Budapest (Hongrie) 26 juillet 1918 - Garches (France) 10 février 2010
Ladislas Federbusch, mon oncle, est mort mercredi dernier. Il était l'un des deux derniers survivants, dans notre famille, de la triste époque où périrent en déportation ses parents et une de ses soeurs. Lui-même, forte tête politique, avait vécu une captivité très rude au camp du Vernet, en Ariège. Un de ses amis, du nom de Rappoport, qui avait été transféré à Auschwitz et en était revenu - fait rarissime - racontait que les conditions à Vernet étaient plus dures qu'en Pologne. Vous pouvez imaginer la situation. Les prisonniers y étaient traités comme des bêtes. Il y fut nourri essentiellement de pois chiches durant plus d'un an et, des décennies plus tard, il lui était toujours impossible d'en manger et même de les regarder sans risquer de tourner de l'oeil. Il en sortit par chance, ruse et ténacité et donna du fil à retordre aux Allemands. Après ces drames, il vécut heureux mais blessé. Il n'eut pas d'enfant, seulement quelques neveux et nièces à qui il savait rappeler, quand il le fallait, qu'ils étaient des schmocks, traduction Yiddich du "con" français, la tendresse en plus.
Quand les ultimes survivants seront partis, la barbarie pourra revenir.
Adieu Laci.
Quand les ultimes survivants seront partis, la barbarie pourra revenir.
Adieu Laci.