Premier enseignement de ce scrutin, le rejet de la classe politique éclate au grand jour. L'abstention n'en est qu'une manifestation parmi d'autres. Ajoutez, en effet, à ceux qui ne se sont pas déplacés ceux qui n'ont pas voulu s'inscrire sur les listes électorales : depuis le début des années 1990, l'INSEE évalue ces derniers à plus de 10 % de la population ayant vocation à le faire. Il est probable que ce chiffre a augmenté ces derniers temps, mais restons en là. Ainsi, plus de 47 millions de Français pourraient se faire porter sur les listes et seulement 42,4 millions l'ont fait. Parmi ces derniers, seuls 19,6 millions ont voté, dont 672.000 blanc ou nul. Si vous rapportez le nombre de suffrages exprimés (18, 9 millions environ) à la population qui pourrait voter, vous obtenez un "taux de satisfaction civique" (notion brevetée par le Delanopolis) de 40,3 %, un quart de moins encore que les abstentionnistes !
Amusons-nous à appliquer ce taux, par exemple, à la ville de Roubaix qui a compté 71,67 % d'abstention : cela donne 89,58 % d'insatisfaction civique. Et si vous y empilez encore les votes en faveur du FN, synonyme de rejet radical de l'"établissement", comme dirait Le Pen, vous parvenez à un chiffre de 9,4 % des Roubaisiens en situation de voter qui adhèrent plus ou moins à l'esprit du système politique dans lequel ils vivent. Notons qu'à Lille, la fière maire de Lille qui sent déjà le parfum de l'Elysée, doit faire face à plus de 61 % d'abstentions. Mais ne la blâmons pas, ce phénomène est général.
A lui seul, il devrait être qualifié de crise de régime. L'abstention élevée aux élections européennes, où l'on doit voter pour un "machin" distant, comme le disait autrefois un certain général, peut s'expliquer. La désertion civique de ces régionales, malgré trois mois de campagne et des enjeux locaux, est assumée par le peuple. Elle participe de l'idée que les problèmes collectifs ne sont pas traités et traitables via un passage par les urnes. Mais par quoi d'autre alors ?
Second enseignement, l'impopularité du pouvoir et notamment du président de la République, atteint des sommets. Inutile de tourner autour du pot : c'est un vrai rejet. Il a plusieurs causes. La principale tient à la conjonction d'erreurs psychologiques (le Fouquet's, le yacht Bolloré et l'Epad) et de la crise économique. Voyant son autorité morale affaiblie, il est plus difficile à Nicolas Sarkozy de faire face au mécontentement lié aux difficultés quotidiennes des Français. Du coup, le président donne l'impression de céder quasi-immédiatement devant le moindre risque de tension sociale et se "giscardise" à la vitesse grand V. Est-ce la peur justifiée d'un climat qui pourrait virer à l'insurrectionnel ? En tout cas, son extrême prudence ne peut que désorienter ceux qui savent que la France a besoin de vrais changements. Ils ne se déplacent plus pour le soutenir. Et ce n'est pas l'annonce d'une pause dans ces réformes encore embryonnaires qui va les inciter à changer d'avis.
Troisième enseignement, en forme de pronostic, la gauche se prépare de cruelles déconvenues à moyen et long termes. Son discours est démagogique : nous allons vous protéger, promet-elle à tous ceux qui souffrent. Et comment ? En défendant tout ce qui ankylose le pays : statuts, rentes et taxations. Sans bien sûr remettre en cause la sacro-sainte bureaucratie bruxelloise, enfant chéri de papa Delors. Cela ne la mènera, en cas de victoire en 2012, qu'à une politique sectaire et inefficace puis à des reniements plus amers encore que ceux de 1983, 1989 ou 1998. Les électeurs l'ont senti et c'est pour cela que la gauche progresse bien moins que la droite ne chute. Les Français sont désorientés, anxieux et mûrs pour suivre un jour n'importe quel type d'aventure politique, de la plus fumeuse à la plus dangereuse.
Quatrième enseignement, plus circonstanciel : le corps électoral n'a rien voulu comprendre aux enjeux des régionales. C'est bien parce qu'ils ont cherché, sans autre forme de procès, à sanctionner Sarkozy que les votants ne se sont pas demandé pourquoi leurs impôts locaux ont si peu d'utilité, en matière de transports par exemple. En Île-de-France, le triomphe annoncé d'Huchon est un crève-coeur pour ceux qui savent à quel point son inertie et son clientélisme cyniques gâchent les atouts considérables de cette région.
A relever également les erreurs répétées, stratégiques et tactiques, de la droite. Courir après les voix bobos-écolos en reprenant leurs fadaises est inutile. Les Verts ne s'allieront au grand jamais à l'UMP ou à quoi que ce soit qui y ressemble. Légitimer leurs propositions saugrenues, par exemple la fermeture des voies sur berges à la circulation comme on a pu parfois l'entendre à l'UMP, est une hérésie. Quant au choix de présenter une liste unique dès le premier tour, tous les commentateurs en ont montré les failles.
Un dernier mot sur les situations francilienne et parisienne. Si, au lendemain du second tour, le nombre d'élus de la "majorité présidentielle" n'est pas réduit par rapport à celui de 2004, ce sera uniquement grâce à l'absence du FN. Or, ce dernier est passé très près des 10 % qui lui auraient permis de se maintenir : 9,24 % très exactement. Et cet échec n'est dû qu'à deux particularités franciliennes : la présence d'une liste catholique à connotation intégriste et celle de Nicolas Dupont-Aignan. Ces dernières ont privé le FN de voix qui, dans d'autres régions, se sont portées sur lui. Sans "Debout la République", les perspectives électorales de l'UMP francilienne seraient encore plus sombres. Encore une facétie du système électoral.
En tout cas, ceux qui voudront plutôt rire que geindre, dimanche prochain, sont les bienvenus à la soirée qu'organise le Mouvement pour une Gauche Moderne, au café du Pont Neuf, à côté de la Samaritaine à partir de 19 heures, comme nous vous l'indiquons par invitation séparée.
Amusons-nous à appliquer ce taux, par exemple, à la ville de Roubaix qui a compté 71,67 % d'abstention : cela donne 89,58 % d'insatisfaction civique. Et si vous y empilez encore les votes en faveur du FN, synonyme de rejet radical de l'"établissement", comme dirait Le Pen, vous parvenez à un chiffre de 9,4 % des Roubaisiens en situation de voter qui adhèrent plus ou moins à l'esprit du système politique dans lequel ils vivent. Notons qu'à Lille, la fière maire de Lille qui sent déjà le parfum de l'Elysée, doit faire face à plus de 61 % d'abstentions. Mais ne la blâmons pas, ce phénomène est général.
A lui seul, il devrait être qualifié de crise de régime. L'abstention élevée aux élections européennes, où l'on doit voter pour un "machin" distant, comme le disait autrefois un certain général, peut s'expliquer. La désertion civique de ces régionales, malgré trois mois de campagne et des enjeux locaux, est assumée par le peuple. Elle participe de l'idée que les problèmes collectifs ne sont pas traités et traitables via un passage par les urnes. Mais par quoi d'autre alors ?
Second enseignement, l'impopularité du pouvoir et notamment du président de la République, atteint des sommets. Inutile de tourner autour du pot : c'est un vrai rejet. Il a plusieurs causes. La principale tient à la conjonction d'erreurs psychologiques (le Fouquet's, le yacht Bolloré et l'Epad) et de la crise économique. Voyant son autorité morale affaiblie, il est plus difficile à Nicolas Sarkozy de faire face au mécontentement lié aux difficultés quotidiennes des Français. Du coup, le président donne l'impression de céder quasi-immédiatement devant le moindre risque de tension sociale et se "giscardise" à la vitesse grand V. Est-ce la peur justifiée d'un climat qui pourrait virer à l'insurrectionnel ? En tout cas, son extrême prudence ne peut que désorienter ceux qui savent que la France a besoin de vrais changements. Ils ne se déplacent plus pour le soutenir. Et ce n'est pas l'annonce d'une pause dans ces réformes encore embryonnaires qui va les inciter à changer d'avis.
Troisième enseignement, en forme de pronostic, la gauche se prépare de cruelles déconvenues à moyen et long termes. Son discours est démagogique : nous allons vous protéger, promet-elle à tous ceux qui souffrent. Et comment ? En défendant tout ce qui ankylose le pays : statuts, rentes et taxations. Sans bien sûr remettre en cause la sacro-sainte bureaucratie bruxelloise, enfant chéri de papa Delors. Cela ne la mènera, en cas de victoire en 2012, qu'à une politique sectaire et inefficace puis à des reniements plus amers encore que ceux de 1983, 1989 ou 1998. Les électeurs l'ont senti et c'est pour cela que la gauche progresse bien moins que la droite ne chute. Les Français sont désorientés, anxieux et mûrs pour suivre un jour n'importe quel type d'aventure politique, de la plus fumeuse à la plus dangereuse.
Quatrième enseignement, plus circonstanciel : le corps électoral n'a rien voulu comprendre aux enjeux des régionales. C'est bien parce qu'ils ont cherché, sans autre forme de procès, à sanctionner Sarkozy que les votants ne se sont pas demandé pourquoi leurs impôts locaux ont si peu d'utilité, en matière de transports par exemple. En Île-de-France, le triomphe annoncé d'Huchon est un crève-coeur pour ceux qui savent à quel point son inertie et son clientélisme cyniques gâchent les atouts considérables de cette région.
A relever également les erreurs répétées, stratégiques et tactiques, de la droite. Courir après les voix bobos-écolos en reprenant leurs fadaises est inutile. Les Verts ne s'allieront au grand jamais à l'UMP ou à quoi que ce soit qui y ressemble. Légitimer leurs propositions saugrenues, par exemple la fermeture des voies sur berges à la circulation comme on a pu parfois l'entendre à l'UMP, est une hérésie. Quant au choix de présenter une liste unique dès le premier tour, tous les commentateurs en ont montré les failles.
Un dernier mot sur les situations francilienne et parisienne. Si, au lendemain du second tour, le nombre d'élus de la "majorité présidentielle" n'est pas réduit par rapport à celui de 2004, ce sera uniquement grâce à l'absence du FN. Or, ce dernier est passé très près des 10 % qui lui auraient permis de se maintenir : 9,24 % très exactement. Et cet échec n'est dû qu'à deux particularités franciliennes : la présence d'une liste catholique à connotation intégriste et celle de Nicolas Dupont-Aignan. Ces dernières ont privé le FN de voix qui, dans d'autres régions, se sont portées sur lui. Sans "Debout la République", les perspectives électorales de l'UMP francilienne seraient encore plus sombres. Encore une facétie du système électoral.
En tout cas, ceux qui voudront plutôt rire que geindre, dimanche prochain, sont les bienvenus à la soirée qu'organise le Mouvement pour une Gauche Moderne, au café du Pont Neuf, à côté de la Samaritaine à partir de 19 heures, comme nous vous l'indiquons par invitation séparée.