Quand la route du déclin est pavée de bons sentiments ...
Jean-François Lamour, député UMP de Paris, a eu la bonne idée, la semaine dernière, de déposer un amendement pour atténuer les effets pervers pour Paris du projet de loi gouvernemental qui vise à assurer plus de fluidité dans le logement social.
En deux mots, afin d'augmenter le taux de rotation de ce parc, l'Etat a prévu que les occupants dépassant de deux à trois fois le plafond de revenus qui permet d'accéder au logement social ou ceux qui sont en situation de sous-occupation car ils habitent des logements trop grands pour eux pourront être expulsés par leurs bailleurs. Lamour souhaite que cette règle ne s'applique pas aux locataires qui se trouvaient dans les immeubles avant qu'ils soient préemptés par une collectivité publique.
Martine Billard, députée Verte de Paris est immédiatement montée sur ses grands chevaux : "alors que le projet de loi (de Christine Boutin) prévoit l'expulsion des logements sociaux en cas de sous-occupation ou de revenus trop élevés, l'amendement Lamour prévoit tout simplement et sans complexe que ces locataires privilégiés continuent d'occuper indûment ces appartements".
On joue donc ici à fronts totalement renversés, la dogmatique Verte s'offusquant qu'un député UMP corrige un projet gouvernemental !
En réalité, cette polémique n'est qu'un sous-produit de l'absurdité même de la politique de création de logements sociaux à Paris. Rappelons, en effet, que près des deux tiers de la "production" de logements de ce type provient de la reconversion, après achat par la ville, d'immeubles déjà existants. Nous avons souvent souligné, dans le Delanopolis, à quel point cette méthode est contre-productive : elle entrave la baisse des prix qu'on observe beaucoup plus fortement en province qu'à Paris en ce moment. Elle aboutit à ce que le contribuable finance une réduction des loyers qui pourrait être obtenus par le jeu du marché ( voir en cliquant ici ).
Mais ce qui plaît tant à Delanoë & Co, dans le logement social, c'est qu'il abrite de futurs électeurs reconnaissants. Il s'agit de clientélisme à l'état pur.
La ville va donc, en préemptant, se trouver avec des locataires "riches" déjà en place, potentiellement mal-votants, qu'elle pourra, grâce à la nouvelle loi, expulser en toute bonne conscience pour y mettre des bien-votants. Le tout en partie grâce aux impôts locaux payés par les expulsés ! Un vrai petit bijou de socialisme municipal ... Lamour a raison, économiquement et politiquement, de tenter de corriger le tir. Et de souligner l'absurdité d'une situation où des locataires à qui on demandait de justifier d'un revenu équivalant à trois à quatre fois leur loyer, doivent, au moment où leur logement est conventionné, prouver en gagner deux à trois fois moins.
On voit à nouveau à l'oeuvre, dans cette affaire, une logique délétère pour Paris. Le clientélisme delanoien, fondé sur la multiplication des subventions aux associations amies, la préemption d'immeubles ou le maillage par les comités de quartiers, se nourrit sur la bête et utilise les richesses de la ville pour étendre son propre pouvoir, dans une logique parasitaire. Que ceux qui imaginent que cette politique est anecdotique méditent le fait que le financement de logements sociaux sur deux mandatures concernera 70.000 appartements, soit largement 100.000 électeurs. Quant aux subventions en tout genre, elles dépassent aujourd'hui le milliard d'euros annuels.
Dans le même ordre d'idée, la récente "communication" du maire sur la prétendue décentralisation à Paris annonce la couleur : les conseils d'arrondissement, démocratiquement élus, sont vaguement mentionnés tandis que les conseils de quartier - dont la représentativité et la composition sont nettement moins transparentes - se voient promettre de nouveaux crédits d'études, une association à la définition des priorités d'investissement localisées, etc.
Bref, se met doucement en place à Paris le type de quadrillage qui a contribué à placer la Seine Saint Denis, ces quarante dernières années, dans les difficultés qu'on lui connaît.
A ceci près que Paris, beaucoup plus riche, offre un terrain plus propice encore à ce type d'aventure politique. Noyé dans la masse active d'une métropole internationale, ce système, pour être moins visible, n'en est pas moins redoutable. D'où l'absolue nécessité de le combattre au nom de la démocratie.
Jean-François Lamour, député UMP de Paris, a eu la bonne idée, la semaine dernière, de déposer un amendement pour atténuer les effets pervers pour Paris du projet de loi gouvernemental qui vise à assurer plus de fluidité dans le logement social.
En deux mots, afin d'augmenter le taux de rotation de ce parc, l'Etat a prévu que les occupants dépassant de deux à trois fois le plafond de revenus qui permet d'accéder au logement social ou ceux qui sont en situation de sous-occupation car ils habitent des logements trop grands pour eux pourront être expulsés par leurs bailleurs. Lamour souhaite que cette règle ne s'applique pas aux locataires qui se trouvaient dans les immeubles avant qu'ils soient préemptés par une collectivité publique.
Martine Billard, députée Verte de Paris est immédiatement montée sur ses grands chevaux : "alors que le projet de loi (de Christine Boutin) prévoit l'expulsion des logements sociaux en cas de sous-occupation ou de revenus trop élevés, l'amendement Lamour prévoit tout simplement et sans complexe que ces locataires privilégiés continuent d'occuper indûment ces appartements".
On joue donc ici à fronts totalement renversés, la dogmatique Verte s'offusquant qu'un député UMP corrige un projet gouvernemental !
En réalité, cette polémique n'est qu'un sous-produit de l'absurdité même de la politique de création de logements sociaux à Paris. Rappelons, en effet, que près des deux tiers de la "production" de logements de ce type provient de la reconversion, après achat par la ville, d'immeubles déjà existants. Nous avons souvent souligné, dans le Delanopolis, à quel point cette méthode est contre-productive : elle entrave la baisse des prix qu'on observe beaucoup plus fortement en province qu'à Paris en ce moment. Elle aboutit à ce que le contribuable finance une réduction des loyers qui pourrait être obtenus par le jeu du marché ( voir en cliquant ici ).
Mais ce qui plaît tant à Delanoë & Co, dans le logement social, c'est qu'il abrite de futurs électeurs reconnaissants. Il s'agit de clientélisme à l'état pur.
La ville va donc, en préemptant, se trouver avec des locataires "riches" déjà en place, potentiellement mal-votants, qu'elle pourra, grâce à la nouvelle loi, expulser en toute bonne conscience pour y mettre des bien-votants. Le tout en partie grâce aux impôts locaux payés par les expulsés ! Un vrai petit bijou de socialisme municipal ... Lamour a raison, économiquement et politiquement, de tenter de corriger le tir. Et de souligner l'absurdité d'une situation où des locataires à qui on demandait de justifier d'un revenu équivalant à trois à quatre fois leur loyer, doivent, au moment où leur logement est conventionné, prouver en gagner deux à trois fois moins.
On voit à nouveau à l'oeuvre, dans cette affaire, une logique délétère pour Paris. Le clientélisme delanoien, fondé sur la multiplication des subventions aux associations amies, la préemption d'immeubles ou le maillage par les comités de quartiers, se nourrit sur la bête et utilise les richesses de la ville pour étendre son propre pouvoir, dans une logique parasitaire. Que ceux qui imaginent que cette politique est anecdotique méditent le fait que le financement de logements sociaux sur deux mandatures concernera 70.000 appartements, soit largement 100.000 électeurs. Quant aux subventions en tout genre, elles dépassent aujourd'hui le milliard d'euros annuels.
Dans le même ordre d'idée, la récente "communication" du maire sur la prétendue décentralisation à Paris annonce la couleur : les conseils d'arrondissement, démocratiquement élus, sont vaguement mentionnés tandis que les conseils de quartier - dont la représentativité et la composition sont nettement moins transparentes - se voient promettre de nouveaux crédits d'études, une association à la définition des priorités d'investissement localisées, etc.
Bref, se met doucement en place à Paris le type de quadrillage qui a contribué à placer la Seine Saint Denis, ces quarante dernières années, dans les difficultés qu'on lui connaît.
A ceci près que Paris, beaucoup plus riche, offre un terrain plus propice encore à ce type d'aventure politique. Noyé dans la masse active d'une métropole internationale, ce système, pour être moins visible, n'en est pas moins redoutable. D'où l'absolue nécessité de le combattre au nom de la démocratie.