Revenons sur quelques principes de base. La pratique d'un culte n'a normalement sa place, dans notre république, que dans les lieux qui lui sont dédiés. L'agnostique que je suis n'a aucune envie d'y être attrait sans sa volonté ou d'en être importuné.
Les rares exceptions tolérables sont donc, à titre festif et cérémoniel, quelques manifestations épisodiques sur la voie publique. Inutile de tousser quand Ganesha déambule dans la rue de l'Aqueduc, une fois l'an, que la rue Notre-Dame-de-Nazareth est bloquée pour Kippour ou Roch Hachanah, qu'à Pâques les Catholiques entonnent des chants dans quelques artères ou, qu'au moment du Ramadan, Barbès soit parfois chamboulé par les prières et les étals de confiserie orientale. Tout cela relève autant du folklore que de la religion. Simplement, il faut que les choses soient cadrées, prévues, temporaires et autorisées.
C'est la raison pour laquelle nous avions protesté, malgré le peu d'empathie que nous avons pour leur doctrine, quand la mairie a interdit une messe annuelle que la Fraternité Saint Pie X (les traditionnalistes de feu Mgr Lefèvre) voulait organiser dans le jardin qui fait face au Sacré-Coeur. Nous ne voyions pas quel trouble à l'ordre public pouvait être évoqué à cette rare occasion (cliquez ici).
Dans l'affaire qui nous préoccupe aujourd'hui, les choses sont différentes. La prière du vendredi que des responsables auto-désignés organisent à la Goutte d'or, sans pouvoir arguer d'aucune autorisation, en occupant un large espace public, en prétendant interdire qu'on la filme alors qu'il ne s'agit pas d'un événement privé, qu'aucun participant n'est clairement distingué et que seule une foule est montrée ; enfin, en laissant entendre que ce rassemblement hebdomadaire durera tant qu'une mosquée suffisamment grande ne sera pas disponible, est une atteinte claire à la laïcité.
Jugez par vous-mêmes en cliquant ici.
L'attitude de la mairie sur cette question est d'ailleurs empreinte, comme toujours, de clientélisme. C'est ce qui explique la différence de traitement avec les traditionnalistes : ces derniers ne sont pas près de voter Delanoë et, de toute façon, ils sont peu nombreux.
La mairie a déjà pris des grandes libertés avec la loi de 1905 en décidant de financer à hauteur de 20 millions d'euros le futur Institut des cultures d'islam où le culturel servira de paravent au cultuel puisqu'il abritera un lieu de prière. Ce ne sera possible qu'au prix d'un accommodement juridique douteux : voir en cliquant là.
Le problème est que, vu la foule qui se recueille le vendredi à Barbès, ce bâtiment peut d'ores et déjà être considéré comme trop petit. Faudra-t-il plusieurs "instituts culturels" ? Et combien de dizaines de millions d'euros de subventions de la ville supplémentaires seraient-elles nécessaires ? Ou bien se résoudra-t-on à pérenniser la tolérance de la prière hebdomadaire sur la voie publique ?
En mettant le doigt dans l'engrenage du soutien public à un culte privé, sur fond d'arrangements clientélistes, Delanoë place Paris sur une pente savonneuse, une de plus.
Les rares exceptions tolérables sont donc, à titre festif et cérémoniel, quelques manifestations épisodiques sur la voie publique. Inutile de tousser quand Ganesha déambule dans la rue de l'Aqueduc, une fois l'an, que la rue Notre-Dame-de-Nazareth est bloquée pour Kippour ou Roch Hachanah, qu'à Pâques les Catholiques entonnent des chants dans quelques artères ou, qu'au moment du Ramadan, Barbès soit parfois chamboulé par les prières et les étals de confiserie orientale. Tout cela relève autant du folklore que de la religion. Simplement, il faut que les choses soient cadrées, prévues, temporaires et autorisées.
C'est la raison pour laquelle nous avions protesté, malgré le peu d'empathie que nous avons pour leur doctrine, quand la mairie a interdit une messe annuelle que la Fraternité Saint Pie X (les traditionnalistes de feu Mgr Lefèvre) voulait organiser dans le jardin qui fait face au Sacré-Coeur. Nous ne voyions pas quel trouble à l'ordre public pouvait être évoqué à cette rare occasion (cliquez ici).
Dans l'affaire qui nous préoccupe aujourd'hui, les choses sont différentes. La prière du vendredi que des responsables auto-désignés organisent à la Goutte d'or, sans pouvoir arguer d'aucune autorisation, en occupant un large espace public, en prétendant interdire qu'on la filme alors qu'il ne s'agit pas d'un événement privé, qu'aucun participant n'est clairement distingué et que seule une foule est montrée ; enfin, en laissant entendre que ce rassemblement hebdomadaire durera tant qu'une mosquée suffisamment grande ne sera pas disponible, est une atteinte claire à la laïcité.
Jugez par vous-mêmes en cliquant ici.
L'attitude de la mairie sur cette question est d'ailleurs empreinte, comme toujours, de clientélisme. C'est ce qui explique la différence de traitement avec les traditionnalistes : ces derniers ne sont pas près de voter Delanoë et, de toute façon, ils sont peu nombreux.
La mairie a déjà pris des grandes libertés avec la loi de 1905 en décidant de financer à hauteur de 20 millions d'euros le futur Institut des cultures d'islam où le culturel servira de paravent au cultuel puisqu'il abritera un lieu de prière. Ce ne sera possible qu'au prix d'un accommodement juridique douteux : voir en cliquant là.
Le problème est que, vu la foule qui se recueille le vendredi à Barbès, ce bâtiment peut d'ores et déjà être considéré comme trop petit. Faudra-t-il plusieurs "instituts culturels" ? Et combien de dizaines de millions d'euros de subventions de la ville supplémentaires seraient-elles nécessaires ? Ou bien se résoudra-t-on à pérenniser la tolérance de la prière hebdomadaire sur la voie publique ?
En mettant le doigt dans l'engrenage du soutien public à un culte privé, sur fond d'arrangements clientélistes, Delanoë place Paris sur une pente savonneuse, une de plus.