Dans le sympathique théâtre Dejazet, Annick Lepetit, adjointe aux transports et à la voirie, encadrée pour l’occasion des maires des 3ème, 10ème et 11ème arrondissements et surveillée du coin de l’œil par Tony Dreyfus, député des environs, était venue tâter le terrain pour son projet d’aménagement de la place de la république.
La technique de la concertation delanoienne est désormais rôdée : on fait semblant de ne pas avoir d’idée préconçue, on lance un appel à débat dont on espère qu’il sera le plus confus possible et puis, profitant du brouillard, on passe à l’attaque avec un projet sorti de derrière les fagots et retouchable uniquement à la marge, histoire de faire croire aux Pékins qu’ils ont eu leur mot à dire. Parlez-en aux associations qui suivent le dossier des Halles, elles vous l’expliqueront.
Pour la place de la République, la manip’ est cousue de fil blanc : des comptages de trafic automobile effectués par la direction de la voirie démontreraient que le flux piéton est plus important que le trafic automobile, notamment dans la traverse nord-sud, c'est-à-dire de la rue du Faubourg du Temple à la rue du Temple. Puisque la chaussée est plus large que le trottoir, la conclusion s’impose d’elle-même : il faudra réduire l’espace dévolu aux véhicules et augmenter celui donné aux piétons. La « solution » sera alors tout trouvée : réunir les deux squares centraux en incluant la statue, verduriser le tout car c’est à la mode et l’agrémenter de l’inévitable piste cyclable, autre grand classique du conformisme urbain contemporain.
Le grand hic, c’est qu’il suffit de se poster ne fût-ce qu’un quart d’heure au débouché de la rue du Temple ou de celle du Faubourg du Temple pour y constater que le trafic y est très dense. Les chiffres donnés par la mairie (présentés en moins de quinze secondes montre en main !), sont pour le moins étranges. Seul un comptage sur une période assez longue et effectué par un organisme indépendant permettrait d'en avoir le coeur net.
Pourtant, tout va dériver de cet « audit » du trafic. D’ici trois mois, la concertation sur les principes généraux du projet sera achevée. Un concours sera lancé afin que des équipes d’architectes, de paysagistes et d’urbanistes fassent des propositions. Mais la partition qu’elles devront jouer sera déjà écrite par la mairie. En réalité, la contrainte à laquelle Lepetit & Co sont les plus attentifs est que les travaux soient achevés en 2013, avec l’espoir évident que la fureur qu’ils causeront soit retombée avant les prochaines élections municipales.
Toutes ces simagrées posent en réalité de graves problèmes.
D’abord, ne convier à la réunion que les maires des arrondissements qui bordent la place alors que le sujet concerne tout Paris révèle une stratégie purement « riverainiste » en matière de concertation. Les protestations de tous ceux qui utilisent la République pour traverser Paris seront noyées dans le loco-localisme.
Ensuite, la captation des informations techniques par la mairie ne permet pas un réel débat. Il est absolument indispensable qu’on sache la vérité sur les conditions réelles de circulation avant toute décision.
Enfin, l’occultation complète de la dimension financière du projet, alors que les caisses municipales sont vides, est tout bonnement surréaliste. Imaginez un commerce vous demandant de choisir entre plusieurs produits sans vous en donner le prix…
Heureusement pour Paris, son peuple n’a pas perdu tout bon sens. Et, au grand dam des hiérarques juchés sur leur estrade, une fois leur exposé achevé ce fut, dans le jeu des questions et des réponses, un concert de mises en garde et de critiques dans l’assistance. L’est parisien étant considéré comme un terrain conquis par les socialistes locaux, la surprise se lisait sur leurs visages. Bon début …
De toutes les judicieuses remarques entendues, nous n’en retiendrons qu’une, formulée par une dame qui, si elle nous lit et se reconnaît, pourra nous contacter : il y a quelques années, la traversée Nord-Sud par les automobiles avait été condamnée durant un peu plus d’une semaine. Le chaos fut tel, sur la place et les boulevards qui y mènent, que la mairie dut faire machine arrière en catastrophe.
La raison la plus élémentaire milite donc pour que des expérimentations soient conduites avant toute décision de principe.
Car, sur le fond, la place de la République n’a pas besoin d’être réaménagée mais seulement rénovée. Qui fait l’effort de se promener sur les deux fameux terre-pleins centraux, voit tout de suite que les grillages des espaces verts sont cassés, que les gazons et les arbres sont négligés, que des véhicules de la RATP stationnent indûment sur les trottoirs, qu’un kiosque et un manège paraissent délaissés et que des SDF ont profité de cette négligence municipale pour s’y installer à demeure. La première solution consiste donc à réparer et rénover ce qui doit l’être : grilles, pelouses, sols, etc. ainsi qu’à libérer l’espace en déplaçant les voitures de la RATP et en trouvant un autre endroit que ce lieu précaire et hostile pour y loger dignement les SDF.
Une fois cette restauration faite, il faudra améliorer l’accès au centre de la place par un simple aménagement du souterrain du métro qui y mène d’ores et déjà. A tout prendre, l’installation aux frais des Parisiens de quatre à huit escaliers mécaniques performants vaut mieux et sera incommensurablement moins coûteuse que le chaos qui résulterait de la coupure de la circulation Nord-Sud.
Pour la République, la vigilance la plus grande est de mise, d’autant que l’appareil de propagande municipale est déjà passé à l’action. Le dossier envoyé à la presse après la réunion ne reflète en effet en rien les objections et les interrogations entendues ce soir là.
Coup de chance : un lecteur assidu du Delanopolis, un certain Federbusch, se trouve être élu du 10ème arrondissement. Nous l’avons naturellement saisi de ce problème. Il nous a juré qu’il allait s’en occuper personnellement. Attention mon gaillard, si c’est encore une promesse de politicien, la vengeance du Delanopolis sera terrible !
La technique de la concertation delanoienne est désormais rôdée : on fait semblant de ne pas avoir d’idée préconçue, on lance un appel à débat dont on espère qu’il sera le plus confus possible et puis, profitant du brouillard, on passe à l’attaque avec un projet sorti de derrière les fagots et retouchable uniquement à la marge, histoire de faire croire aux Pékins qu’ils ont eu leur mot à dire. Parlez-en aux associations qui suivent le dossier des Halles, elles vous l’expliqueront.
Pour la place de la République, la manip’ est cousue de fil blanc : des comptages de trafic automobile effectués par la direction de la voirie démontreraient que le flux piéton est plus important que le trafic automobile, notamment dans la traverse nord-sud, c'est-à-dire de la rue du Faubourg du Temple à la rue du Temple. Puisque la chaussée est plus large que le trottoir, la conclusion s’impose d’elle-même : il faudra réduire l’espace dévolu aux véhicules et augmenter celui donné aux piétons. La « solution » sera alors tout trouvée : réunir les deux squares centraux en incluant la statue, verduriser le tout car c’est à la mode et l’agrémenter de l’inévitable piste cyclable, autre grand classique du conformisme urbain contemporain.
Le grand hic, c’est qu’il suffit de se poster ne fût-ce qu’un quart d’heure au débouché de la rue du Temple ou de celle du Faubourg du Temple pour y constater que le trafic y est très dense. Les chiffres donnés par la mairie (présentés en moins de quinze secondes montre en main !), sont pour le moins étranges. Seul un comptage sur une période assez longue et effectué par un organisme indépendant permettrait d'en avoir le coeur net.
Pourtant, tout va dériver de cet « audit » du trafic. D’ici trois mois, la concertation sur les principes généraux du projet sera achevée. Un concours sera lancé afin que des équipes d’architectes, de paysagistes et d’urbanistes fassent des propositions. Mais la partition qu’elles devront jouer sera déjà écrite par la mairie. En réalité, la contrainte à laquelle Lepetit & Co sont les plus attentifs est que les travaux soient achevés en 2013, avec l’espoir évident que la fureur qu’ils causeront soit retombée avant les prochaines élections municipales.
Toutes ces simagrées posent en réalité de graves problèmes.
D’abord, ne convier à la réunion que les maires des arrondissements qui bordent la place alors que le sujet concerne tout Paris révèle une stratégie purement « riverainiste » en matière de concertation. Les protestations de tous ceux qui utilisent la République pour traverser Paris seront noyées dans le loco-localisme.
Ensuite, la captation des informations techniques par la mairie ne permet pas un réel débat. Il est absolument indispensable qu’on sache la vérité sur les conditions réelles de circulation avant toute décision.
Enfin, l’occultation complète de la dimension financière du projet, alors que les caisses municipales sont vides, est tout bonnement surréaliste. Imaginez un commerce vous demandant de choisir entre plusieurs produits sans vous en donner le prix…
Heureusement pour Paris, son peuple n’a pas perdu tout bon sens. Et, au grand dam des hiérarques juchés sur leur estrade, une fois leur exposé achevé ce fut, dans le jeu des questions et des réponses, un concert de mises en garde et de critiques dans l’assistance. L’est parisien étant considéré comme un terrain conquis par les socialistes locaux, la surprise se lisait sur leurs visages. Bon début …
De toutes les judicieuses remarques entendues, nous n’en retiendrons qu’une, formulée par une dame qui, si elle nous lit et se reconnaît, pourra nous contacter : il y a quelques années, la traversée Nord-Sud par les automobiles avait été condamnée durant un peu plus d’une semaine. Le chaos fut tel, sur la place et les boulevards qui y mènent, que la mairie dut faire machine arrière en catastrophe.
La raison la plus élémentaire milite donc pour que des expérimentations soient conduites avant toute décision de principe.
Car, sur le fond, la place de la République n’a pas besoin d’être réaménagée mais seulement rénovée. Qui fait l’effort de se promener sur les deux fameux terre-pleins centraux, voit tout de suite que les grillages des espaces verts sont cassés, que les gazons et les arbres sont négligés, que des véhicules de la RATP stationnent indûment sur les trottoirs, qu’un kiosque et un manège paraissent délaissés et que des SDF ont profité de cette négligence municipale pour s’y installer à demeure. La première solution consiste donc à réparer et rénover ce qui doit l’être : grilles, pelouses, sols, etc. ainsi qu’à libérer l’espace en déplaçant les voitures de la RATP et en trouvant un autre endroit que ce lieu précaire et hostile pour y loger dignement les SDF.
Une fois cette restauration faite, il faudra améliorer l’accès au centre de la place par un simple aménagement du souterrain du métro qui y mène d’ores et déjà. A tout prendre, l’installation aux frais des Parisiens de quatre à huit escaliers mécaniques performants vaut mieux et sera incommensurablement moins coûteuse que le chaos qui résulterait de la coupure de la circulation Nord-Sud.
Pour la République, la vigilance la plus grande est de mise, d’autant que l’appareil de propagande municipale est déjà passé à l’action. Le dossier envoyé à la presse après la réunion ne reflète en effet en rien les objections et les interrogations entendues ce soir là.
Coup de chance : un lecteur assidu du Delanopolis, un certain Federbusch, se trouve être élu du 10ème arrondissement. Nous l’avons naturellement saisi de ce problème. Il nous a juré qu’il allait s’en occuper personnellement. Attention mon gaillard, si c’est encore une promesse de politicien, la vengeance du Delanopolis sera terrible !