Avertissement : cet urinoir est un nonagénaire, respectez-le !
L'artiste, attribuons lui ce qualificatif qui accède pour l'occasion au statut de sobriquet, se nomme Elaine Sturtevant. Sa recette est simple. Elle mixe les codes génétiques du dadaïsme et de la société du spectacle pour produire, sous prétexte qu'il s'agit de vision critique, des sortes de rééditions taille XXL d'oeuvres iconiques du XXème siècle. Que de X, mamma mia ! On voit ainsi une collection de ready-made de Marcel Duchamp exposée sous un plafond de sacs d'emballage. Ce hoquet, qui n'apporte rien au schmilblick du surréalisme, a pour ambition, selon l'auteur : "d'abriter le silence des totalités et de créer une pure distance face au Moi". La distance est immense en effet ...
Dans cette exposition, tout n'est que discours creux, une rustine posée sur le vide. L'accumulation de formules imbéciles, dès qu'il s'agit d'expliquer le pourquoi du comment, ne laisse aucun doute sur l'escroquerie dont la ville de Paris est victime. Citons l'exergue de l'exposition, un chef d'oeuvre du genre : "l'espace en soi est considéré comme un objet : un choix déterminé et une mise en place qui engendrent à leur tour une force de réalisation et de création : une tension extrême, bousculant la dynamique de la lumière, du son et du mouvement. Pour provoquer la pensée." Les invités qui s'ébrouaient le soir du vernissage dans les couloirs du Palais de Tokyo, perplexes devant un film montrant un chien géant courant après un os invisible, cherchaient surtout à entretenir leurs réseaux microcosmiques. Ils n'étaient en rien provoqués mais décontenancés et ballants.
Heureusement, Sturtevant nous a réservé sa surprise de la cheftaine : "House of horrors", un mini train fantôme installé au beau milieu du parcours. Et là, c'était un franc succès : une heure d'attente pour monter dans la voiture qui, en à peine une minute, faisait le parcours. Bien décidé à s'épargner ce pensum, Serge Federbusch, notre envoyé spécial grimé ce soir là en galériste, eut l'idée de se poster à la sortie du train fantôme et de poser deux questions simples à celles et ceux qui s'extrayaient de l'attraction : "qu'avez-vous vu, en quoi est-ce différent d'un train fantôme ordinaire ?" Et là, consternation : "j'sais pas", "y a des références artistiques", "c'est dur, y a des cadavres et des têtes coupées", "aucune" (réponse des plus cultivés). Bref, l'immense majorité du public n'est pas allé dans une fête foraine, ne sait pas pourquoi il a tant poireauté, est incapable de décrire ce qu'il a vu ou ce qu'il y a à voir, semble-t-il des références à Paul Mc Carthy. Certains répondirent même de manière agressive, faute de pouvoir s'avouer qu'ils avaient perdu leur temps : "allez-y vous même!" -"mais je n'ai pas envie de faire la queue!"- "alors tant pis pour vous!"
Le plus drôle fut l'interview d'un interviewer : un dénommé Julien Lepers, professionnel de la téloche, et qui venait y tourner sa petite séquence du spectateur. A la même interrogation, qui fut pourtant formulée avec courtoisie, il répondit en tutoyant avec mépris notre reporter : "vas-y pose ta question ... quelle différence ? ... c'est un train fantôme quoi ..." et tourna les talons à la recherche de sa caméra.
Cette exposition marque une date importante : désormais un pont est construit entre les baraques de Campion sur les Champs-Elysées et l'attrape-branchetouille du Palais de Tokyo. Le delanoisme culturel a produit la sublime synthèse à laquelle il tend depuis une décennie.
Merci au musée d'art moderne de la ville et, plus encore, aux contribuables qui l'entretiennent, pour ce grand moment de vie culturelle. Ah, au fait, "The razzle Dazzle of thinking" a une traduction française : "la pensée tape-à-l'oeil" ... de la pure récupération, dans tous les sens du terme.
Dans cette exposition, tout n'est que discours creux, une rustine posée sur le vide. L'accumulation de formules imbéciles, dès qu'il s'agit d'expliquer le pourquoi du comment, ne laisse aucun doute sur l'escroquerie dont la ville de Paris est victime. Citons l'exergue de l'exposition, un chef d'oeuvre du genre : "l'espace en soi est considéré comme un objet : un choix déterminé et une mise en place qui engendrent à leur tour une force de réalisation et de création : une tension extrême, bousculant la dynamique de la lumière, du son et du mouvement. Pour provoquer la pensée." Les invités qui s'ébrouaient le soir du vernissage dans les couloirs du Palais de Tokyo, perplexes devant un film montrant un chien géant courant après un os invisible, cherchaient surtout à entretenir leurs réseaux microcosmiques. Ils n'étaient en rien provoqués mais décontenancés et ballants.
Heureusement, Sturtevant nous a réservé sa surprise de la cheftaine : "House of horrors", un mini train fantôme installé au beau milieu du parcours. Et là, c'était un franc succès : une heure d'attente pour monter dans la voiture qui, en à peine une minute, faisait le parcours. Bien décidé à s'épargner ce pensum, Serge Federbusch, notre envoyé spécial grimé ce soir là en galériste, eut l'idée de se poster à la sortie du train fantôme et de poser deux questions simples à celles et ceux qui s'extrayaient de l'attraction : "qu'avez-vous vu, en quoi est-ce différent d'un train fantôme ordinaire ?" Et là, consternation : "j'sais pas", "y a des références artistiques", "c'est dur, y a des cadavres et des têtes coupées", "aucune" (réponse des plus cultivés). Bref, l'immense majorité du public n'est pas allé dans une fête foraine, ne sait pas pourquoi il a tant poireauté, est incapable de décrire ce qu'il a vu ou ce qu'il y a à voir, semble-t-il des références à Paul Mc Carthy. Certains répondirent même de manière agressive, faute de pouvoir s'avouer qu'ils avaient perdu leur temps : "allez-y vous même!" -"mais je n'ai pas envie de faire la queue!"- "alors tant pis pour vous!"
Le plus drôle fut l'interview d'un interviewer : un dénommé Julien Lepers, professionnel de la téloche, et qui venait y tourner sa petite séquence du spectateur. A la même interrogation, qui fut pourtant formulée avec courtoisie, il répondit en tutoyant avec mépris notre reporter : "vas-y pose ta question ... quelle différence ? ... c'est un train fantôme quoi ..." et tourna les talons à la recherche de sa caméra.
Cette exposition marque une date importante : désormais un pont est construit entre les baraques de Campion sur les Champs-Elysées et l'attrape-branchetouille du Palais de Tokyo. Le delanoisme culturel a produit la sublime synthèse à laquelle il tend depuis une décennie.
Merci au musée d'art moderne de la ville et, plus encore, aux contribuables qui l'entretiennent, pour ce grand moment de vie culturelle. Ah, au fait, "The razzle Dazzle of thinking" a une traduction française : "la pensée tape-à-l'oeil" ... de la pure récupération, dans tous les sens du terme.