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L'insalubre promesse (retour vers le futur - III)


Notre série sur les mensonges de Bertrand, ces promesses autrefois claironnées et passées à la trappe sans que nul ne s'en émeuve, ont inspiré un fidèle et attentif lecteur qui se souvient des engagements de la mairie sur l'éradication de l'insalubrité à Paris.

Edifiant !



"Bravo au Delanopolis pour avoir commencé une série sur tous les mensonges de « LOM KIDI TOU SKI FAI É KI FAI TOU SKI DI », alias le meilleur maire de Paris depuis Etienne Marcel. Je voudrais contribuer à cette belle série en parlant d’un sujet qui me tient à cœur : l’éradication de l’habitat insalubre.

Remember : c’était en 2001. Avant Paris plage, Nuit blanche, Vélib et toutes ces merveilleuses innovations qui font de Paris le phare du monde. A l’époque, B.Delanoë, pour se faire élire, avait pris un engagement ferme : à la fin de son mandat, c'est-à-dire en 2007, il n’y aurait plus de logements insalubres à Paris, cette honte que l’incurie de ses prédécesseurs avait laissée à la capitale.

Une société fut désignée pour régler tout ça : la société immobilière d’économie mixte de la ville de Paris (SIEMP) et pour être sûr que tout serait rigoureux, un élu Vert en fut bombardé président. Pour faire bonne mesure, cette entreprise fut également chargée de contribuer à la résorption du nombre de logements vacants (vous savez : tous ces vilains propriétaires qui gardent exprès leurs logements vacants plutôt que les louer, contribuant ainsi à la pénurie d’appartements à Paris).

Résultat des courses, plus de huit ans après, le logement indigne est toujours là.

Mieux : des magistrats de la cour régionale des comptes ont pondu un rapport au vitriol le 22 juin 2007 sur la société SIEMP. Et, curieusement, l’amour de la transparence qui caractérise M. Delanoë selon ses autoproclamations ne l’a pas poussé jusqu’à faire une publicité à ce document.

Remarquez, je le comprends parce que comme réquisitoire, c’est pas piqué des hannetons ! Que disent les magistrats ?

1- La SIEMP n’a pas rempli les missions qui lui étaient confiées : ni l’éradication de l’habitat insalubre ni la réduction du parc de logements vacants. Dans les deux cas, la C.R.C. constate que les objectifs n’ont pas été atteints et que l’argent public a été largement dépensé.

La C.R.C. observe que le coût de la « mission insalubrité » a très fortement augmenté (de 238,5 M€ à 270,9M€ entre 2002 et 2005 avec en particulier des subventions municipales passant de 107 M€ à 153,9M€ (+44%). La fin de la mission qui était prévue fin 2007 a été reportée au 31 décembre 2010. La rémunération de la société, elle est passée de 18,3M€ à 29,2M€ (+60%).

La Chambre souligne par ailleurs les graves risques juridiques de cette mission, tant du fait de ses modalités de passation (une mise en concurrence aurait dû être organisée, ce que n’a pas fait la ville pour réserver la conduite de l’opération à la SEM présidée par M.Blet) que de réalisation (la Chambre pointe, en particulier, le transfert de propriété à la Siemp d’immeubles squattés et le fait que « le relogement de personnes qui sont parfois en situation irrégulière crée des risques supplémentaires »).

Ces constats sont d’autant plus graves que les plus lourds chantiers avaient été traités durant les vingt années précédant l’élection du maire actuel avec la disparition de milliers de logements insalubres grâce aux ZAC (p.ex. : ZAC Chalon ; opération Goutte d’or).

Pour les logements vacants, alors qu’un objectif annuel de 500 logements attribués chaque année avait été fixé, 468 logements seulement ont été remis sur le marché entre 2002 et 2005… soit quatre fois moins que l’objectif claironné ! La Chambre stigmatise d’ailleurs le coût très élevé de cette mission (coût initial affiché : 4000€ par logement ; coût réel : 8042€ en 2003, 6110 en 2004 et 5053€ en 2005).

2- La gestion de la SIEMP a été sujette à caution.

• La Chambre critique les conditions dans lesquelles la direction de la gérance, a passé des marchés publics. Elle va même jusqu’à évoquer des « indices de surfacturation ». Décidément, la ville joue de malchance avec l’avis des magistrats sur sa rigueur en matière de marchés publics…

• Les magistrats des comptes dénoncent la gestion ubuesque et très coûteuse des emplois de direction par le président de la société :

- recrutement en C.D.I. d’un directeur général alors que le titulaire de la fonction était en congé maladie ! Coût de licenciement du directeur indûment recruté : 60. 000 € ;
- recrutement en juin 2001 d’un secrétaire général licencié pour faute lourde un an plus tard … mais avec une « indemnité transactionnelle de 65 000€ !

A noter que ce cadre très supérieur a tout de même dépensé pour 23 388€ de frais de restaurant durant cette période, (il devait toutefois être doté d’un solide appétit car la Chambre a relevé que « dans certains cas, le nombre de repas facturés pour un même jour s’est élevé à quatre, dans des restaurants différents et à des plages horaires presque identiques »! ! !).

- recrutement en mars 2002 d’une directrice de la gérance licenciée pour faute lourde un an plus tard … mais avec une « indemnité transactionnelle de 30 000€ !

- recrutement en septembre 2001 d’une directrice de la communication licenciée à l’initiative du président pour perte de confiance six mois plus tard … Là c’est le tribunal des prud’hommes qui a condamné la Siemp à verser 7 600 €.

Globalement, le coût des départs (incluant les retraites) en 2001 et 2002, hors honoraires d’avocats, s’est élevé à 387.679 € !

• La politique salariale n’est pas moins critiquable. Globalement, les charges de personnel ont augmenté de 79 % entre 2000 et 2004 (et de 106% pour les cadres). Cette inflation salariale n’est pas uniquement due aux nouvelles missions et l’on peut, à titre d’exemple, trouver choquant que, alors que cette société s’occupe de logements insalubres, le salaire des cadres de direction ait été augmenté de 12,3%. Dans le même ordre d’idée, on ne peut qu’être stupéfait, vu l’objet social et les missions de la société, que le président se soit fait payer deux téléphones portables à plus de 500€ pièce et le secrétaire général un téléphone au même prix.

Fermez le ban !

Mais, rassurez vous : si tout n’est pas encore réglé, ce n’est évidemment pas la faute de LOMKIFAITOUSKIDI. C’est à cause « d’une réglementation très lourde dans laquelle les pouvoirs des communes sont malheureusement limités » (Communication sur le logement de Bertrand Delanoë au Conseil de Paris du 21 avril 2008). Ouf : comme dans la cour de récré, ça ne pouvait pas être de la faute d’un si bon élève.

Et, en plus, il l’a promis : dans trois ans, il n’y aura plus de logement insalubre à Paris. Et comme vous le savez tous ce maire tient toujours ses promesses !!!"

Mercredi 24 Juin 2009
Serge Federbusch






1.Posté par David P le 25/06/2009 08:53
Comme toujours, qui paiera la facture ?

2.Posté par Schriket le 03/07/2009 16:17
Mais pourquoi tout ceci n'est jamais publié sur les grands médias, est il si protégé que cela ???

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