Tout d'abord, courrez à l'exposition sur l'art et le chamanisme en Equateur que le musée du Quai Branly généreusement vous a concoctée.
La qualité et le raffinement des oeuvres exposées, qui viennent toutes des grands musées équatoriens, est époustouflante. L'art équatorien a longtemps été négligé même par les amateurs d'antiquités précolombiennes. On se demande pourquoi, sans doute parce que le Mexique ou le Pérou modernes étaient plus grands, mieux connus et plus prestigieux. On réalise à quel point cet art n'avait pas grand chose à envier aux créations européennes ou orientales de la même époque, entre les cinquièmes siècles avant et après Jésus-Christ, au moins dans le domaine de la sculpture. A la fois réalistes, poétiques, étonnantes, déroutantes, inattendues, pleines d'humanité : ces pièces, pour la plupart des terres cuites, sont irréelles de sophistication et de beauté simple.
On retrouve le sentiment de Dürer, découvrant les premières oeuvres ramenées par les conquérants espagnols et pleurant d'émotion devant des figurines qu'il attribuait "à des fées, à des dieux".
Le chamane est une sorte de prêtre, un pont, un passeur entre les mondes spirituel et matériel, entre le charnel et le cosmique. Il aidait les hommes à ne pas craindre les forces qu'ils ne comprenaient pas, si besoin en mâchant et ingérant des psychotropes.
Les formes animales et humaines se mêlaient alors dans leurs regards, les traits s'accentuaient et se déformaient et chacun partageait des visions oniriques sans plus ressentir d'appréhension ou de douleur. Sous le doigt du sculpteur les bestiaires les plus incroyables prenaient vie, les hommes se projetaient dans le monde et s'en pénétraient sans plus rien redouter. C'était une communion au sens religieux du terme, une vraie théologie de la libération par l'art, la prière et la drogue. Ils n'ont pas attendu la pop' !
La qualité et le raffinement des oeuvres exposées, qui viennent toutes des grands musées équatoriens, est époustouflante. L'art équatorien a longtemps été négligé même par les amateurs d'antiquités précolombiennes. On se demande pourquoi, sans doute parce que le Mexique ou le Pérou modernes étaient plus grands, mieux connus et plus prestigieux. On réalise à quel point cet art n'avait pas grand chose à envier aux créations européennes ou orientales de la même époque, entre les cinquièmes siècles avant et après Jésus-Christ, au moins dans le domaine de la sculpture. A la fois réalistes, poétiques, étonnantes, déroutantes, inattendues, pleines d'humanité : ces pièces, pour la plupart des terres cuites, sont irréelles de sophistication et de beauté simple.
On retrouve le sentiment de Dürer, découvrant les premières oeuvres ramenées par les conquérants espagnols et pleurant d'émotion devant des figurines qu'il attribuait "à des fées, à des dieux".
Le chamane est une sorte de prêtre, un pont, un passeur entre les mondes spirituel et matériel, entre le charnel et le cosmique. Il aidait les hommes à ne pas craindre les forces qu'ils ne comprenaient pas, si besoin en mâchant et ingérant des psychotropes.
Les formes animales et humaines se mêlaient alors dans leurs regards, les traits s'accentuaient et se déformaient et chacun partageait des visions oniriques sans plus ressentir d'appréhension ou de douleur. Sous le doigt du sculpteur les bestiaires les plus incroyables prenaient vie, les hommes se projetaient dans le monde et s'en pénétraient sans plus rien redouter. C'était une communion au sens religieux du terme, une vraie théologie de la libération par l'art, la prière et la drogue. Ils n'ont pas attendu la pop' !
Quand vous serez remis de vos émotions esthétiques allez donc vous changer les idées au cinéma avec "Ave Caesar" (en latin sur la pellicule), dernier produit des frères Cohen. Ces derniers avaient, dans leurs précédents films, un recours parfois abusif aux procédés téléphonés et une forme de condescendance pour leurs personnages.
Ce défaut a disparu, il y a une grande connaissance du cinéma de l'âge d'or d'Hollywood, une infinie tendresse pour ses acteurs et un immense respect pour son professionnalisme. La reconstitution d'une scène de comédie musicale parfaite avec un réalisateur qui fait pourtant tout rejouer pour un infime détail saisit bien l'incroyable perfectionnisme qui régnait alors dans ces studios et qui caractérise encore quelquefois les productions de cette fabrique du rêve.
Tant qu'Hollywood tournera, l'Amérique règnera.
Ce défaut a disparu, il y a une grande connaissance du cinéma de l'âge d'or d'Hollywood, une infinie tendresse pour ses acteurs et un immense respect pour son professionnalisme. La reconstitution d'une scène de comédie musicale parfaite avec un réalisateur qui fait pourtant tout rejouer pour un infime détail saisit bien l'incroyable perfectionnisme qui régnait alors dans ces studios et qui caractérise encore quelquefois les productions de cette fabrique du rêve.
Tant qu'Hollywood tournera, l'Amérique règnera.