Avec un peu de chance, personne ne s'en rendra compte !
Que faut-il retenir des annonces faites par Jean-Marc Ayrault la semaine dernière ? Elles procèdent pour l’essentiel d’un compromis politicien entre les attentes de Huchon, Delanoë/Hidalgo et Duflot. Ce savant dosage aura pour effet brider le dynamisme de la région capitale. C’est le triangle des Bermudes social-verdistes où le Grand Paris va disparaître.
Huchon d’abord, président de la région Île-de-France, dont l’obsession était de faire oublier le rôle initiatique et moteur de Sarkozy sur le sujet et de promouvoir son vieux projet d’Arc-Express, dont la gestation difficile, issue de combats bureaucratiques menés contre un plan de la RATP (Métrophérique) et un autre de Réseau Ferré de France (Tangentielles), avait abouti à un tracé tortueux. L’ancien président de la république, reprenant les idées de Christian Blanc, avait en effet choisi de voir plus grand et de lancer un vaste réseau à double boucle reliant les aéroports de Roissy et Orly à la Défense, au plateau de Saclay et au coeur de l’agglomération parisienne. Une ambition certes coûteuse mais une vraie vision de nature haussmanienne permettant, à horizon de 50 ans, de faire vivre une métropole organisée de manière radio-concentrique et qui, de ce fait, est menacée d’embolie quand elle s’étend.
Huchon, lui, en tenait pour l’extension du réseau existant, en ajoutant juste ce qu’il fallait de lignes de trams et de bus afin de satisfaire quelques baronnies locales. Il avait déjà réussi, en agitant des menaces politiques et financières, à faire en partie reculer l’Etat en 2010 et une sorte de compromis boiteux avait été obtenu, facilité par le départ de Blanc qui avait trébuché sur une boite de cigares.
Mais, avec les choix annoncés par Ayrault la semaine dernière, l’arc a mangé le double 8, jusque dans la dénomination des lignes nouvelles qui seront créées : la communication du Premier ministre ne mentionne plus qu’un «Arc nord-est» et un «Arc nord-ouest», pour le nouveau métro. Les lignes sont identifiées par des chiffres pour faire référence au réseau actuel qui est "in fine" de la responsabilité d’Huchon via le Syndicat des transports d’Île-de-France.
On met sur le même pied la ligne classique «Châtelet - Les Lilas» qui ira jusqu'à «Rosny-Bois-Perrier» ou l’extension de la ligne «Mairie d'Issy-Clignancourt» vers la mairie d'Aubervilliers, financée il y a fort longtemps, et le futur métro automatique. C’est la banalisation et l’affadissement de la grande ambition qui se transforme en un simple prolongement de l’existant, sous l’influence prépondérante de tel ou tel maire qu’on veut dorloter. Le souffle néo-haussmannien qui suppose un arbitrage dégagé des contraintes clientélistes a disparu.
Qui Hollande et Ayrault ont-ils aussi voulu satisfaire aussi dans cette opération ? Duflot et les écologistes, génétiquement hostiles au développement économique qu’ils assimilent à un dégât écologique.
Quand elle oeuvrait à la région Île-de-France, Duflot était l’ennemie de tout projet qui pourrait promouvoir une vision «capitaliste» de l’avenir de la métropole, notamment de toute volonté de faire de la desserte rapide des aéroports et de leur connexion avec La Défense et le centre de Paris une priorité.
Pourtant, c’est bien la liaison expresse entre ces moteurs modernes du développement et le centre de l’agglomération qui est indispensable à l’entrée de Paris dans le 21ème siècle. De la même manière que l’une des idées forces d’Haussmann avait été de relier rapidement les gares au centre de la ville par de larges boulevards, il faudrait aujourd’hui connecter le coeur de l’agglomération avec son nouveau quartier d’affaires et ses aéroports, en particulier Roissy et mieux les relier entre eux. Le sort fait aux touristes et hommes d’affaires étrangers qui viennent en France via Roissy est indigne et devient contreproductif pour notre avenir économique. Mais les bussinessmen/women, Duflot et ses amis n’aiment pas cela. Il y a peu d’espoir qu’ils ne votent jamais pour eux.
Pour le tourisme, Duflot fait toutefois de temps en temps des exceptions quand il s’agit d’aller aux Maldives ...
En tout cas, satisfaisant les pulsions régressives et politicardes des écologistes, les liaisons avec Roissy et celle entre l’aéroport et la Défense ne seront pas directes (il faudra changer à Saint-Denis-Pleyel) et elles attendront au mieux 2030 pour voir le jour ! Si Aéroports de Paris veut en financer une, qu’il se débrouille, a décidé le pouvoir socialiste. De vrais visionnaires, on vous dit ...
Restait une troisième clique à satisfaire, celle de Delanoë/Hidalgo, en bisbille permanente avec Huchon depuis plus de 10 ans. Les transports ne les intéressent pas vraiment : tout ce qu’ils veulent c’est continuer d’ériger des barrières à l’entrée d’un Boboland le plus étendu possible, où on se pince le nez en voyant d’affreux prolos circuler difficilement à bagnole, tout en oubliant bien sûr que le travail de ces gêneurs est pourtant ce qui fait vivre la ville et remplit ses caisses.
A «Hidalgoë» Ayrault a donc donné un os à ronger : le logement. Pour cela une strate bureaucratique supplémentaire va être créée sous le nom de «Métropole de Paris», dérivé direct de «Paris-Metropole», l’usine à gaz mise en place par Delanoë sur le sujet. A nouveau, la terminologie même est l’aveu de qui a gagné et perdu et sur quel sujet dans ce grand marchandage socialiste.
Elle sera constituée des présidents d’une trentaine d'inter-communalités qui vont être créées dans la zone urbaine de Paris d'ici au 1er janvier 2016 : miam, cela va en faire des titres et des emplois ! Rappelons qu’au même moment Ayrault appelle les collectivités locales à faire des économies dans leurs dépenses !
Les objectifs assignés à ce bébé mammouth sont, comme d’habitude, flous et ménagent la chèvre régionale et les choux municipaux. Ayrault, jure qu’il ne s’agit pas d’«une institution de plus mais d’un outil qui renforcera l'efficacité des programmes d'aménagement et de logement qui agira en cohérence avec le schéma régional de l'habitat et de l'hébergement». Il faut le croire sur parole.
L’essentiel, pour ces clientélistes-nés est de pouvoir contraindre les maires à fabriquer du logement social, dont les habitants sont comme chacun sait enclins à voter à gauche.
Pourtant, la principale cause de la crise du logement en Île-de-France est le refus par les municipalités socialistes et communistes de laisser le secteur privé bâtir autant qu’il le souhaite dans des communes qui risqueraient alors de voir leur sociologie électorale bouleversée par l’arrivée de «bourgeois». Mais ce n’est évidement pas la préoccupation principale de ces malthusianistes.
A Paris, Delanoë et Hidalgo n’ont par exemple envisagé de déroger au plafond des hauteurs que pour construire du logement social. Le monde entier sait pourtant par expérience que tour et HLM ne font pas bon ménage, du fait des coûts de gestion et de l’accompagnement social difficile des résidents. Un immeuble de grande hauteur de luxe est parfaitement viable mais ses occupants votent mal et, à Paris, l’on n’en veut pas.
C’est cette médiocrité d’ambition et cette collection de petits intérêts qui porte désormais le nom de Grand Paris. Les emplois et la croissance qu’un véritable souffle néo-haussmannien créerait devront attendre. Le plateau de Saclay continuera longtemps encore à se rêver en Silicone Valley francilienne. Mais il est vrai que le problème du chômage ne se pose pas dans notre beau pays si bien géré.
Huchon d’abord, président de la région Île-de-France, dont l’obsession était de faire oublier le rôle initiatique et moteur de Sarkozy sur le sujet et de promouvoir son vieux projet d’Arc-Express, dont la gestation difficile, issue de combats bureaucratiques menés contre un plan de la RATP (Métrophérique) et un autre de Réseau Ferré de France (Tangentielles), avait abouti à un tracé tortueux. L’ancien président de la république, reprenant les idées de Christian Blanc, avait en effet choisi de voir plus grand et de lancer un vaste réseau à double boucle reliant les aéroports de Roissy et Orly à la Défense, au plateau de Saclay et au coeur de l’agglomération parisienne. Une ambition certes coûteuse mais une vraie vision de nature haussmanienne permettant, à horizon de 50 ans, de faire vivre une métropole organisée de manière radio-concentrique et qui, de ce fait, est menacée d’embolie quand elle s’étend.
Huchon, lui, en tenait pour l’extension du réseau existant, en ajoutant juste ce qu’il fallait de lignes de trams et de bus afin de satisfaire quelques baronnies locales. Il avait déjà réussi, en agitant des menaces politiques et financières, à faire en partie reculer l’Etat en 2010 et une sorte de compromis boiteux avait été obtenu, facilité par le départ de Blanc qui avait trébuché sur une boite de cigares.
Mais, avec les choix annoncés par Ayrault la semaine dernière, l’arc a mangé le double 8, jusque dans la dénomination des lignes nouvelles qui seront créées : la communication du Premier ministre ne mentionne plus qu’un «Arc nord-est» et un «Arc nord-ouest», pour le nouveau métro. Les lignes sont identifiées par des chiffres pour faire référence au réseau actuel qui est "in fine" de la responsabilité d’Huchon via le Syndicat des transports d’Île-de-France.
On met sur le même pied la ligne classique «Châtelet - Les Lilas» qui ira jusqu'à «Rosny-Bois-Perrier» ou l’extension de la ligne «Mairie d'Issy-Clignancourt» vers la mairie d'Aubervilliers, financée il y a fort longtemps, et le futur métro automatique. C’est la banalisation et l’affadissement de la grande ambition qui se transforme en un simple prolongement de l’existant, sous l’influence prépondérante de tel ou tel maire qu’on veut dorloter. Le souffle néo-haussmannien qui suppose un arbitrage dégagé des contraintes clientélistes a disparu.
Qui Hollande et Ayrault ont-ils aussi voulu satisfaire aussi dans cette opération ? Duflot et les écologistes, génétiquement hostiles au développement économique qu’ils assimilent à un dégât écologique.
Quand elle oeuvrait à la région Île-de-France, Duflot était l’ennemie de tout projet qui pourrait promouvoir une vision «capitaliste» de l’avenir de la métropole, notamment de toute volonté de faire de la desserte rapide des aéroports et de leur connexion avec La Défense et le centre de Paris une priorité.
Pourtant, c’est bien la liaison expresse entre ces moteurs modernes du développement et le centre de l’agglomération qui est indispensable à l’entrée de Paris dans le 21ème siècle. De la même manière que l’une des idées forces d’Haussmann avait été de relier rapidement les gares au centre de la ville par de larges boulevards, il faudrait aujourd’hui connecter le coeur de l’agglomération avec son nouveau quartier d’affaires et ses aéroports, en particulier Roissy et mieux les relier entre eux. Le sort fait aux touristes et hommes d’affaires étrangers qui viennent en France via Roissy est indigne et devient contreproductif pour notre avenir économique. Mais les bussinessmen/women, Duflot et ses amis n’aiment pas cela. Il y a peu d’espoir qu’ils ne votent jamais pour eux.
Pour le tourisme, Duflot fait toutefois de temps en temps des exceptions quand il s’agit d’aller aux Maldives ...
En tout cas, satisfaisant les pulsions régressives et politicardes des écologistes, les liaisons avec Roissy et celle entre l’aéroport et la Défense ne seront pas directes (il faudra changer à Saint-Denis-Pleyel) et elles attendront au mieux 2030 pour voir le jour ! Si Aéroports de Paris veut en financer une, qu’il se débrouille, a décidé le pouvoir socialiste. De vrais visionnaires, on vous dit ...
Restait une troisième clique à satisfaire, celle de Delanoë/Hidalgo, en bisbille permanente avec Huchon depuis plus de 10 ans. Les transports ne les intéressent pas vraiment : tout ce qu’ils veulent c’est continuer d’ériger des barrières à l’entrée d’un Boboland le plus étendu possible, où on se pince le nez en voyant d’affreux prolos circuler difficilement à bagnole, tout en oubliant bien sûr que le travail de ces gêneurs est pourtant ce qui fait vivre la ville et remplit ses caisses.
A «Hidalgoë» Ayrault a donc donné un os à ronger : le logement. Pour cela une strate bureaucratique supplémentaire va être créée sous le nom de «Métropole de Paris», dérivé direct de «Paris-Metropole», l’usine à gaz mise en place par Delanoë sur le sujet. A nouveau, la terminologie même est l’aveu de qui a gagné et perdu et sur quel sujet dans ce grand marchandage socialiste.
Elle sera constituée des présidents d’une trentaine d'inter-communalités qui vont être créées dans la zone urbaine de Paris d'ici au 1er janvier 2016 : miam, cela va en faire des titres et des emplois ! Rappelons qu’au même moment Ayrault appelle les collectivités locales à faire des économies dans leurs dépenses !
Les objectifs assignés à ce bébé mammouth sont, comme d’habitude, flous et ménagent la chèvre régionale et les choux municipaux. Ayrault, jure qu’il ne s’agit pas d’«une institution de plus mais d’un outil qui renforcera l'efficacité des programmes d'aménagement et de logement qui agira en cohérence avec le schéma régional de l'habitat et de l'hébergement». Il faut le croire sur parole.
L’essentiel, pour ces clientélistes-nés est de pouvoir contraindre les maires à fabriquer du logement social, dont les habitants sont comme chacun sait enclins à voter à gauche.
Pourtant, la principale cause de la crise du logement en Île-de-France est le refus par les municipalités socialistes et communistes de laisser le secteur privé bâtir autant qu’il le souhaite dans des communes qui risqueraient alors de voir leur sociologie électorale bouleversée par l’arrivée de «bourgeois». Mais ce n’est évidement pas la préoccupation principale de ces malthusianistes.
A Paris, Delanoë et Hidalgo n’ont par exemple envisagé de déroger au plafond des hauteurs que pour construire du logement social. Le monde entier sait pourtant par expérience que tour et HLM ne font pas bon ménage, du fait des coûts de gestion et de l’accompagnement social difficile des résidents. Un immeuble de grande hauteur de luxe est parfaitement viable mais ses occupants votent mal et, à Paris, l’on n’en veut pas.
C’est cette médiocrité d’ambition et cette collection de petits intérêts qui porte désormais le nom de Grand Paris. Les emplois et la croissance qu’un véritable souffle néo-haussmannien créerait devront attendre. Le plateau de Saclay continuera longtemps encore à se rêver en Silicone Valley francilienne. Mais il est vrai que le problème du chômage ne se pose pas dans notre beau pays si bien géré.