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SCOOP : LES DINGOS-PROJETS DE LA MAIRIE JUSQU'EN 2014 !

Une exclusivité du Delanopolis !

La mairie de Paris va bientôt (9 mois après les élections municipales tout de même …) révéler son plan d’investissement jusqu’en 2014.



SCOOP : LES DINGOS-PROJETS DE LA MAIRIE JUSQU'EN 2014 !
Elus d’opposition, associations, citoyens et tutti quanti, ne soyez pas impatients : vous le trouverez en exclusivité ici et ici

Quand il sera livré aux médias, ce document sera naturellement accompagné d’une intense propagande. Avant que le déluge de com’ ne vous écrabouille tympans et méninges, le Delanopolis vous propose un antidote : une analyse lucide de ces chiffres.

I – D’abord, quelques mots sur le montant global et la manière de le financer.

Le total de l’investissement prévu est fait pour impressionner : 8, 4 milliards d’euros d’ici environ 5 ans. L’Hôtel de ville se gargarisera bien sûr de cet effort, en théorie supérieur de 18 % à ce qui a été fait en moyenne annuelle sous la mandature précédente. Ne soyons pas naïfs et interrogeons-nous sur le financement de ces dépenses, qui rend dubitatif sur le fait que Paris puisse en réalité y faire face.

D’abord, un bref rappel de principe.

L’investissement, dans une commune, ne peut être financé que de deux manières. La première est le reversement de l’excédent de fonctionnement, c’est-à-dire, grosso modo, de l’excédent des impôts sur les dépenses courantes. Au regard de la dégradation rapide des recettes fiscales parisiennes et de l’envol des frais de fonctionnement, il n’y a presque rien à espérer de ce côté. A titre d’exemple, les droits de mutation vont s’effondrer du fait de la baisse du nombre de transactions immobilières à Paris (le marché est figé depuis plusieurs mois), cumulée avec celle des prix. Côté dépenses courantes, le coût des 8000 emplois pérennes créés depuis 2001 va s’accroître au fil des ans. Les hausses fiscales décidées par Delanoë, malgré leur importance (voir ici et ici) seront donc très insuffisantes pour compenser ce déséquilibre.

De ce fait, seule une deuxième méthode permettrait à la ville de financer ces investissements : l’emprunt. Hélas, il a déjà augmenté de plus de 200 % ces dernières années (voir ici). Si, par hypothèse, l’endettement finançait l’intégralité des 8, 4 milliards de projets envisagés, il quadruplerait à nouveau. Paris deviendrait, en 2014, la grande ville la plus endettée de France, alors quelle était l’une des moins débitrice en 2001. Devant les polémiques hurlantes que cette situation ne manquerait pas de susciter, il y a tout lieu de penser que Delanoë baissera pavillon et renoncera à de nombreuses dépenses incluses dans sa liste.

II – Admettons toutefois que tel ne soit pas le cas et qu’il respecte son plan au risque d’endetter jusqu’au cou les Parisiens de demain. Regardons alors un peu plus en détail certains postes. Surprise : nombre de ces investissements sont fortement sous-estimés.

Prenons la première rubrique : pour le tramway et les travaux lourds de voirie (trois couvertures du Périphérique, réaménagement de 9 portes de Paris, GPRU, etc.) 804 millions d’euros sont prévus. Le seul tramway, dans les documents de l’enquête publique, pourtant sous-estimés, parle de près de 500 millions à la charge de la ville. Sauf à concéder purement et simplement au privé la majorité des autres projets, ce qui est impossible dans le contexte économique actuel, on ne voit pas comment la ville pourrait les financer. Bref, la plupart des aménagements mentionnés, promis pour certains depuis le début de la première mandature, ne verront jamais le jour.

Ce document contient également plusieurs aveux douloureux. Un seul exemple : la Canopée des Halles. Alors que dans le projet initial de Mangin, le coût estimatif de son « Carreau » ne dépassait pas 100 millions d’euros, voilà désormais que ledit Carreau, reprofilé par Berger, en est à 295 millions ! Et encore, au vu du caractère hasardeux des techniques et matériaux employés et du mystère qui plane sur le réaménagement du sous-sol, pourtant nécessaire, ce chiffre est, lui-aussi, sous estimé. Le scandale des Halles continue sous nos yeux effarés …

S’agissant du logement social, la ville prévoit 2 milliards d’euros pour en réaliser 40.000. Deux milliards d’euros, cela paraît beaucoup. Sauf que cela ne fait que 50.000 euros par logement. A moins que l’Etat soit particulièrement généreux avec Paris pour remplir sa sébile ou que les immeubles soient en carton-pâte, on ne voit pas comment ces constructions seraient possibles. Bref, encore une esbroufe.

D’autres éléments de ce programme d’investissement sont des confirmations de projets délirants comme la verdurisation de la place de la République ou des grands boulevards, qui étendraient la congestion de la circulation du boulevard de Magenta à l’ensemble du centre de Paris.

On voit aussi ce qui est négligé. Le compte foncier pour l’ensemble des opérations Batignolles et Nord-Est, plus celles de Broussais, Poissonniers, Mac Donald (bref toutes celles qui permettent à Delanoë de prétendre qu’il va réaménager 10 % de la surface de la ville) est maigrichon.

Idem pour l’ensemble institutions culturelles existantes (théâtres, musées, ateliers d’artistes) qui ne recevront que 37 millions d’euros sur 6 ans alors que Louxor, Gaîté-Lyrique, 104 et Métallos en absorberaient 71, ce qui paraît d’ailleurs faible vu la panade actuelle de leurs chantiers.

Juste un mot, car nous y reviendrons, sur les stades municipaux. On lit 212 millions d’euros pour l’ensemble d’entre eux alors qu’aux derniers calculs du maire du 16 ème le seul cadeau de Delanoë à son copain Guazzini dépasse les 150 millions pour Jean Bouin.

Ultime observation : alors que, durant la campagne municipale, Delanoë s’était gargarisé de son fameux milliard pour l’innovation (voir ici) l’ensemble des crédits pour le supérieur, la recherche et ladite innovation s’élève à 384 millions. La recherche, il est vrai, ne vote pas.

Nous sommes donc en présence de projets non réellement financés, sauf à se livrer à un endettement massif. Pourtant, les coûts réels sont systématiquement minorés et les promesses s’envolent à tire d’aile.

De nombreux sujets d’enquête pour les Delanopolis du futur …


Dimanche 30 Novembre 2008
Serge Federbusch





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