Réuni jeudi 16 juin 2017, le conseil d’administration de Paris Habitat, un des plus importants organismes HLM de France avec ses 122 000 logements, avait acté le « départ volontaire » de son directeur, Stéphane Dambrine. Ce départ avait pris effet le 13 juillet suivant moyennant un accord dit de rupture conventionnelle ayant coûté à peu près 300 000 euros.
Selon "le Monde", tuyauté comme il se doit par la mairie, il s’agissait d'une éviction "brutale" de Dambrine lequel avait été nommé en 2011 à l’initiative de Delanoë.
Une brutalité relative et coûteuse pour les actionnaires de Paris Habitat ! La ville s'était en réalité résolue, après avoir freiné des quatre fers, à se séparer de cet agent bien sous tout rapport idéologique.
Pourtant, depuis des mois, les révélations s'étaient multipliées sur les cas de harcèlement et le climat délétère qui régnaient à Paris Habitat. Vous trouverez en cliquant ICI un article documenté de Gilles Gaetner, pour Atlantico, qui s'étonnait déjà de la bienveillance et de la patience d'Hidalgo.
Mais plusieurs mois de polémiques sur les avantages et salaires accordés à l’équipe dirigeante de 31 directeurs et chargés de mission ; la présence dans les logements de hauts fonctionnaires dont les revenus dépassent largement les plafonds, des surfacturations de travaux par la régie interne et l’achat pour 130 000 euros de meubles de bureau d’abord disparus puis retrouvés, comme l’avait raconté l'hebdomadaire Marianne, avaient fini par contraindre Hidalgo à lâcher Dambrine.
Ian Brossat, adjoint (PC) au maire de Paris chargé du logement, avait vendu le morceau dans un entretien accordé le 4 juin à Radio Protestante : « Si ces faits sont avérés ils sont profondément scandaleux et nous allons mener une enquête interne pour vérifier ces affaires, et si c’est nécessaire aller en justice. » Sans attendre le résultat de l’enquête qu’il appelait de ses vœux, il annonçait : « Nous allons changer le directeur de Paris Habitat et ce sera réalisé le 16 juin. »
Pour Roger Madec, plus modéré : « M. Dambrine est un bon professionnel, reconnu de tous, mais la confiance était rompue et il nous fallait trouver un accord ». Un accord décidément bien onéreux vu le contexte ...
Sauf qu'à y regarder de près ce directeur évincé ne l'a pas été tout à fait et que ses relations avec la Socialie municipale et logeuse sont loin d'avoir disparues !
Depuis août 2017 Dambrine se présente en effet comme " Président chez COOP Paris habitat métropole". Sa fiche LinkedIn en témoigne : voir ICI.
Kézako donc que ce "COOP Paris Habitat" ? Il s'agit ni plus ni moins d'une filiale de Paris-Habitat !
On découvre sur le site Internet de ce dernier que : "La SCP Coop Habitat Paris Métropole a pour vocation de mettre à disposition du groupe Paris Habitat un outil permettant de faciliter le parcours résidentiel de ses locataires et de répondre aux souhaits des collectivités franciliennes de réaliser des opérations d'habitat diversifié notamment à travers des opérations en accession sociale à la propriété (ASP). Le total net du bilan de l'exercice 2014 avant affectation du résultat est de 1 072 793,60 €. Le montant du capital s'établit à 1 225 644 €. Le total des dettes se monte à 19 735,46 €. Le résultat de l'exercice 2014 s'établit à -9 556,92 €."
Dambrine siège même au conseil d'administration de la fédération des HLM au titre de cet organisme : voir ICI.
Bref, Dambrine continue d'officier dans un groupe dont il a été prétendûment congédié sur la pression de journaux ayant dénoncé des scandales et ce malgré une guerre de retardement menée par la municipalité socialiste.
On ne sait trop s'il y est rémunéré et de quels avantages il y bénéficie éventuellement mais il en est le président affiché d'une filiale !
Une grasse indemnité et une reconversion douce : en fait de sanction on a vu pire.
Qu'est-ce qui justifie donc pareille clémence ?