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Jean Bouin a des réserves ! (1)



Sitôt connu l'avis du commissaire enquêteur sur Jean Bouin, la mairie a claironné partout que son projet était validé.

C'était certainement avant d'avoir pris connaissance de l'intégralité du texte car ledit commissaire émet tellement de réserves que le dossier devrait être repris à zéro pour les lever.



Jean Bouin a des réserves ! (1)
Un mot d'abord sur cette étrange procédure. Imagine-t-on, en effet, qu'un seul individu, enquêtant 6 minuscules semaines, soit en charge de pondre un rapport sur un sujet aussi difficile et complexe ? Et bien c'est pourtant le cas ! La faiblesse des moyens humains et matériels de ces commissions et la brièveté des délais sont tels que la plupart des enquêtes publiques sont d'aimables plaisanteries et aboutissent quasi-systématiquement à des avis favorables. Les commissaires-enquêteurs se voudraient-ils les procureurs de toutes les insuffisances des projets qu'on leur soumet qu'ils ne seraient pas de taille à affronter des collectivités publiques décidées à les faire aboutir, aussi mauvais soient-ils.

Dans le cas de Jean Bouin, M. Passepont, le commissaire enquêteur, a fait pourtant preuve d'un courage certain. Certes son avis est favorable. Mais si l'on met bout à bout toutes ses réserves, la ville n'a plus qu'à reprendre intégralement sa copie. Du reste son rapport, d'abord mis en page d'accueil sur le site Paris.fr, a rapidement été relégué dans ses tréfonds informatiques !

Le commissaire enquêteur demande d'abord que l'impact du projet sur la rue Nungesser et Coli soit modifié, notamment en termes d'ensoleillement, de circulation et stationnement. Pas évident quand on connaît l'étroitesse de cette artère qui compte d'ailleurs un immeuble classé construit par Le Corbusier.

Il exige, perfidement et préalablement, la levée des obstacles administratifs et financiers pour le relogement des scolaires et amateurs. On sait qu'ils sont inextricables puisque Delanoë veut investir des sites protégés, dans le bois de Boulogne, pour y mettre ses installations de fortune.

il doute ostensiblement de la surface en béton maillé que l'architecte Rucciotti veut installer et multiplie les questions techniques à ce sujet.

Il demande que la ville reprenne ses estimations des coûts et bénéfices du nouvel équipement dont nos lecteurs savent qu'ils sont entièrement pipeautés.

Il va même jusqu'à remettre en cause le système de ventilation de l'édifice, problème majeur de sécurité !

Comme l'écrit M. Passepont, en tant que commissaire enquêteur, il ne lui revient pas de remettre en cause le principe même du choix de démolir Jean Bouin, qui relève de la municipalité. Mais, pour ce qui est des conséquences de ce choix, c'est un vrai hallali qui résonne dans son rapport.

Décidément, le Jean Bouin de Guazzini et Delanoë n'est pas près de voir le jour !


Samedi 21 Novembre 2009
Serge Federbusch





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