La chose est peu connue mais il existe, sur la butte la plus célèbre du monde, un reste de végétation sauvage dit maquis de Montmartre, donnant sur la rue Norvins. Autrefois accessible au public, il fut fermé pour d’obscures raisons liées au plan Vigipirate. Ce petit morceau de verdure indomptée joue hélas de malchance car la mairie s’est mise en tête d’y aménager un square propret et policé. Dans cet espace d’à peine 600 mètres carrés qui ne demande qu’à ce qu’on le laisse tranquille et qui pourrait être rouvert sans aménagement particulier comme il le fut jadis, elle envisage donc de respecter tous les règlements d’aujourd’hui sur le gardiennage, l’entreposage de matériel, l’accessibilité aux handicapés et va même jusqu’à évoquer … la présence de toilettes.
Petit problème : dans le sol de ce maquis gisent les restes de combattants de la Commune de Paris, entassés dans des charniers et recouverts de chaux-vive après leur mort sous les balles des Versaillais. Outrés de ce projet sacrilège d’autant plus incongru qu’il émane d’une mairie de « gauche », des Montmartrois férus d’histoire ont créé un collectif et dénoncent : « la scarification du dernier maquis montmartrois ». Ils pointent le fait que le quartier possède déjà deux squares à moins de 50 mètres : Suzanne Buisson et Constantin Pecqueur et que la taille très faible de l’espace vert envisagé rend peu probable la visite de cet endroit par les touristes, un des arguments utilisés par la mairie.
Toulouse-Lautrec, Renoir, Utrillo et Modigliani hantèrent ce lieu et Gérard de Nerval en évoqua un jour la poésie. Mais la froide réglementation des parcs et jardins, appliquée sans discernement par des édiles qu’on préfèrerait élus en Béotie, entend l’aseptiser. Et, puisque nous sommes dans le souvenir littéraire, donnons le mot de la fin (provisoire, espérons-le) à Ronsard : « j’aime fort les jardins qui sentent le sauvage ».
Petit problème : dans le sol de ce maquis gisent les restes de combattants de la Commune de Paris, entassés dans des charniers et recouverts de chaux-vive après leur mort sous les balles des Versaillais. Outrés de ce projet sacrilège d’autant plus incongru qu’il émane d’une mairie de « gauche », des Montmartrois férus d’histoire ont créé un collectif et dénoncent : « la scarification du dernier maquis montmartrois ». Ils pointent le fait que le quartier possède déjà deux squares à moins de 50 mètres : Suzanne Buisson et Constantin Pecqueur et que la taille très faible de l’espace vert envisagé rend peu probable la visite de cet endroit par les touristes, un des arguments utilisés par la mairie.
Toulouse-Lautrec, Renoir, Utrillo et Modigliani hantèrent ce lieu et Gérard de Nerval en évoqua un jour la poésie. Mais la froide réglementation des parcs et jardins, appliquée sans discernement par des édiles qu’on préfèrerait élus en Béotie, entend l’aseptiser. Et, puisque nous sommes dans le souvenir littéraire, donnons le mot de la fin (provisoire, espérons-le) à Ronsard : « j’aime fort les jardins qui sentent le sauvage ».