la vraie, à Cécilina)
Tais-toi ne réponds pas !
Cécilina (fausse Carlotta, à Gadafi)
Il manquerait plus que ça, retourne donc chez toi !
Le coprince (à Gadafi)
Et bien ces quelques mots ne souffrent aucun débat
Et si vous eûtes des hauts ne vous restent que les bas.
(Cécilina tire sur un de ses bas et fait un geste avec le pouce sous le menton en signe de défi.)
Gadafi (au coprince et à la fausse Carlotta)
J’avoue ne pas comprendre ces terres de faux semblants
Où sans rien entreprendre on renie ses serments.
Le coprince
Hé … c’est la démocratie, mon brave Gadafi.
Tu cours par ici,
Par là tu te défais.
Plus tu es épuisé plus le peuple à la paix
Et plus tu es pressé plus tu dois poireauter.
Ecoute ton conseiller …
(il se désigne du doigt)
Ta méthode est plantée.
Gadafi
Votre vie se résume à des parcours fléchés.
Vos gloires sont des écumes, vos destins sont mort-nés.
Toi-même, qui dis régner, tu n’es que le laquais
De sondages d’opinions.
Cécilina (fausse Carlotta, ne parvenant plus à contrefaire sa voix)
Mêle-toi de tes oignons !
(Gadafi, interloqué, regarde à nouveau sa balise, il est de plus en plus méfiant.)
Le coprince (la calmant d’un geste)
C’est vrai,
Mes positions varient au gré des circonstances.
Comme le bon roi Henri qui aimait tant la France
Je plie devant Paris et mon ventre fait la danse.
(Il bouge le bassin puis se met à tourner sur lui-même.)
Le matin tout va bien
Et je suis plein d’entrain,
Je me réveille de gauche.
Mais dès que midi vient et que j’ai fréquenté
Ces épuisants terriens déjà je ronge mon frein.
Je suis un peu plus triste, on me dira centriste.
En fin d’après-midi, quand sonne l’heure du whisky,
Et que j’ai pu jauger la piètre humanité
C’est à coup sûr de droite qu’il faudra me classer.
Puis quand vient la soirée, que plus rien ne résiste
Dans ce monde d’illusions, on me verra fasciste.
Il est temps de dormir car si je m’emportais
C’est dans tous ces gros tas … (il balaie le public de la main)
Que je ferais tirer !
Gadafi
C’est vrai,
Tu serais plus heureux en te laissant aller
Et en faisant buter les deux ou trois morveux
Qui t’ont escagassé dans ces tristes journées.
Moi, c’est ce que je fais.
Le coprince (à Gadafi, en confidence)
Je peux te rassurer, le sort en est jeté.
Je viens bientôt suspendre ce triste état de droit.
Cela va les surprendre, mais il faudra bien ça
Pour que toutes mes réformes leur redonnent la forme.
Mon plan est un secret absolument gardé.
Moi-même, quand j’y pense, j’en suis comme effrayé !
(Se ravisant soudain et portant la main à la bouche.)
Bon dieu qu’ai-je avoué ?
Gadafi (au coprince, désignant la fausse Carlotta)
Mon soutien t’est acquis si tu lui donnes la quille.
Quand tes forces obscures en auront triomphé
De toutes les sinécures de ta principauté,
Qu’elles seront liquidées, nous serons fous alliés.
Cécilina (fausse Carlotta à Gadafi)
Tu es le plus lassant des despotes d’Orient.
Entends-tu j’ai dit : non !
A ta sotte affection
Carlotta (fausse Cécilina, s’énervant et ne contrôlant plus son intonation)
Moumour, tu dois comprendre que
L’heure n’est pas venue de mettre tout à nu !
Gadafi (De plus en plus incrédule, à lui-même et regardant sa balise à nouveau.)
Ce timbre m’est connu.
Ce style m’avait ému dans un passé tout proche.
Y-aurait-il anicroche ?
(Aux autres)
Puisque la déraison dicte vos positions
Les dés seront jetés et la France embrasée !
(Parlant à sa bague)
C’est bon tu peux y aller.
(Entre soudain par une corde venant du plafond Caroline Schpountz dans un nuage de fumée en uniforme de Catwoman avec un masque qui laisse presque tout voir.)
Caroline
C’est moi, supercanon !
Vous trois votre compte est bon.
(Elle sort une bombe fumigène qui fait s’évanouir le coprince puis les deux sœurs.)
Un, deux, trois.
Gadafi
Chat alors !
(Il lui tire sur la queue)
(à Caroline, désignant les Tigresses)
J’en veux quatre au modèle
Pour mes fières demoiselles.
On peut être despote sans négliger la mode.
Mussolini lui-même portait la redingote
Un poil trop cintrée quand il fut en Lybie.
J’essaie de l’imiter.
Caroline (reprenant méchamment sa queue)
Elles seront sur ta note.
Gadafi
Embarquons maintenant ma violente passion.
Mais j’ai eu un déclic et vais jeter un œil
Par-dessous sa tunique sans froisser son orgueil.
(Il soulève la tunique de la fausse Carlotta puis la repose, en haussant les épaules)
Pourtant, c’était bien elle, un signe ne trompe pas.
C’est qu’elle était rebelle ou faisait un faux pas.
(Il fait un signe de la tête aux Tigresses qui sortent un grand sac et approchent de Cécilina, la lumière baisse.)