On l'a bien compris, Emmanuel Macron aimerait rééditer la situation politique rêvée par Malraux du temps du Général: nous, les communistes et rien d'autre. Cela permet de durer tant une grande partie de l'électorat préfere voter pour ceux qui sont au pouvoir plutôt que pour l'homme au couteau entre les dents des affiches de 1919.
La droite français tint, peu ou prou, ce raisonnement pendant pas loin d'un quart de siècle et put occuper les postes de 1958 à 1981, tant que le parti communiste dépassait les vingt pour cent de l'électorat et plus de la moitié des voix de l'opposition.
Tout indique aujourd'hui que les Macronistes ont retenu cette excellente leçon de tactique et entendent bien en faire un viatique pour continuer le coup de 2017 qui permit à l'inspecteur des finances ami des ploutocrates d'approcher les deux-tiers des voix au 2 ème tour de la présidentielle.
Au centriste, il faut donc un épouvantail pour obliger une partie des électeurs, en général hostiles aux mouvements brusques.
Marine Le Pen, qui retrouva dans le débat du second tour des attitudes d'extrêmiste de droite de Quartier Latin, que même son père semble avoir abandonnées, ne peut plus, au moins pour le moment, faire l'affaire tant sa prestation vieille déjà d'un an l'a affaiblie.
Du coup, c'est vers l'autre versant de l'arc-en-ciel, que l'énarque rusé se tourne : le retour du partageux, du rouge, pourquoi pas de l'incendiaire des Tuileries, qui prend la forme, parfois éructante, du député européen , Jean-Luc Mélenchon et de ses inénarrables amis " Insoumis".
Lesté d'un programme qui mènerait la France quelque part entre l'absurdité castriste et le désastre vénézuélien, mais prompt à entonner les vieilles trompettes de Babeuf et de Buonarroti de l'égalité des humains, mesurés au même mètre, les Insoumis n'ont aucune chance, malgré les 19 et quelque pour cent de leur leader aux dernières présidentielles de diriger un jour le pays, même si la momie de Lénine revenait à la vie. Macron le sait, bien entendu, et il entend donc en jouer jusqu'à la corde.
Qu'on en juge: pourquoi avoir choisi le cheval de retour trotskyste Edwy Plenel, autrefois salarié de la Ligue Communiste pour l'interviewer, pourquoi avoir désigné dans un message du bout du monde, le parti de Mélenchon comme responsable des dépradations de Black Blocs du 1er mai alors qu'il n'y est bien évidemment pour rien, pourquoi le porte-serviette Griveaux va t il accuser les mêmes mélenchonistes d'être des factieux qui refuseraient le verdict des urnes ? Oui, pourquoi, on se le demande sinon parce que les Macronistes ont décidé d'installer au centre de la vie politique française le face-à-face, entre eux , les responsables et les fauteurs de désordre, héritiers de la Terreur et de l'anarchie.
Soit vous votez pour nous, vous nous soutenez, soit vous aurez droit au train de l'épouvante avec ses fantômes noirs et rouges tel qu'on peut l'emprunter à la foire du Trône.
Moi ou le chaos, disait autrefois, un président de la République dont le mot d'ordre à ses troupes après Mai 68 fut : " Il faut flanquer la trouille à l'électeur".
Le problème est, à la fois, que la ficelle est un peu grosse, et que Macron et Mélenchon, additionnés font moins de la moitié des électeurs. Cela peut sidérer le chaland un temps, ça risque d'être insuffisant si les résultats du voyageur Macron n'arrivent pas vite, c'est à dire avant la fin de l'année.
Il reste à lui rappeler, et dès les élections européennes du mois de juin 2019, qu'entre les manoeuvres du machiavel de l'Inspection des Finances et les cris de l'extême-gauche, il existe d'autres forces dans ce pays; souhaitons qu'elles sachent le manifester.