A retenir
C’est une grande première : la SNCF va se mettre en grève (préventive) en même temps que la RATP. Je sais, on a l’habitude, mais en général il y a une raison plus ou moins bonne.
La première, ici, consiste à faire grève pour peser sur des négociations au sujet de petites réformes à la marge. Bref, la grève pour motif de non changement. Ça nos cégétistes ne l’avaient pas encore osé.
La RATP prend fait et cause et là c’est encore mieux puisqu’ils ne sont pas concernés.
Mais il y a plus fort : un de mes amis parisien me signale avoir reçu une lettre de la crèche qui garde son fils pour lui annoncer que la crèche sera en grève le 22 mars et qu’on lui dira plus tard si oui ou non on pourra quand même accueillir des enfants. Il s’attend donc à être prévenu le matin même, au moment où il tente de se rendre à son travail, que finalement non, il n’a qu’à se débrouiller autrement.
En quoi les crèches publiques parisiennes sont-elles concernées par le mouvement d’humeur des syndicats de cheminots ?
Est-ce un moyen de défendre les « services publics » ? Il me semble que la meilleure défense de ces services serait de travailler avec compétence et de démontrer ainsi leur utilité.
On se demande du reste pourquoi on persiste à accepter que des services en situation de monopole avec garantie de l’emploi à vie aient le droit de faire grève et d’emmerder tout le monde en permanence. Lorsque Sarkozy a parlé d’instaurer un « service minimum » j’avais dit que ce serait pire que tout, nous y sommes : avec les grèves tournantes qu’on nous prépare c’est le service minimum permanent. Cher, mauvais et intermittent. Lorsque ces services seront enfin défonctionnarisés et mis en concurrence, lorsqu’on pourra choisir librement son syndicat, qui fonctionnera sur les cotisations de ses adhérents et non plus par subventions, pillage de CE, et autre vol des caisses gérées paritairement, le droit de grève aura sa légitimité, pas avant.
LE RYTHME INSOUTENABLE DE L’IMMOBILISME
Selon Alba Ventura, la chroniqueuse politique de RTL qui tombe en transe chaque fois que le mot « Macron » est prononcé, Jupiter a ouvert des tas de chantiers et fonce dans ses réformes à une vitesse tellement vertigineuse qu’on a du mal à suivre.
Une chose est vrai : de réformes, il parle beaucoup et tout le temps. Des chantiers ouverts, il y en a beaucoup sur le papier. Même une réforme constitutionnelle dans laquelle il voulait mettre l’obéissance obligatoire au dogme du réchauffement climatique, une réforme du code civil pour transformer les entreprises en ONG caritatives, un service obligatoire de 3 mois dont personne n’a compris s’il serait civil, militaire ou les deux à la fois ni à quoi ça servait et moins encore comment on les financerait. Tout ce qui est dans cette liste, plus la lutte contre les « fake news » qui ne sont pas émises par les médias à la solde de l’Elysée, nous conduit à une dictature de type soviétique, mais selon nos pisse-copies Jupiter serait libéral. Il est urgent de renvoyer nos journalistes à l’école.
Jusqu’ici les seules réformes qui aient abouti ont consisté à créer des taxes, et utiliser les vases communicants pour faire passer des sommes d’un côté à l’autre : baisser plus tard les charges sur les salaires en faisant payer une sur-CSG à tout le monde, les grands perdants étant les retraités et les indépendants qui n’ont pas le pouvoir de nuisance de la SNCF ; fusionner le régime de retraite des indépendants qui est bénéficiaire, avec le régime général en ruine, pour récupérer la manne ; fermer des classes rurales pour dédoubler celles de ZEP et maintenant offrir un petit déjeuner aux enfants des ZEP, bref déshabiller des classes qui marchent pour injecter toujours plus de moyens dans des classes qui non seulement ne marchent pas mais où plus on donne d’argent, plus on nous hait… Et le pire est à venir. Macron avait dans son programme présidentiel des propositions à faire dresser les cheveux sur la tête (pour ceux qui avaient pris le temps de le lire en détails), il ne les a pas encore mises en œuvre, mais il a bien l’intention de le faire.
Par contre la réforme de l’état et celle des collectivités locales, et sur la baisse de la dépense publique, on en parle du bout des lèvres, mais il n’en sort aucune proposition sérieuse.
Revenons à la SNCF puisque c’est d’actualité. Une entreprise de transport monopolistique percluse de 60 milliards d’euros de dette, un réseau en ruine à l’exception du réseau TGV, un service épouvantable, qui a donné sa pleine mesure lors de la semaine de neige en IDF, des prix élevés malgré les subventions, une absence d’information chronique, des grèves en permanence, sur les 30% de lignes secondaires encore non électrifiées, une bonne partie voit un client tous les 36 du mois… Normalement une société privée serait en faillite depuis longtemps. Bruxelles s’impatiente. Le fret est libéralisé depuis longtemps mais malgré le fait que la SNCF fait tout pour empêcher ses concurrents de rouler, elle est incapable d’être compétitive et perd des parts de marché, mais essentiellement au profit de la route. Le transport voyageur a obtenu un répit, mais nous n’avons plus le choix.
Puisque Jupiter veut réformer cette société, la logique voudrait qu’il commence par séparer le réseau du transport proprement dit (c’était fait et Hollande est revenu en arrière). Afin de financer la remise en état des lignes, il faudrait fermer celles qui ne sont pas rentables faute de remplissage, et ne me parlez pas de bilan carbone. D’abord parce que le dioxyde de carbone n’est pas un polluant mais au contraire un élément essentiel de la vie, ensuite et surtout parce que le bilan carbone d’une loco diesel tirant des wagons presque vides est bien pire que celui d’un minibus ou de plusieurs voitures particulières qui emprunteraient le même trajet. De même, conserver des gares qui voient 14 personnes dans l’année (il y en a), est inutilement ruineux. En revanche si une société privée (ou une association) a envie de racheter une petite ligne parce qu’elle y a un projet, pourquoi pas ?
Ensuite, mettre le transport en concurrence et faire payer une redevance aux différentes compagnies pour l’utilisation du réseau.
Enfin redresser la situation catastrophique de la SNCF ne consiste pas à demander à l’actuel PDG, visiblement d’une incompétence rare, un plan de restructuration, mais à le virer et prendre un industriel sérieux, pas un énarque.
Or la réforme de Monsieur Macron ne fait rien de tout cela. On conserve Pépy (il est vrai qu’on ne peut pas virer l’ex petit ami de Richard Descoings dont Macron était le chouchou à Science Po), chargé de réorganiser la société, qui sera transformée en SA, l’état conservant la majorité des parts. Soit. Ce qui déplaît le plus aux syndicats est la fin du « régime spécial » qui consiste à ce que les contribuables paient une super-retraite aux agents. Mais cela ne s’applique qu’aux nouveaux entrants, ce qui veut dire qu’on n’en sentira les effets sur le budget de l’état que dans 40 ans, quand ils partiront en retraite. On oublie de dire qu’il y a déjà 15.000 agents embauchés en CDD et CDI de droit classique. Donc ce n’est même pas un changement. Par contre pas question de toucher aux billets gratuits pour tous les cheminots et leur famille. C’est donc un changement qui ne change rien. Quant à la mise en concurrence, si c’est SNCF qui continue à gérer le réseau, ce sera seulement sur le papier puisqu’on pourra compter sur eux pour réclamer des droits de passage exorbitants à leurs concurrents.
La première, ici, consiste à faire grève pour peser sur des négociations au sujet de petites réformes à la marge. Bref, la grève pour motif de non changement. Ça nos cégétistes ne l’avaient pas encore osé.
La RATP prend fait et cause et là c’est encore mieux puisqu’ils ne sont pas concernés.
Mais il y a plus fort : un de mes amis parisien me signale avoir reçu une lettre de la crèche qui garde son fils pour lui annoncer que la crèche sera en grève le 22 mars et qu’on lui dira plus tard si oui ou non on pourra quand même accueillir des enfants. Il s’attend donc à être prévenu le matin même, au moment où il tente de se rendre à son travail, que finalement non, il n’a qu’à se débrouiller autrement.
En quoi les crèches publiques parisiennes sont-elles concernées par le mouvement d’humeur des syndicats de cheminots ?
Est-ce un moyen de défendre les « services publics » ? Il me semble que la meilleure défense de ces services serait de travailler avec compétence et de démontrer ainsi leur utilité.
On se demande du reste pourquoi on persiste à accepter que des services en situation de monopole avec garantie de l’emploi à vie aient le droit de faire grève et d’emmerder tout le monde en permanence. Lorsque Sarkozy a parlé d’instaurer un « service minimum » j’avais dit que ce serait pire que tout, nous y sommes : avec les grèves tournantes qu’on nous prépare c’est le service minimum permanent. Cher, mauvais et intermittent. Lorsque ces services seront enfin défonctionnarisés et mis en concurrence, lorsqu’on pourra choisir librement son syndicat, qui fonctionnera sur les cotisations de ses adhérents et non plus par subventions, pillage de CE, et autre vol des caisses gérées paritairement, le droit de grève aura sa légitimité, pas avant.
LE RYTHME INSOUTENABLE DE L’IMMOBILISME
Selon Alba Ventura, la chroniqueuse politique de RTL qui tombe en transe chaque fois que le mot « Macron » est prononcé, Jupiter a ouvert des tas de chantiers et fonce dans ses réformes à une vitesse tellement vertigineuse qu’on a du mal à suivre.
Une chose est vrai : de réformes, il parle beaucoup et tout le temps. Des chantiers ouverts, il y en a beaucoup sur le papier. Même une réforme constitutionnelle dans laquelle il voulait mettre l’obéissance obligatoire au dogme du réchauffement climatique, une réforme du code civil pour transformer les entreprises en ONG caritatives, un service obligatoire de 3 mois dont personne n’a compris s’il serait civil, militaire ou les deux à la fois ni à quoi ça servait et moins encore comment on les financerait. Tout ce qui est dans cette liste, plus la lutte contre les « fake news » qui ne sont pas émises par les médias à la solde de l’Elysée, nous conduit à une dictature de type soviétique, mais selon nos pisse-copies Jupiter serait libéral. Il est urgent de renvoyer nos journalistes à l’école.
Jusqu’ici les seules réformes qui aient abouti ont consisté à créer des taxes, et utiliser les vases communicants pour faire passer des sommes d’un côté à l’autre : baisser plus tard les charges sur les salaires en faisant payer une sur-CSG à tout le monde, les grands perdants étant les retraités et les indépendants qui n’ont pas le pouvoir de nuisance de la SNCF ; fusionner le régime de retraite des indépendants qui est bénéficiaire, avec le régime général en ruine, pour récupérer la manne ; fermer des classes rurales pour dédoubler celles de ZEP et maintenant offrir un petit déjeuner aux enfants des ZEP, bref déshabiller des classes qui marchent pour injecter toujours plus de moyens dans des classes qui non seulement ne marchent pas mais où plus on donne d’argent, plus on nous hait… Et le pire est à venir. Macron avait dans son programme présidentiel des propositions à faire dresser les cheveux sur la tête (pour ceux qui avaient pris le temps de le lire en détails), il ne les a pas encore mises en œuvre, mais il a bien l’intention de le faire.
Par contre la réforme de l’état et celle des collectivités locales, et sur la baisse de la dépense publique, on en parle du bout des lèvres, mais il n’en sort aucune proposition sérieuse.
Revenons à la SNCF puisque c’est d’actualité. Une entreprise de transport monopolistique percluse de 60 milliards d’euros de dette, un réseau en ruine à l’exception du réseau TGV, un service épouvantable, qui a donné sa pleine mesure lors de la semaine de neige en IDF, des prix élevés malgré les subventions, une absence d’information chronique, des grèves en permanence, sur les 30% de lignes secondaires encore non électrifiées, une bonne partie voit un client tous les 36 du mois… Normalement une société privée serait en faillite depuis longtemps. Bruxelles s’impatiente. Le fret est libéralisé depuis longtemps mais malgré le fait que la SNCF fait tout pour empêcher ses concurrents de rouler, elle est incapable d’être compétitive et perd des parts de marché, mais essentiellement au profit de la route. Le transport voyageur a obtenu un répit, mais nous n’avons plus le choix.
Puisque Jupiter veut réformer cette société, la logique voudrait qu’il commence par séparer le réseau du transport proprement dit (c’était fait et Hollande est revenu en arrière). Afin de financer la remise en état des lignes, il faudrait fermer celles qui ne sont pas rentables faute de remplissage, et ne me parlez pas de bilan carbone. D’abord parce que le dioxyde de carbone n’est pas un polluant mais au contraire un élément essentiel de la vie, ensuite et surtout parce que le bilan carbone d’une loco diesel tirant des wagons presque vides est bien pire que celui d’un minibus ou de plusieurs voitures particulières qui emprunteraient le même trajet. De même, conserver des gares qui voient 14 personnes dans l’année (il y en a), est inutilement ruineux. En revanche si une société privée (ou une association) a envie de racheter une petite ligne parce qu’elle y a un projet, pourquoi pas ?
Ensuite, mettre le transport en concurrence et faire payer une redevance aux différentes compagnies pour l’utilisation du réseau.
Enfin redresser la situation catastrophique de la SNCF ne consiste pas à demander à l’actuel PDG, visiblement d’une incompétence rare, un plan de restructuration, mais à le virer et prendre un industriel sérieux, pas un énarque.
Or la réforme de Monsieur Macron ne fait rien de tout cela. On conserve Pépy (il est vrai qu’on ne peut pas virer l’ex petit ami de Richard Descoings dont Macron était le chouchou à Science Po), chargé de réorganiser la société, qui sera transformée en SA, l’état conservant la majorité des parts. Soit. Ce qui déplaît le plus aux syndicats est la fin du « régime spécial » qui consiste à ce que les contribuables paient une super-retraite aux agents. Mais cela ne s’applique qu’aux nouveaux entrants, ce qui veut dire qu’on n’en sentira les effets sur le budget de l’état que dans 40 ans, quand ils partiront en retraite. On oublie de dire qu’il y a déjà 15.000 agents embauchés en CDD et CDI de droit classique. Donc ce n’est même pas un changement. Par contre pas question de toucher aux billets gratuits pour tous les cheminots et leur famille. C’est donc un changement qui ne change rien. Quant à la mise en concurrence, si c’est SNCF qui continue à gérer le réseau, ce sera seulement sur le papier puisqu’on pourra compter sur eux pour réclamer des droits de passage exorbitants à leurs concurrents.