Après avoir claironné que le Grand-Œuvre de sa nouvelle mandature consisterait à financer 40.000 nouveaux logements sociaux d’ici 2014, Delanoë entend désormais toucher le marché locatif de sa baguette magique.
« En 2009, nous créerons une agence immobilière à vocation sociale de manière à épauler ceux des Parisiens qui n'ont pas ou trop insuffisamment accès au parc privé », a-t-il annoncé au conseil de Paris dans des vœux qui portent bien leur nom.
En quoi cette mesure miracle consistera-t-elle ? Cette agence « apportera aux propriétaires les garanties nécessaires pour que ceux de nos concitoyens qui ont des difficultés puissent accéder au parc privé ». Le magicien a en outre annoncé la création d'une aide, dénommée « Paris Logement », destinée aux Parisiens «qui consacrent autour de 30 % de leurs revenus à leurs loyers». Il a enfin indiqué que l'accès au microcrédit « expérimenté en 2008 dans plusieurs arrondissements », serait généralisé à toute la capitale «de manière à ce que même les plus pauvres de nos concitoyens qui n'ont pas accès aux crédits bancaires, puissent faire face, dans des conditions raisonnables, à du crédit à 2 % ».
Le Père Noël n’a qu’à bien se tenir.
Le gros hic, en effet, c’est que, sous des formes un peu différentes et d’autres noms, cette soi-disant politique nouvelle a déjà échoué lors de la mandature précédente. Qui se souvient du dispositif lancé à grand renfort de publicité en 2002 par la Siemp, une société d’économie mixte de la ville, afin de mobiliser les 136.000 logements considérés comme vacants dans le parc privé ? La ville voulait inciter les propriétaires privés à remettre leurs logements sur le marché des locations. Un mécanisme a donc été mis en place en 2002 avec trois formules, prévoyant toutes que le paiement du loyer au propriétaire lui serait garanti par ladite Siemp. Un dispositif spécifique d'aide financière de la Ville pour les travaux dans les logements privés vacants, destinés à être loués à un loyer maîtrisé, était également institué pour favoriser leur remise sur le marché.
Le résultat a été tellement squelettique qu’on n’en entend plus parler. Les derniers chiffres rendus publics par la Siemp, dans un rapport relatif à l’année 2007, mentionnent 725 logements loués. Au bout de cinq ans et face à une cible initiale de 136.000 appartements ! Conséquence : la Siemp a abandonné de facto la promotion de la chose et renvoie désormais, sur son site internet, à un mécanisme « louez solidaire » qui, lui, ne concerne que les familles sortant de l’habitat précaire et qui est géré par le milieu associatif.
Pourtant, au lieu de s’interroger sur la pertinence de ce type de mesures, la mairie envisage désormais de le généraliser en garantissant elle-même directement les loyers. Et pas seulement pour les logements vacants ! Mais de deux choses l’une : soit ces mécanismes ambitionnent vraiment d’influer sur le fonctionnement du marché locatif et dans ce cas ils coûteront une fortune à la ville ; soit les conditions d’éligibilité à ces dispositifs en restreindront la portée et ce ne seront alors que mesurettes symboliques. Une fois de plus.
Car l’origine du mal est ailleurs.
Ayant réduit la constructibilité avec le vote d’un P.L.U. malthusien, la mairie fabrique du logement social, depuis 2001, pour l'essentiel en rachetant des immeubles existants. Outre que le nombre de logements réellement créés est plus faible que ceux qui sont financés (de nombreux appartements préemptés sont déjà occupés), cette stratégie aboutit à soutenir artificiellement les prix.
Alors que les prix de vente et les loyers avaient commencé à se tasser dès la fin 2007 dans la plupart des grandes villes françaises, ils continuaient d'augmenter à Paris. Et, maintenant que le marché immobilier se retourne violemment partout en France, c’est à Paris que cette chute est la moins forte. Ainsi, le réseau Century 21 vient-il de révéler que les prix lyonnais avaient baissé de 13 % au dernier trimestre 2008 et les prix marseillais de 10,5 % contre 5 % seulement à Paris.
Le serpent se mord la queue : la mairie dépense des fortunes (elle prévoit encore 2 milliards d’euros d’ici 2014) pour une politique qui entrave un mouvement qui permettrait aux Parisiens de se loger à moindre coût. Il faut se rendre compte, en effet, que l’acquisition de 40.000 logements dans les 5 ans qui viennent, après celle de 30.000 logements de 2001 à 2008, suffira à modifier le fonctionnement d’un marché rendu plus étroit par la crise. Bref, le premier effet tangible de la politique de logement social de la ville sera d’offrir une sorte de filet de sécurité aux vendeurs, en particulier à ces vendeurs en gros que sont les promoteurs.
Dans ces conditions, la création d’une « agence immobilière sociale » ou d’une aide « Paris Logement » n’est que cautère sur jambe de bois.
Tant que cela n’empêche pas de danser devant les caméras …
« En 2009, nous créerons une agence immobilière à vocation sociale de manière à épauler ceux des Parisiens qui n'ont pas ou trop insuffisamment accès au parc privé », a-t-il annoncé au conseil de Paris dans des vœux qui portent bien leur nom.
En quoi cette mesure miracle consistera-t-elle ? Cette agence « apportera aux propriétaires les garanties nécessaires pour que ceux de nos concitoyens qui ont des difficultés puissent accéder au parc privé ». Le magicien a en outre annoncé la création d'une aide, dénommée « Paris Logement », destinée aux Parisiens «qui consacrent autour de 30 % de leurs revenus à leurs loyers». Il a enfin indiqué que l'accès au microcrédit « expérimenté en 2008 dans plusieurs arrondissements », serait généralisé à toute la capitale «de manière à ce que même les plus pauvres de nos concitoyens qui n'ont pas accès aux crédits bancaires, puissent faire face, dans des conditions raisonnables, à du crédit à 2 % ».
Le Père Noël n’a qu’à bien se tenir.
Le gros hic, en effet, c’est que, sous des formes un peu différentes et d’autres noms, cette soi-disant politique nouvelle a déjà échoué lors de la mandature précédente. Qui se souvient du dispositif lancé à grand renfort de publicité en 2002 par la Siemp, une société d’économie mixte de la ville, afin de mobiliser les 136.000 logements considérés comme vacants dans le parc privé ? La ville voulait inciter les propriétaires privés à remettre leurs logements sur le marché des locations. Un mécanisme a donc été mis en place en 2002 avec trois formules, prévoyant toutes que le paiement du loyer au propriétaire lui serait garanti par ladite Siemp. Un dispositif spécifique d'aide financière de la Ville pour les travaux dans les logements privés vacants, destinés à être loués à un loyer maîtrisé, était également institué pour favoriser leur remise sur le marché.
Le résultat a été tellement squelettique qu’on n’en entend plus parler. Les derniers chiffres rendus publics par la Siemp, dans un rapport relatif à l’année 2007, mentionnent 725 logements loués. Au bout de cinq ans et face à une cible initiale de 136.000 appartements ! Conséquence : la Siemp a abandonné de facto la promotion de la chose et renvoie désormais, sur son site internet, à un mécanisme « louez solidaire » qui, lui, ne concerne que les familles sortant de l’habitat précaire et qui est géré par le milieu associatif.
Pourtant, au lieu de s’interroger sur la pertinence de ce type de mesures, la mairie envisage désormais de le généraliser en garantissant elle-même directement les loyers. Et pas seulement pour les logements vacants ! Mais de deux choses l’une : soit ces mécanismes ambitionnent vraiment d’influer sur le fonctionnement du marché locatif et dans ce cas ils coûteront une fortune à la ville ; soit les conditions d’éligibilité à ces dispositifs en restreindront la portée et ce ne seront alors que mesurettes symboliques. Une fois de plus.
Car l’origine du mal est ailleurs.
Ayant réduit la constructibilité avec le vote d’un P.L.U. malthusien, la mairie fabrique du logement social, depuis 2001, pour l'essentiel en rachetant des immeubles existants. Outre que le nombre de logements réellement créés est plus faible que ceux qui sont financés (de nombreux appartements préemptés sont déjà occupés), cette stratégie aboutit à soutenir artificiellement les prix.
Alors que les prix de vente et les loyers avaient commencé à se tasser dès la fin 2007 dans la plupart des grandes villes françaises, ils continuaient d'augmenter à Paris. Et, maintenant que le marché immobilier se retourne violemment partout en France, c’est à Paris que cette chute est la moins forte. Ainsi, le réseau Century 21 vient-il de révéler que les prix lyonnais avaient baissé de 13 % au dernier trimestre 2008 et les prix marseillais de 10,5 % contre 5 % seulement à Paris.
Le serpent se mord la queue : la mairie dépense des fortunes (elle prévoit encore 2 milliards d’euros d’ici 2014) pour une politique qui entrave un mouvement qui permettrait aux Parisiens de se loger à moindre coût. Il faut se rendre compte, en effet, que l’acquisition de 40.000 logements dans les 5 ans qui viennent, après celle de 30.000 logements de 2001 à 2008, suffira à modifier le fonctionnement d’un marché rendu plus étroit par la crise. Bref, le premier effet tangible de la politique de logement social de la ville sera d’offrir une sorte de filet de sécurité aux vendeurs, en particulier à ces vendeurs en gros que sont les promoteurs.
Dans ces conditions, la création d’une « agence immobilière sociale » ou d’une aide « Paris Logement » n’est que cautère sur jambe de bois.
Tant que cela n’empêche pas de danser devant les caméras …