Comme l'écrivait jadis le grand Stuart Mill : "une bonne cause triomphe rarement à moins qu'elle ne coïncide avec l'intérêt de quelqu'un". Qui a donc intérêt aux primaires ?
D'abord, ceux qui pensent pouvoir contourner l'appareil du PS.
Au premier rang desquels figurent les Ségolistes, qui espèrent rééditer le coup des adhérents à 20 euros et s'appuyer sur le maillage "Désir d'avenir", dont on ignore d'ailleurs la situation réelle. L'hémorragie a dû être sévère depuis deux ans. Mais, vu l'état exsangue du PS, c'est à qui aura perdu le moins. Le problème de la picto-charentaise est que la coalition de lieutenants qu'elle a également réuni lors de la présidentielle et jusqu'au congrès de Reims sera difficile à rassembler à nouveau : les Valls, Peillon et autres étant tentés de jouer leur propre jeu le plus longtemps possible.
Ces derniers, tout comme Montebourg ou Moscovici notamment, savent bien que l'appareil de Solférino leur est hostile. Et que les "grands élus locaux", autres faiseurs de rois, privilégieront des figures ayant un poids national plus important que le leur. Les primaires leur paraissent donc leur seule chance, au moins jusqu'au moment où ils devront à nouveau se désister au profit d'un "sexa", la mort dans l'âme comme toujours. Il est cocasse, en tout cas, de constater que l'organisation de primaires, symptôme s'il en est d'une présidentialisation des institutions, est aujourd'hui proclamée impérative par Montebourg, autrefois pourfendeur de cette même présidentialisation.
Autres partisans, et non des moindres, des primaires : les DSKistes, qui espèrent que ce processus permettra à leur Mentor de ressurgir comme deus ex machina pour sauver le PS de ses périls. A leur tête, la fondation Terra Nova, dont le président sort en ce moment un livre sur le sujet. Il est plaisant, là aussi, de voir que le PS se laisse guider sur le chemin de la désignation de son futur leader par un organisme étrange dont le financement est, pour l'essentiel, assuré par le grand patronat ! Il y aura bien un jour, notamment dans la "gauche radicale" quelqu'un pour s'en étonner. Le Delanopolis, c'est connu, ne réclame jamais le moindre droit d'auteur.
Autre converti aux primaires, un politicien local bien connu de nos lecteurs : Delanoë. Il n'en voulait pas jusqu'il y a peu mais, désespérant des règles du jeu actuel, il se dit qu'à tout prendre ce vaste rebattage des cartes pourrait lui être favorable et faire oublier son désastreux échec de Reims. Pourquoi ? Il mise, une fois encore, sur le rôle des médias et la complicité de certains organes de presse. Dans le grand embrouillamini des primaires, peut-être tirerait-il son épingle du jeu grâce, comme d'habitude, à des salves permanentes de sondages le donnant gagnant ?
Dernier soutien des primaires en effet, et non des moindres : les médias. Ils tiennent grâce à elles de quoi alimenter leurs ondes et leurs colonnes pendant une bonne année. Du pain bénit !
Maintenant, qui est contre les primaires ?
Tous ceux qui tiennent l'appareil ou espèrent pouvoir le tenir, essentiellement Aubry d'un côté et Hollande de l'autre. Ces deux là n'ont aucune envie de faire plus qu'un tout petit bout de chemin ensemble mais ils y seront incités par quelques affidés. S'ils embrassent le principe des primaires, ce ne sera que pour l'étouffer discrètement.
Autres adversaires des primaires, ce qui reste de gauchistes au PS et qui ne sont pas partis chez Mélenchon. Ils se dresseront contre l'intrusion de militants de la onzième heure dans le choix du ou de la candidate, au nom des grands principes.
Derniers ennemis : les partis extérieurs au PS, Verts, extrême-gauche, etc. Si des primaires s'imposent, elles risquent de monopoliser l'attention des médias et de rabattre les militants flottants vers le PS, à leur détriment.
Comment tout cela peut-il évoluer ?
A priori, la coalition pro-primaires est plus puissante. L'addition des ségolistes et des autres devrait faire dans les 60 %. Le problème est que cette alliance est circonstancielle et factice et risque d'éclater quand on abordera les détails.
Savoir qui votera et comment promet d'innombrables prises de bec et le moindre prétexte sera bon pour les anti-primaires pour faire échouer le processus. Prenons un exemple : leur date. Les DSKistes ont intérêt à ce qu'elles aient lieu le plus tard possible, pour permettre à l'homme du FMI de revenir, à moins que ce dernier se décide à abréger substantiellement son mandat en démissionnant dès l'an prochain. Mais il ne nous a pas habitués à la prise de tels risques.
Tous les autres partisans des primaires, en revanche, ont plutôt intérêt à ce qu'elles se déroulent au plus vite, histoire d'écarter DSK et d'avoir le temps de purger l'appareil socialiste dont ils auront besoin s'ils veulent gagner en 2012.
Quant aux anti-primaires, ils vont tenter de retarder et d'enliser le plus possible les débats sur les modalités techniques de la chose, afin de rendre impossible toute autre organisation qu'une forme de décalque de la désignation classique par le parti.
Au total, se prépare donc des affrontements hétéroclites à fronts renversés. D'un côté l'appareil, les aubrystes, les hollandais, les gauchos du PS et les "alliés" de la gauche plurielle. De l'autre, tous les autres, mais avec des configurations variables selon les modalités débattues.
La victoire dépendra du résultat des régionales : s'il n'est pas trop mauvais pour le PS, Aubry reprendra du poil de la bête et parviendra peut-être à tordre le coup au projet. Sinon, ce sera l'hallali. La situation la plus drôle étant celle des partis "alliés" de l'ex gauche plurielle qui ont intérêt à affaiblir le PS au moment des régionales mais qui, du coup, enclencheraient inexorablement la mécanique du renvoi d'Aubry et du triomphe des primaires, lesquelles vont à l'encontre de leurs souhaits.
Bref, de quoi s'occuper et se distraire dans les mois qui viennent...
D'abord, ceux qui pensent pouvoir contourner l'appareil du PS.
Au premier rang desquels figurent les Ségolistes, qui espèrent rééditer le coup des adhérents à 20 euros et s'appuyer sur le maillage "Désir d'avenir", dont on ignore d'ailleurs la situation réelle. L'hémorragie a dû être sévère depuis deux ans. Mais, vu l'état exsangue du PS, c'est à qui aura perdu le moins. Le problème de la picto-charentaise est que la coalition de lieutenants qu'elle a également réuni lors de la présidentielle et jusqu'au congrès de Reims sera difficile à rassembler à nouveau : les Valls, Peillon et autres étant tentés de jouer leur propre jeu le plus longtemps possible.
Ces derniers, tout comme Montebourg ou Moscovici notamment, savent bien que l'appareil de Solférino leur est hostile. Et que les "grands élus locaux", autres faiseurs de rois, privilégieront des figures ayant un poids national plus important que le leur. Les primaires leur paraissent donc leur seule chance, au moins jusqu'au moment où ils devront à nouveau se désister au profit d'un "sexa", la mort dans l'âme comme toujours. Il est cocasse, en tout cas, de constater que l'organisation de primaires, symptôme s'il en est d'une présidentialisation des institutions, est aujourd'hui proclamée impérative par Montebourg, autrefois pourfendeur de cette même présidentialisation.
Autres partisans, et non des moindres, des primaires : les DSKistes, qui espèrent que ce processus permettra à leur Mentor de ressurgir comme deus ex machina pour sauver le PS de ses périls. A leur tête, la fondation Terra Nova, dont le président sort en ce moment un livre sur le sujet. Il est plaisant, là aussi, de voir que le PS se laisse guider sur le chemin de la désignation de son futur leader par un organisme étrange dont le financement est, pour l'essentiel, assuré par le grand patronat ! Il y aura bien un jour, notamment dans la "gauche radicale" quelqu'un pour s'en étonner. Le Delanopolis, c'est connu, ne réclame jamais le moindre droit d'auteur.
Autre converti aux primaires, un politicien local bien connu de nos lecteurs : Delanoë. Il n'en voulait pas jusqu'il y a peu mais, désespérant des règles du jeu actuel, il se dit qu'à tout prendre ce vaste rebattage des cartes pourrait lui être favorable et faire oublier son désastreux échec de Reims. Pourquoi ? Il mise, une fois encore, sur le rôle des médias et la complicité de certains organes de presse. Dans le grand embrouillamini des primaires, peut-être tirerait-il son épingle du jeu grâce, comme d'habitude, à des salves permanentes de sondages le donnant gagnant ?
Dernier soutien des primaires en effet, et non des moindres : les médias. Ils tiennent grâce à elles de quoi alimenter leurs ondes et leurs colonnes pendant une bonne année. Du pain bénit !
Maintenant, qui est contre les primaires ?
Tous ceux qui tiennent l'appareil ou espèrent pouvoir le tenir, essentiellement Aubry d'un côté et Hollande de l'autre. Ces deux là n'ont aucune envie de faire plus qu'un tout petit bout de chemin ensemble mais ils y seront incités par quelques affidés. S'ils embrassent le principe des primaires, ce ne sera que pour l'étouffer discrètement.
Autres adversaires des primaires, ce qui reste de gauchistes au PS et qui ne sont pas partis chez Mélenchon. Ils se dresseront contre l'intrusion de militants de la onzième heure dans le choix du ou de la candidate, au nom des grands principes.
Derniers ennemis : les partis extérieurs au PS, Verts, extrême-gauche, etc. Si des primaires s'imposent, elles risquent de monopoliser l'attention des médias et de rabattre les militants flottants vers le PS, à leur détriment.
Comment tout cela peut-il évoluer ?
A priori, la coalition pro-primaires est plus puissante. L'addition des ségolistes et des autres devrait faire dans les 60 %. Le problème est que cette alliance est circonstancielle et factice et risque d'éclater quand on abordera les détails.
Savoir qui votera et comment promet d'innombrables prises de bec et le moindre prétexte sera bon pour les anti-primaires pour faire échouer le processus. Prenons un exemple : leur date. Les DSKistes ont intérêt à ce qu'elles aient lieu le plus tard possible, pour permettre à l'homme du FMI de revenir, à moins que ce dernier se décide à abréger substantiellement son mandat en démissionnant dès l'an prochain. Mais il ne nous a pas habitués à la prise de tels risques.
Tous les autres partisans des primaires, en revanche, ont plutôt intérêt à ce qu'elles se déroulent au plus vite, histoire d'écarter DSK et d'avoir le temps de purger l'appareil socialiste dont ils auront besoin s'ils veulent gagner en 2012.
Quant aux anti-primaires, ils vont tenter de retarder et d'enliser le plus possible les débats sur les modalités techniques de la chose, afin de rendre impossible toute autre organisation qu'une forme de décalque de la désignation classique par le parti.
Au total, se prépare donc des affrontements hétéroclites à fronts renversés. D'un côté l'appareil, les aubrystes, les hollandais, les gauchos du PS et les "alliés" de la gauche plurielle. De l'autre, tous les autres, mais avec des configurations variables selon les modalités débattues.
La victoire dépendra du résultat des régionales : s'il n'est pas trop mauvais pour le PS, Aubry reprendra du poil de la bête et parviendra peut-être à tordre le coup au projet. Sinon, ce sera l'hallali. La situation la plus drôle étant celle des partis "alliés" de l'ex gauche plurielle qui ont intérêt à affaiblir le PS au moment des régionales mais qui, du coup, enclencheraient inexorablement la mécanique du renvoi d'Aubry et du triomphe des primaires, lesquelles vont à l'encontre de leurs souhaits.
Bref, de quoi s'occuper et se distraire dans les mois qui viennent...