Le liste des rapports de l’inspection générale est loin de ne recéler que des pépites telles que le rapport sur l’absentéisme des personnels ( cliquez ici) ou celui sur les incroyables carences dans la gestion immobilière ( voir en cliquant là).
Soucieux de ne pas gâcher trop fréquemment son petit déjeuner par la lecture de rapports percutants, Delanoë commande très souvent des études à l’impact pour le moins limité … Pendant qu’ils s’occupent du club d’escrime « La Tour d’Auvergne » (subvention de 85.000€ à la date de rédaction du rapport), de la crèche parentale « Les 19èmes rugissants » (subvention de 55.000€), ou de l’association pour le logement des grands infirmes (subvention de 35.000€) pour ne citer que quelques exemples, les inspecteurs n’ont pas de temps à consacrer à des sujets du genre Jean Bouin, le Racing, les Halles, les travaux de voirie, la Gaîté Lyrique, Vélib', le logiciel Alizé, le 104, etc.
Dans cet esprit, la mairie a commandé, en mai 2006, une « étude de la politique d’invitation des théâtres municipaux », sujet stratégique, s’il en est, d’autant qu’il était limité à sept salles (maison de la poésie ; théâtres Mouffetard, 13, 14, Silvia Montfort, Paris Villette et 20eme Théâtre). Pour faire bonne mesure dans la recherche de la tranquillité, l’étude a été confiée à deux stakhanovistes qui ont mis plus de deux ans à pondre un rapport de cinquante pages (dont 37 de tableaux et de graphiques …).
Et bien, malgré ce luxe de précautions, les inspecteurs ont dû gâcher la quiétude de ces élus car ils ont mis noir sur blanc ce que, somme toute, on subodorait : les théâtres municipaux coûtent cher, sont peu fréquentés, ne participent pas à une politique d’ouverture culturelle et, cerise sur le gâteau, font courir des risques fiscaux à la Ville !
Ils coûtent cher : les subventions municipales à ces sept salles sont passées de 4M€ en 2001 à 4,67M€ en 2007, soit +17%). Vous nous direz que ce n’est pas beaucoup, surtout comparé à d’autres projets phares de la culture delanoesque tel le fameux 104 avec ses quelque 10M€ de subventions municipalo-départementale annuelles. Le problème, c’est que ces théâtres ont un point commun avec le 104 : une fréquentation sans rapport avec leurs moyens. Avec moins de 160.000 spectateurs payants en 2007, la subvention par place et par spectateur était de près de 31€ !
De toute façon, la fréquentation totale stagne depuis des années ; elle était de 225.000 spectateurs en 2007, dont 29 % d’invités ! De plus, parmi les payants, 7.200 places ont été achetées par le Centre d’Action Sociale à un tarif compris entre 4,5 et 6 €. Le nombre réel de places payantes est donc, en fait, légèrement supérieur à 150 000. Le constat est clair et cruel : « Un taux manifestement élevé de spectateurs non payants (…) dans la majorité des théâtres publics (théâtres nationaux, principaux centres dramatiques nationaux et régionaux, scènes nationales), le taux de spectateurs « exonérés » est compris entre 10% et 13%. Ces chiffres sont largement inférieurs à ceux constatés dans les théâtres municipaux parisiens (30%) ». Autrement dit, les théâtres parisiens invitent trois fois plus que les autres théâtres publics. Cherchez l’erreur.
Parmi les phrases marquantes à propos de cette politique d’invitation, retenons le paragraphe consacré au « 20eme théâtre » : « Le 20eme théâtre a un taux moyen de gratuité voisin de 40% en 2007. La politique de « remplissage » est manifeste avec 40 à 50 invités par représentation alors que la moyenne des spectateurs payants est souvent inférieure à 40 spectateurs.
Concluant leur présentation de la politique d’invitation des théâtres municipaux, les inspecteurs ont ce constat lapidaire : « Il apparaît clairement que la politique d’invitations n’a pas d’effet réel pour « le lancement » d’un spectacle mais seulement pour masquer une succession d’échecs ». Il semble en effet plus simple d’inviter largement que de programmer des spectacles intéressant le public. Comme par hasard, d’ailleurs, le spectacle de Lucchini dans ce théâtre de l’est parisien n’a eu un taux d’invitation que de … 4% !
Ce rapport nous apprend aussi que ces théâtres ne participent guère à une politique d’accès à la culture. Grand dessein municipal en 2001, cet objectif est bien oublié. Aux dires des inspecteurs, « Les théâtres municipaux ont une politique sociale assez frileuse en faveur des publics fragiles ou éloignés de la culture pour des motifs sociaux ou culturels ».
Le rapport s’interroge plus particulièrement (sans recevoir d’ailleurs de réponse probante) sur la raison pour laquelle, à l’exception du théâtre Mouffetard, les établissements municipaux marquent une absence d’intérêt pour l’action de l’association « Cultures du cœur », qui lutte contre l’exclusion culturelle, travaille avec 5.000 partenaires du monde culturel et 4.500 institutions sociales qui lui servent de relais et gère 530.000 invitations sur le territoire national auprès de correspondants sociaux qui garantissent que les billets gratuits sont bien attribués à des personnes à très petits revenus.
Bref, là aussi, entre la com’ municipale sur l’accès à la culture et la réalité, il y a un abîme.
Mais le meilleur est pour la fin : au détour d’un paragraphe de comparaison avec la pratique des autres théâtres, les inspecteurs mentionnent que « les services fiscaux auxquels le nombre de billets délivrés est obligatoirement indiqué, admettent en général un taux de 10 à 15% d’invités par représentation. Au-delà de ce seuil, les organisateurs de spectacles dramatiques s’exposent à des risques de redressement fiscal ». A quand une géniale adaptation de «Taxe la Menace» dans nos théâtres municipaux ? Une chose est sûre : rien n’a changé depuis la parution de ce rapport.
Soucieux de ne pas gâcher trop fréquemment son petit déjeuner par la lecture de rapports percutants, Delanoë commande très souvent des études à l’impact pour le moins limité … Pendant qu’ils s’occupent du club d’escrime « La Tour d’Auvergne » (subvention de 85.000€ à la date de rédaction du rapport), de la crèche parentale « Les 19èmes rugissants » (subvention de 55.000€), ou de l’association pour le logement des grands infirmes (subvention de 35.000€) pour ne citer que quelques exemples, les inspecteurs n’ont pas de temps à consacrer à des sujets du genre Jean Bouin, le Racing, les Halles, les travaux de voirie, la Gaîté Lyrique, Vélib', le logiciel Alizé, le 104, etc.
Dans cet esprit, la mairie a commandé, en mai 2006, une « étude de la politique d’invitation des théâtres municipaux », sujet stratégique, s’il en est, d’autant qu’il était limité à sept salles (maison de la poésie ; théâtres Mouffetard, 13, 14, Silvia Montfort, Paris Villette et 20eme Théâtre). Pour faire bonne mesure dans la recherche de la tranquillité, l’étude a été confiée à deux stakhanovistes qui ont mis plus de deux ans à pondre un rapport de cinquante pages (dont 37 de tableaux et de graphiques …).
Et bien, malgré ce luxe de précautions, les inspecteurs ont dû gâcher la quiétude de ces élus car ils ont mis noir sur blanc ce que, somme toute, on subodorait : les théâtres municipaux coûtent cher, sont peu fréquentés, ne participent pas à une politique d’ouverture culturelle et, cerise sur le gâteau, font courir des risques fiscaux à la Ville !
Ils coûtent cher : les subventions municipales à ces sept salles sont passées de 4M€ en 2001 à 4,67M€ en 2007, soit +17%). Vous nous direz que ce n’est pas beaucoup, surtout comparé à d’autres projets phares de la culture delanoesque tel le fameux 104 avec ses quelque 10M€ de subventions municipalo-départementale annuelles. Le problème, c’est que ces théâtres ont un point commun avec le 104 : une fréquentation sans rapport avec leurs moyens. Avec moins de 160.000 spectateurs payants en 2007, la subvention par place et par spectateur était de près de 31€ !
De toute façon, la fréquentation totale stagne depuis des années ; elle était de 225.000 spectateurs en 2007, dont 29 % d’invités ! De plus, parmi les payants, 7.200 places ont été achetées par le Centre d’Action Sociale à un tarif compris entre 4,5 et 6 €. Le nombre réel de places payantes est donc, en fait, légèrement supérieur à 150 000. Le constat est clair et cruel : « Un taux manifestement élevé de spectateurs non payants (…) dans la majorité des théâtres publics (théâtres nationaux, principaux centres dramatiques nationaux et régionaux, scènes nationales), le taux de spectateurs « exonérés » est compris entre 10% et 13%. Ces chiffres sont largement inférieurs à ceux constatés dans les théâtres municipaux parisiens (30%) ». Autrement dit, les théâtres parisiens invitent trois fois plus que les autres théâtres publics. Cherchez l’erreur.
Parmi les phrases marquantes à propos de cette politique d’invitation, retenons le paragraphe consacré au « 20eme théâtre » : « Le 20eme théâtre a un taux moyen de gratuité voisin de 40% en 2007. La politique de « remplissage » est manifeste avec 40 à 50 invités par représentation alors que la moyenne des spectateurs payants est souvent inférieure à 40 spectateurs.
Concluant leur présentation de la politique d’invitation des théâtres municipaux, les inspecteurs ont ce constat lapidaire : « Il apparaît clairement que la politique d’invitations n’a pas d’effet réel pour « le lancement » d’un spectacle mais seulement pour masquer une succession d’échecs ». Il semble en effet plus simple d’inviter largement que de programmer des spectacles intéressant le public. Comme par hasard, d’ailleurs, le spectacle de Lucchini dans ce théâtre de l’est parisien n’a eu un taux d’invitation que de … 4% !
Ce rapport nous apprend aussi que ces théâtres ne participent guère à une politique d’accès à la culture. Grand dessein municipal en 2001, cet objectif est bien oublié. Aux dires des inspecteurs, « Les théâtres municipaux ont une politique sociale assez frileuse en faveur des publics fragiles ou éloignés de la culture pour des motifs sociaux ou culturels ».
Le rapport s’interroge plus particulièrement (sans recevoir d’ailleurs de réponse probante) sur la raison pour laquelle, à l’exception du théâtre Mouffetard, les établissements municipaux marquent une absence d’intérêt pour l’action de l’association « Cultures du cœur », qui lutte contre l’exclusion culturelle, travaille avec 5.000 partenaires du monde culturel et 4.500 institutions sociales qui lui servent de relais et gère 530.000 invitations sur le territoire national auprès de correspondants sociaux qui garantissent que les billets gratuits sont bien attribués à des personnes à très petits revenus.
Bref, là aussi, entre la com’ municipale sur l’accès à la culture et la réalité, il y a un abîme.
Mais le meilleur est pour la fin : au détour d’un paragraphe de comparaison avec la pratique des autres théâtres, les inspecteurs mentionnent que « les services fiscaux auxquels le nombre de billets délivrés est obligatoirement indiqué, admettent en général un taux de 10 à 15% d’invités par représentation. Au-delà de ce seuil, les organisateurs de spectacles dramatiques s’exposent à des risques de redressement fiscal ». A quand une géniale adaptation de «Taxe la Menace» dans nos théâtres municipaux ? Une chose est sûre : rien n’a changé depuis la parution de ce rapport.