Espèce en danger
Après l'inénarrable sortie de NKM sur le monde si poétique du métro, le doute sur la pertinence du choix de la tête d'affiche de l'UMP, déjà présent chez les connaisseurs de la vie politique parisienne, se répand. La greffe de Longjumeau a-t-elle la moindre chance de prendre dans la capitale ? N'est-elle pas en train de dévisser et pourra-t-elle même terminer la campagne, à ce rythme d'amplification de son discrédit ? L'épisode de l'accord extravagant avec l'UDI et le Modem ne fait que confirmer la panique qui a saisi NKM ces derniers jours.
Revue des sept erreurs commises.
1 - Elle confond 2008 et 2014
La députée de l'Essonne a donné un ton résolument bobo à ses interventions. On la voit déambuler dans la Nuit blanche, proposer la création de dancings dans des stations de métro désaffectées, faire les troquets de Pigalle foulard au vent avec le "maire de la nuit", créature des débitants de boissons, imaginer de dépenser des dizaines de millions d'euros pour créer un pont qui permettra à une piste cyclable d'enjamber la Seine, etc.
Mais les Parisiens de 2014, surtout ceux qui votent à droite et au centre, ne sont plus ceux de 2008, qui ont apporté leurs voix aux listes Delanoë. Ils sont comme tous les Français, inquiets avant tout de la dégradation de la situation économique et sociale. Les affèteries branchées sont hors sujet. Le score des candidats du Front national risque d'en être le principal bénéficiaire.
2 - Son projet est consternant
Tout en prétendant diminuer les dépenses d'un milliard d'euros en six ans, NKM multiplie les annonces coûteuses et parfois même ruineuses. Outre les dépenses ineptes pour reconvertir la Petite ceinture en déambulation vélocipédique, l'ouverture plus tardive du métro et des équipements publics aurait un coût considérable pour un public dont il ne faut pas perdre de vue qu'il est malgré tout réduit. Quant à la couverture de 1,4 kilomètres de Périphérique qui s'autofinancerait grâce à des ventes de terrain à des endroits particulièrement peu propices à la construction sauf pour quelques bureaux supplémentaires dans un marché saturé, elle serait une plaie béante dans les finances de la ville.
3 - Le choix de ses équipes est suicidaire
N'ayant, au départ, qu'une envie modérée d'être candidate à Paris, NKM a entendu en tirer deux bénéfices "cash" : la notoriété et la possibilité de placer quelques affidés qui pourraient lui être utiles plus tard en formant une sorte de garde rapprochée. Du coup, lorsqu'elle n'était pas face à des barons indéboulonnables, elle a décidé de faire investir le plus souvent des candidats inexpérimentés et dépourvus pour la plupart de consistance politique. Telle est la cause unique de la multiplication des dissidences dont l'auteur de ces lignes est un cas parmi déjà dix autres. Il ne faut donc pas y voir, comme le prétend NKM, la conséquence d'un souci de renouvellement mais celle des vieilles pratiques autoritaires, verticales et abusives, du parachutage. NKM est un vieux politicien dans une enveloppe modernisée.
4 - Vanité et déclarations à l'emporte pièces
Très rapidement, se déclarant tueuse en politique alors que ceux qui le sont vraiment ont naturellement pour règle de le dissimuler, NKM s'est singularisée par une communication mal maîtrisée, un comble pour quelqu'un qui mise tout sur l'image et le paraître.
Croyant sans doute que ses immenses qualités lui vaudront la bienveillance granitique des médias, elle s'exprime sans prudence, montrant une connaissance insuffisante des dossiers parisiens. Sa sortie sur l'absence de bus à Paris après 21 heures en fut un exemple édifiant tout comme sa consultation sur son affiche électorale furieusement narcissique.
Tout ceci trouve son origine dans une carrière jusqu'à présent trop protégée. Héritière d'une circonscription à 29 ans, alors que le commun des politiciens doit se battre des décennies pour en obtenir une, elle a dû croire que ce succès était dû à son seul mérite. La campagne actuelle va certainement lui apprendre que ce n'était pas le cas. Trop tard hélas pour la droite et le centre parisiens.
5 - L'entêtement
Manifestement, lorsqu'une erreur est commise, dans son projet comme dans ses choix humains, il n'est jamais question de faire marche arrière, même discrètement. Les élus sortants et militants évincés sont méprisés, déclarés aigris. Aucune autre solution n'est proposée que celle qui, précisément, est à l'origine du conflit.
Hélas, la ténacité n'est pas l'entêtement et, en politique, un excès de psycho-rigidité est un péril grave.
6 - L'union ... mais contre elle
Ce qui va se produire à coup sûr, ce n'est pas que les "dissidents" jettent l'éponge, mais qu'ils se multiplient et se fédèrent. La faiblesse grandissante de NKM démontrera à tous qu'une autre solution est possible, pour la droite et le centre, que de passer sous ses fourches caudines et d'accepter ses oukases.
Oscillant en permanence entre la tentation d'accorder beaucoup aux centristes et de les écraser, elle a fini, dans la panique, par accorder des positions éligibles à des candidats totalement inconnus dans les arrondissements où ils sont censés se faire élire et qui en ignorent tout. Cela ne fera que multiplier les conflits locaux.
7 - La spirale de l'échec
La victoire comme la défaite sont affaire d'énergie et de dynamisme. Aujourd'hui, les impairs de la candidate, moqués partout comme ses déclarations sur le métro, nourrissent des défauts plus profonds.
Le bilan de Delanoë et d'Hidalgo, malgré une com' bien huilée, est chaque jour un peu plus perçu comme mauvais. Mais le système clientéliste du parti socialiste à Paris est robuste.
Depuis 2001, ce sont plus de 100 000 personnes qui ont bénéficié, directement ou indirectement, des largesses de l'Hôtel-de-Ville : HLM, subventions associatives, recrutements, avantages en tout genre, etc. Ce socle de redevables va jouer un rôle déterminant dans une ville où le corps électoral est d'environ 1,3 million de personnes, dont une part importante ne vote pas. Bref, les socialistes partent avec une avance de 10 % des voix, amplifiée par le mode de scrutin et la répartition des sièges de conseillers de Paris.
Pour combattre ce verrouillage, il fallait un sans faute. Pour l'heure, NKM en est plutôt au sans succès.
Reste donc peu de temps à tous ceux qui veulent éviter cet échec annoncé pour se mobiliser. Sinon, au soir du second tour des municipales, alors que la gauche reculera dans toute la France, elle gagnera des arrondissements à Paris, ville condamnée à subir six ans de plus un système prédateur qui l'anémie peu à peu.
A lire aussi sur Atlantico ICI.
Revue des sept erreurs commises.
1 - Elle confond 2008 et 2014
La députée de l'Essonne a donné un ton résolument bobo à ses interventions. On la voit déambuler dans la Nuit blanche, proposer la création de dancings dans des stations de métro désaffectées, faire les troquets de Pigalle foulard au vent avec le "maire de la nuit", créature des débitants de boissons, imaginer de dépenser des dizaines de millions d'euros pour créer un pont qui permettra à une piste cyclable d'enjamber la Seine, etc.
Mais les Parisiens de 2014, surtout ceux qui votent à droite et au centre, ne sont plus ceux de 2008, qui ont apporté leurs voix aux listes Delanoë. Ils sont comme tous les Français, inquiets avant tout de la dégradation de la situation économique et sociale. Les affèteries branchées sont hors sujet. Le score des candidats du Front national risque d'en être le principal bénéficiaire.
2 - Son projet est consternant
Tout en prétendant diminuer les dépenses d'un milliard d'euros en six ans, NKM multiplie les annonces coûteuses et parfois même ruineuses. Outre les dépenses ineptes pour reconvertir la Petite ceinture en déambulation vélocipédique, l'ouverture plus tardive du métro et des équipements publics aurait un coût considérable pour un public dont il ne faut pas perdre de vue qu'il est malgré tout réduit. Quant à la couverture de 1,4 kilomètres de Périphérique qui s'autofinancerait grâce à des ventes de terrain à des endroits particulièrement peu propices à la construction sauf pour quelques bureaux supplémentaires dans un marché saturé, elle serait une plaie béante dans les finances de la ville.
3 - Le choix de ses équipes est suicidaire
N'ayant, au départ, qu'une envie modérée d'être candidate à Paris, NKM a entendu en tirer deux bénéfices "cash" : la notoriété et la possibilité de placer quelques affidés qui pourraient lui être utiles plus tard en formant une sorte de garde rapprochée. Du coup, lorsqu'elle n'était pas face à des barons indéboulonnables, elle a décidé de faire investir le plus souvent des candidats inexpérimentés et dépourvus pour la plupart de consistance politique. Telle est la cause unique de la multiplication des dissidences dont l'auteur de ces lignes est un cas parmi déjà dix autres. Il ne faut donc pas y voir, comme le prétend NKM, la conséquence d'un souci de renouvellement mais celle des vieilles pratiques autoritaires, verticales et abusives, du parachutage. NKM est un vieux politicien dans une enveloppe modernisée.
4 - Vanité et déclarations à l'emporte pièces
Très rapidement, se déclarant tueuse en politique alors que ceux qui le sont vraiment ont naturellement pour règle de le dissimuler, NKM s'est singularisée par une communication mal maîtrisée, un comble pour quelqu'un qui mise tout sur l'image et le paraître.
Croyant sans doute que ses immenses qualités lui vaudront la bienveillance granitique des médias, elle s'exprime sans prudence, montrant une connaissance insuffisante des dossiers parisiens. Sa sortie sur l'absence de bus à Paris après 21 heures en fut un exemple édifiant tout comme sa consultation sur son affiche électorale furieusement narcissique.
Tout ceci trouve son origine dans une carrière jusqu'à présent trop protégée. Héritière d'une circonscription à 29 ans, alors que le commun des politiciens doit se battre des décennies pour en obtenir une, elle a dû croire que ce succès était dû à son seul mérite. La campagne actuelle va certainement lui apprendre que ce n'était pas le cas. Trop tard hélas pour la droite et le centre parisiens.
5 - L'entêtement
Manifestement, lorsqu'une erreur est commise, dans son projet comme dans ses choix humains, il n'est jamais question de faire marche arrière, même discrètement. Les élus sortants et militants évincés sont méprisés, déclarés aigris. Aucune autre solution n'est proposée que celle qui, précisément, est à l'origine du conflit.
Hélas, la ténacité n'est pas l'entêtement et, en politique, un excès de psycho-rigidité est un péril grave.
6 - L'union ... mais contre elle
Ce qui va se produire à coup sûr, ce n'est pas que les "dissidents" jettent l'éponge, mais qu'ils se multiplient et se fédèrent. La faiblesse grandissante de NKM démontrera à tous qu'une autre solution est possible, pour la droite et le centre, que de passer sous ses fourches caudines et d'accepter ses oukases.
Oscillant en permanence entre la tentation d'accorder beaucoup aux centristes et de les écraser, elle a fini, dans la panique, par accorder des positions éligibles à des candidats totalement inconnus dans les arrondissements où ils sont censés se faire élire et qui en ignorent tout. Cela ne fera que multiplier les conflits locaux.
7 - La spirale de l'échec
La victoire comme la défaite sont affaire d'énergie et de dynamisme. Aujourd'hui, les impairs de la candidate, moqués partout comme ses déclarations sur le métro, nourrissent des défauts plus profonds.
Le bilan de Delanoë et d'Hidalgo, malgré une com' bien huilée, est chaque jour un peu plus perçu comme mauvais. Mais le système clientéliste du parti socialiste à Paris est robuste.
Depuis 2001, ce sont plus de 100 000 personnes qui ont bénéficié, directement ou indirectement, des largesses de l'Hôtel-de-Ville : HLM, subventions associatives, recrutements, avantages en tout genre, etc. Ce socle de redevables va jouer un rôle déterminant dans une ville où le corps électoral est d'environ 1,3 million de personnes, dont une part importante ne vote pas. Bref, les socialistes partent avec une avance de 10 % des voix, amplifiée par le mode de scrutin et la répartition des sièges de conseillers de Paris.
Pour combattre ce verrouillage, il fallait un sans faute. Pour l'heure, NKM en est plutôt au sans succès.
Reste donc peu de temps à tous ceux qui veulent éviter cet échec annoncé pour se mobiliser. Sinon, au soir du second tour des municipales, alors que la gauche reculera dans toute la France, elle gagnera des arrondissements à Paris, ville condamnée à subir six ans de plus un système prédateur qui l'anémie peu à peu.
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