Et cet éclairage du jour pour le Figaro :
"A ceux qui se seraient désintéressés de l'actualité politique parisienne de ces quatorze dernières années, on résumera la situation en leur disant qu'une association de politiciens clientélistes s'est emparée d'un magot à Paris, en 2001, pour bâtir une sorte de principauté socialisante. Bénéficiant de l'aisance financière laissée par les Tibéri, pourtant tant décriés, quadruplant la dette de la ville, augmentant de 70 % les impôts et, surtout, surfant sur la hausse des prix de l'immobilier qui a rapporté plus de sept milliards d'euros inattendus aux caisses de la ville sous forme de droits de mutation, ils ont pu dilapider tant et plus en préemption d'immeubles, fêtes en tout genre et distribution d'argent aux associations amies.
Mais la fantasia chez les bobos est terminée : la bulle immobilière se dégonfle comme la baudruche delanoesque et ne laisse plus que le visage raplapla d'Hidalgo en butte à des équations budgétaires insolubles.
Cette folle équipée n'a guère produit de résultat architectural probant, alors pourtant que plus de dix milliards d'euros ont été dépensés en aménagements urbains ou de voierie douteux et projets ronflants comme les gouffres des Halles (plus d'un milliard d'euros à ce jour !), du 104, de la Gaieté Lyrique et autre Carreau du temple. Une fois passées les inaugurations à répétition, la presse s'intéresse moins au bilan de ces folies, c'est curieux.
La gauche, d'ordinaire, tente de faire bon ménage avec l'innovation architecturale. C'est une sorte de brevet de bonne conduite culturelle. L'affaire avait cette fois très mal démarré avec l'enterrement par Delanoë du superbe projet de l'architecte néerlandais Koolhaas aux Halles, en 2004. Par peur d'affronter le groupe Unibail, gestionnaire du centre commercial enkysté sur les lieux, Delanoë choisit cette année là l'offre concurrente médiocre d'un dénommé Mangin. Il tenta vainement de la faire enjoliver en confiant à l'architecte Berger le soin de redessiner le couvercle posé sur le chaudron de prolétaires qui bout en dessous, dans le RER et le métro. Tant que ces hères étaient tenus, s'ils voulaient accéder à l'air libre, de passer par les méandres du centre commercial, ma foi, l'essentiel était sauf pour cet étrange attelage socialo-capitaliste de connivence.
Horreur pour l'ex-maire, individu obsédé par la communication, cet arrangement douteux fut critiqué par Libération et Le Monde ! Pour la première et la dernière fois de ses deux mandatures : rassurez-vous ...
Il fallait donc trouver quelque part matière à grand geste audacieux afin de se refaire une réputation. Le complice des Halles, Unibail, fut sollicité deux ans plus tard pour la construction d'une tour soi-disant lumineuse, transparente, magnifique, innovante et écologique (n'ai-je rien oublié?) qui abriterait un hôtel, un musée et un centre international de conférence. Comme Unibail a davantage l'oeil rivé sur le cours de son action en bourse que sur la cote de popularité des socialistes parisiens, on le comprend, le groupe prit la précaution de n'accepter la construction de cette tour que sur une parcelle qui impacterait au minimum le fonctionnement du Parc des expositions de la porte de Versailles, qu'il gère via une filiale.
De là vient le vice fondamental de ce projet. Dans une ville basse, une tour de ce gabarit se verrait de très loin et il faut donc penser avec soin à son implantation.
La tour Montparnasse, par exemple, sans même discuter de son esthétique, est assez élancée vue depuis le rue de Rennes mais épouvantablement lourde si on la considère du Champ-de-Mars ou du jardin du Luxembourg. La tour Triangle créerait un cône incongru qu'on risque de voir en arrière-plan du dôme des Invalides, entre autre perspective détestable.
Serait-elle belle pour autant ? En tout cas, elle n'aurait certainement pas la fluidité et la transparence de la tour Eiffel, exemple que des partisans de mauvaise foi convoque à tout bout de champ. Remplie de bureaux et assez étroite, elle sera forcément opaque et les images vendues par ses promoteurs sont des mensonges.
De plus, pour des raisons de rentabilité, hôtel et centre de conférences ont disparu du programme alors que la question de sa desserte par des transports publics et privés, déjà sursaturés à cet endroit de Paris, est escamotée par la mairie. On comprend la bronca des riverains que les services de communication de Madame Hidalgo tentent de présenter comme des ringards. Mais les vrais passéistes sont ceux qui ont tué dans l'oeuf le renouvellement audacieux que le coeur de Paris aurait pu connaître en 2004. C'est le fantôme des Halles qui titille aujourd'hui Hidalgo dans le 15ème arrondissement. Et les vrais obscurantistes sont ceux qui veulent plonger tout le quartier de la porte de Versailles dans la pénombre de la tour.
Où en est-on désormais ? Habituée à ce que les gens plient devant ses oukases et ses manoeuvres, Hidalgo, en fait de tour Triangle, est en train de s'aventurer sur son chemin des Dames en politique. Elle n'a plus de majorité au Conseil de Paris et Unibail ne la soutient que mollement car cette tour, dans le marasme actuel du marché des bureaux en Île-de-France, ne serait absolument pas rentable.
Elle qui n'a que le mot de transparence à la bouche, la voilà organisant un vote à bulletin secret puis, phénomène inédit sur un dossier de cette ampleur, réclamant au tribunal administratif l'annulation d'un vote qui lui déplaît. Il faut dire que le cirque imaginé par Madame Kosziusko-Morizet, brandissant son bulletin devant les caméras, relève soit de l'amateurisme soit de la duplicité puisqu'il entache le scrutin d'un doute certain sur sa régularité formelle. On retrouve là les brillantes qualités que la députée de l'Essonne a montré durant sa campagne électorale, laissant Paris à gauche au beau milieu d'un raz-de-marée de la droite.
Bah, ce n'est pas grave, Hidalgo est assez grande pour s'autodétruire sur ce dossier. La tour Toblerone, comme je fus le premier à la désigner par référence à la nationalité de ses architectes et à sa forme, va la faire chocolat. Attendons simplement qu'elle fonde !"
"A ceux qui se seraient désintéressés de l'actualité politique parisienne de ces quatorze dernières années, on résumera la situation en leur disant qu'une association de politiciens clientélistes s'est emparée d'un magot à Paris, en 2001, pour bâtir une sorte de principauté socialisante. Bénéficiant de l'aisance financière laissée par les Tibéri, pourtant tant décriés, quadruplant la dette de la ville, augmentant de 70 % les impôts et, surtout, surfant sur la hausse des prix de l'immobilier qui a rapporté plus de sept milliards d'euros inattendus aux caisses de la ville sous forme de droits de mutation, ils ont pu dilapider tant et plus en préemption d'immeubles, fêtes en tout genre et distribution d'argent aux associations amies.
Mais la fantasia chez les bobos est terminée : la bulle immobilière se dégonfle comme la baudruche delanoesque et ne laisse plus que le visage raplapla d'Hidalgo en butte à des équations budgétaires insolubles.
Cette folle équipée n'a guère produit de résultat architectural probant, alors pourtant que plus de dix milliards d'euros ont été dépensés en aménagements urbains ou de voierie douteux et projets ronflants comme les gouffres des Halles (plus d'un milliard d'euros à ce jour !), du 104, de la Gaieté Lyrique et autre Carreau du temple. Une fois passées les inaugurations à répétition, la presse s'intéresse moins au bilan de ces folies, c'est curieux.
La gauche, d'ordinaire, tente de faire bon ménage avec l'innovation architecturale. C'est une sorte de brevet de bonne conduite culturelle. L'affaire avait cette fois très mal démarré avec l'enterrement par Delanoë du superbe projet de l'architecte néerlandais Koolhaas aux Halles, en 2004. Par peur d'affronter le groupe Unibail, gestionnaire du centre commercial enkysté sur les lieux, Delanoë choisit cette année là l'offre concurrente médiocre d'un dénommé Mangin. Il tenta vainement de la faire enjoliver en confiant à l'architecte Berger le soin de redessiner le couvercle posé sur le chaudron de prolétaires qui bout en dessous, dans le RER et le métro. Tant que ces hères étaient tenus, s'ils voulaient accéder à l'air libre, de passer par les méandres du centre commercial, ma foi, l'essentiel était sauf pour cet étrange attelage socialo-capitaliste de connivence.
Horreur pour l'ex-maire, individu obsédé par la communication, cet arrangement douteux fut critiqué par Libération et Le Monde ! Pour la première et la dernière fois de ses deux mandatures : rassurez-vous ...
Il fallait donc trouver quelque part matière à grand geste audacieux afin de se refaire une réputation. Le complice des Halles, Unibail, fut sollicité deux ans plus tard pour la construction d'une tour soi-disant lumineuse, transparente, magnifique, innovante et écologique (n'ai-je rien oublié?) qui abriterait un hôtel, un musée et un centre international de conférence. Comme Unibail a davantage l'oeil rivé sur le cours de son action en bourse que sur la cote de popularité des socialistes parisiens, on le comprend, le groupe prit la précaution de n'accepter la construction de cette tour que sur une parcelle qui impacterait au minimum le fonctionnement du Parc des expositions de la porte de Versailles, qu'il gère via une filiale.
De là vient le vice fondamental de ce projet. Dans une ville basse, une tour de ce gabarit se verrait de très loin et il faut donc penser avec soin à son implantation.
La tour Montparnasse, par exemple, sans même discuter de son esthétique, est assez élancée vue depuis le rue de Rennes mais épouvantablement lourde si on la considère du Champ-de-Mars ou du jardin du Luxembourg. La tour Triangle créerait un cône incongru qu'on risque de voir en arrière-plan du dôme des Invalides, entre autre perspective détestable.
Serait-elle belle pour autant ? En tout cas, elle n'aurait certainement pas la fluidité et la transparence de la tour Eiffel, exemple que des partisans de mauvaise foi convoque à tout bout de champ. Remplie de bureaux et assez étroite, elle sera forcément opaque et les images vendues par ses promoteurs sont des mensonges.
De plus, pour des raisons de rentabilité, hôtel et centre de conférences ont disparu du programme alors que la question de sa desserte par des transports publics et privés, déjà sursaturés à cet endroit de Paris, est escamotée par la mairie. On comprend la bronca des riverains que les services de communication de Madame Hidalgo tentent de présenter comme des ringards. Mais les vrais passéistes sont ceux qui ont tué dans l'oeuf le renouvellement audacieux que le coeur de Paris aurait pu connaître en 2004. C'est le fantôme des Halles qui titille aujourd'hui Hidalgo dans le 15ème arrondissement. Et les vrais obscurantistes sont ceux qui veulent plonger tout le quartier de la porte de Versailles dans la pénombre de la tour.
Où en est-on désormais ? Habituée à ce que les gens plient devant ses oukases et ses manoeuvres, Hidalgo, en fait de tour Triangle, est en train de s'aventurer sur son chemin des Dames en politique. Elle n'a plus de majorité au Conseil de Paris et Unibail ne la soutient que mollement car cette tour, dans le marasme actuel du marché des bureaux en Île-de-France, ne serait absolument pas rentable.
Elle qui n'a que le mot de transparence à la bouche, la voilà organisant un vote à bulletin secret puis, phénomène inédit sur un dossier de cette ampleur, réclamant au tribunal administratif l'annulation d'un vote qui lui déplaît. Il faut dire que le cirque imaginé par Madame Kosziusko-Morizet, brandissant son bulletin devant les caméras, relève soit de l'amateurisme soit de la duplicité puisqu'il entache le scrutin d'un doute certain sur sa régularité formelle. On retrouve là les brillantes qualités que la députée de l'Essonne a montré durant sa campagne électorale, laissant Paris à gauche au beau milieu d'un raz-de-marée de la droite.
Bah, ce n'est pas grave, Hidalgo est assez grande pour s'autodétruire sur ce dossier. La tour Toblerone, comme je fus le premier à la désigner par référence à la nationalité de ses architectes et à sa forme, va la faire chocolat. Attendons simplement qu'elle fonde !"