Ils ruminent leurs votes
1 - Cahuzac, Le Guen, Hidalgo, Thévenoud, Jouyet, etc. : de l'art socialiste d'accommoder les scandales
Tout allait bien pour les journalistes du Monde tant que l'affaire montée en épingle de la conversation entre Jouyet et Fillon ternissait surtout l'image de ce dernier. Quand Jouyet a commencé à s'empêtrer dans ses contradictions et, plus encore, quand le doute est apparu sur les méthodes du quotidien de déférence, on eut droit au quasi escamotage du sujet. La veille encore les colonnes du Monde étaient pourtant encombrées de ces pseudo révélations.
C'est à peine si on parvenait, en le lisant le lendemain, à apprendre que Copé tentait de se refaire une santé politique en se démarquant de Fillon. Aucune autocritique et pas le moindre début d'explication sur les éléments tangibles qui permettaient aux deux journalistes maison d'affirmer que Jouyet n'était pas un affabulateur ou un manipulateur. Quant aux enregistrements de la conversation litigieuse, on les attend toujours.
Du côté mou-présidentiel on décida au même moment, bienheureuse coïncidence, de faire corps avec Jouyet. Il faut dire que, sans ce dernier, Hollande errerait comme une âme en peine dans les couloirs de l'Elysée. Il fut donc décrété que le secrétaire général du palais était incritiquable. Et cela suffit aux médias socio-dominants pour considérer qu'il leur fallait désormais circuler et qu'il n'y avait plus rien à voir sur le sujet. Aux Etats-Unis, Obama et le secrétaire de la Maison blanche auraient été harcelés par toute la presse pendant des semaines pour moins que ça.
Cette capacité d'étouffement nous renvoie au souvenir encore frais de l'affaire Cahuzac. Malgré les cris de l'opposition parlementaire, l'énorme scandale des questions biaisées du gouvernement pour éviter que les agissements de Cahuzac et sa possession de comptes à l'étranger ne soient révélés plus tôt s'est éteint doucement.
Et quel spectacle savoureux que celui donné par Bruno Le Roux, réclamant la démission des élus UMP accusés d'avoir des comptes en Suisse, alors que Thévenoud est toujours député et Yamina Benguigui conseillère de Paris ! Cette dernière fut maintenue par les socialistes du 10ème arrondissement de Paris sur leur liste au deuxième tour des dernières élections municipales alors que la révélation des insuffisances flagrantes de sa déclaration de patrimoine en tant que ministre était déjà dans la presse.
Au fond, Hidalgo a eu raison de ne pas l'éjecter puisque c'est à peine si l'affaire est évoquée depuis. Il faut dire que la maire de Paris est une championne toute catégorie dans la bienveillance des médias.
Elle a réussi à mener sa candidature à terme et à l'emporter sans qu'aucune fois les "grands" journaux et autres chaînes dominantes ne l'interrogent sur les conditions de son départ à la retraite à l'âge de 51 ans. Ni sur la réalité de ses activités dans les longues années passées à l'inspection du travail alors qu'elle cumulait au même moment les fonctions de conseillère de Paris, conseillère régionale, première adjointe au maire et autres délégations au sein du parti socialiste. Une véritable rescapée de la curiosité journalistique !
Autre contempteur des pailles qu'on trouve dans les yeux d'autrui, Monsieur Cambadélis ne manque jamais une occasion de se poser en donneur de leçons sans que l'acronyme MNEF ne lui soit, comme il devrait pourtant l'être, renvoyé systématiquement au visage.
La France est mithridatisée aux scandales politiques, particulièrement quand ils touchent la gauche. On pourrait considérer que cela relève du folklore et n'a au fond que peu de conséquences. Mais il n'en est rien car, dans une démocratie digne de ce nom, la seule affaire Cahuzac aurait conduit à la chute du gouvernement et même à la démission du président. On aurait donc déjà mis un terme à la nocivité de cette camarilla.
Certes, les esquives de Hollande pour éviter de prendre à bras-le-corps les problèmes de la France, la réforme de son système de transferts sociaux et la mise à mal de ses intérêts en Europe notamment, sont bien plus graves que les petites magouilles des uns et des autres. Mais justement, l'intérêt de ce type de scandale est qu'ils servent de révélateurs à des incapacités plus profondes. En négligeant le thermomètre, on laisse la fièvre s'installer.
2 - Le Gouvernement Bourre Tous (LGBT)
Ouf ! C'est l'automne. Et, heureusement pour le gouvernement, le marronnier du mariage homo laisse à nouveau tomber ses fruits. Acculé par des partisans UMP de la Manif pour tous lors d'une réunion publique, Sarkozy leur a concédé une réécriture de la loi Taubira.
Se jetant comme une certaine maladie sur un incertain clergé breton, les nouveaux censeurs ont immédiatement conspué l'ignoble réaction qui s'apprêterait à déferler sur la France. Pour l'occasion, des principes aussi faux et incongrus que l'interdiction constitutionnelle de revenir sur un droit furent aussitôt érigés en jurisprudence journalistique. Si c'était vrai, Hollande et sa bande n'auraient jamais pu remettre en cause les exonérations et abattements fiscaux votés par leurs prédécesseurs. Et l'on roulerait encore sans limitation de vitesse sur les routes nationales tout comme on fumerait dans les bistrots.
Peu importe : enfin, un Nouvel obs à ronger ! Et pendant ce temps, les vrais chiffres du déficit public, qui invalident totalement les prévisions envoyées à Bruxelles dont on nous a pourtant rebattu les oreilles il y a moins d'un mois, sont à peine commentés. Bientôt, l'Etat dépensera chaque année un tiers de plus que ce qu'il perçoit de recettes fiscales diverses. Mais cet ascenseur pour la banqueroute est tellement moins intéressant que la diversion sociétale préférée du gouvernement.
3 - Liquidités à sec
Plus que toutes ces considérations, les nouvelles importantes de la semaine nous viennent du Japon et d'Angleterre. La croissance patine, les déficits reprennent une mauvaise allure malgré les torrents de liquidités déversés par les banques centrales de ces deux pays depuis trois ans. La solution du "quantitative easing" commence à monter ses limites et son aspect de paradis artificiel. Elle est en effet affectée d'un vice fondamental : elle vient en aide aux plus puissants, banques privées, grands groupes et états, davantage qu'aux plus innovants et productifs. Forcément, l'efficacité de ces soins palliatifs finit par décroître. Mais cela justifiera un article en soi, d'autant qu'il s'agit du dernier espoir "hollandais" pour échapper aux décisions difficiles.