GADAFI A PARIS
Politicomédie en 4 actes et un entracte
Rôles
Colonel Gadafi - Sauveur suprême de Cyrénaïque et Tripolitaine.
Nicolas Sara-Cosi - Coprince d’Andorre et chanoine de Saint-Jean-de-Latran
Cécilina et Carlotta – Sœurs jumelles nées sous le signe du Scorpion ; très proches amies du coprince
Sganeron – Majordome du coprince et agent terriblement secret
Bernard Touchter - Etrange ministre des affaires
Aïcha, Samia, Soraya, Asma - Gardiennes du corps du Colonel Gadafi
Rana Male - Secrétaire d’Etat à l’amitié
Samuel Martinet - Porte parole du coprince
Marjolaine Ducal - Leadeuse de l’opposition
Roland des Bris - Président de l’Assemblée sénatoriale
Eglantin d’Esprit et Philippe Perron - Correspondants de presse
Caroline Schpountz - Marchande de canons
Océane - Gendarme de faction à l’Elysée
Albert, Robert, Herbert - Serveurs à l’Elysée
Le chœur des espions - Le chœur des diplomates - Le chœur des journalistes
Acte 1
Scène 1
(La scène se passe à l’Elysée dans un salon, on découvre Sganeron puis Océane)
Sganeron (cherchant à se cacher)
Bon sang, dans quel bourbier me suis-je encore fourré ?
Un agent si secret qu’il en est oublié
Par l’employeur discret qui l’a jadis nommé.
Le jour où, de trépas, mon chef s’en alla,
Partit dans son tombeau l’ordre de mon bureau
D’infiltrer l’Elysée de la cave au drapeau.
Hélas me voilà seul, sans mission, sans écrit
Sans aucun alibi, je risque d’être pris.
Si Dieu m’avait fait veule, je pousserais un cri.
(Il pousse un cri)
Sganeron
Ah ! Oh là ! Qui va là ?
Océane
Que disais-tu félon ?
Tel un caméléon je te découvre
Et ton secret s’entrouvre.
Ainsi la DST t’a fait son employé ?
Je te croyais laquais, je te vois espionner.
Sganeron (portant sa main à son front)
Que m’importe aujourd’hui si je suis démasqué.
La vie n’est plus possible, je tremble sans arrêt,
Si le coprince découvre pour qui je suis planqué
Aux eaux de Brégançon j’irai servir d’hameçon.
Océane
Ma foi, tu es dans de beaux draps.
Je te tiens donc, coquin, scélérat, fier-à-bras.
Car je me doutais bien que tu faisais le rat,
Qu’en la pénombre froide des fastes du pouvoir
Tu épiais les puissants et truffait les couloirs
De micro-caméras et autres faux miroirs.
Sganeron
Alors, me voilà cuit !
Telle que je te connais
Dans une heure tout au plus je serais dénoncé.
Océane
Et bien … j’ai quelque peine à croire qu’un homme si costaud,
Si prompt à faire le beau, s’allonge sur le dos,
Frappé de désespoir.
Voyez-vous ce fripon, caché sous mon jupon ?
Ce fougueux Matamore, donné bientôt pour mort ?
Sganeron
Un jupon ? Sauf erreur brigadier, vous êtes en pantalon.
Océane
C’est vrai, telle est la loi de l’administration.
Sache que je la regrette car j’ai de belles gambettes.
Sganeron (approchant d’elle)
J’ai déjà remarqué en te serrant de près
Qu’aux endroits stratégiques tu es un bien beau flic.
Océane (approchant aussi)
La nature m’a gâtée, je ne puis le nier,
Et mes collègues au poste dès qu’ils le peuvent m’accostent.
Sganeron (la saisissant par la taille)
(à part) Je sais comment sortir de ce fort mauvais pas.
(à Océane) Dis-moi tout bas : prends-moi ! Et je suis tout à toi.
Tes caprices salaces briseront toutes les glaces.
Océane (à part)
Inutile de moufter, sachons donc profiter
De cette belle santé, mâle opportunité.
(Ils tombent dans les bras l’un de l’autre et s’étreignent.
La lumière s’éteint.)
( A suivre ... )