Un musée toujours parfaitement entretenu !
Nos lecteurs savent bien que la grande spécialité de Delanoë consiste à faire porter le chapeau de ses nombreux échecs à autrui. De la candidature ratée aux jeux olympiques à la Bérézina du congrès de Reims, aux aménagements aberrants de la voirie, à la hausse spectaculaire de la fiscalité et de l'endettement ou au cloaque des Halles, c'est toujours la faute de quelqu'un d'autre : Tony Blair, Martine Aubry, les Verts, le gouvernement qui lui doit quelques sous ou la Sem en charge du centre de Paris.
Pour le casse du siècle au musée d'art moderne, c'est la même rengaine et le syndicat Supap-Dac s'est indigné, dans un communiqué, que le maire tente hypocritement d'accabler les trois malheureux veilleurs de nuit qui devaient, sans système de protection sonore en fonctionnement, surveiller ces vastes lieux.
Reprenons une partie des termes de son communiqué car ils sont importants :
"Les déclarations sans ambiguïté de Bertrand Delanoë visent particulièrement le personnel de surveillance du Musée d’Art Moderne. Devant ces affirmations, les personnels et le Syndicat Supap-FSU (majoritaire aux affaires culturelles et dans les musées parisiens) contestent cette version du Maire de Paris.
- L’intrusion, le démontage de la vitre et le cisaillement du cadenas n’étaient pas filmés ! - Il n’y a pas de caméra à cet endroit.
- Il n’y avait pas d’alarme anti-intrusion fonctionnant en cas de bris de porte ou de fenêtre au Musée d’Art Moderne.
- L’alarme volumétrique qui signale des déplacements suspects était en panne depuis 2 mois.
- Il y a plus de 30 caméras pour 4 écrans de visionnage. Les images ne sont donc pas diffusées en direct. Outre que les écrans ne sont pas sensés être visionnés en permanence (les alarmes sont faites pour ça) il est faux de faire croire que le système de vidéosurveillance « diffusait des images en temps réel" . Il faut rappeler que le Musée d’Art Moderne abrite des centaines œuvres d’une valeur de plusieurs milliards d’euros, sur des milliers de mètres carrés et sur plusieurs niveaux. Les personnels de surveillance des musées de la Ville de Paris et notamment ceux du Musée d’Art Moderne ne peuvent être tenus pour responsables des carences des musées parisiens et de la Ville de Paris. Ce sont les agents de surveillance et eux seuls qui ont signalé sur le cahier de main courante les pannes à répétition.
Les personnels et le syndicat Supap-FSU demandent à la Ville de Paris et à son maire, Bertrand Delanoë, de retrouver le sens des responsabilités".
Voilà qui est clair !
Ces accusations fort précises s'appuient sur un rapport alarmiste rédigé par l'Inspection de la ville de Paris, en 2007, qui répertoriait les nombreuses fragilités de la sécurité des musées, face aux risques de sinistre ou de vol. Ce rapport, Delanoë s'est indigné que le Parisien en reprenne certains termes. Pour ne pas laisser ce journal seul face à ces critiques hypocrites, le Delanopolis vous offre en exclusivité le texte complet ici.
C'est un véritable réquisitoire qui, s'agissant du Musée d'art moderne, décrit "une situation déplorable". Vous lirez en page 21 une explication du problème : un défaut total de communication entre services de la ville qui a conduit par exemple, à ce que "le musée ouvre ses portes pour l'exposition Bonnard sans système de protection des locaux ni des collections" !!!
Delanoë a eu beau nier cette situation, dans un deuxième communiqué en trois jours (cette répétition prouve son malaise), la chose est pourtant écrite noir sur blanc dans le rapport. Maintenant que ce texte est dans le domaine public, il n'aura plus d'excuses pour négliger, comme il l'a fait, la protection du patrimoine parisien. Qu'il vende donc le 104, qu'il suspende ses subventions aux associations de copains et qu'il fasse de la sécurité des musées parisiens la priorité qu'elle devrait être en matière culturelle vu la situation.
Car, instruits par ce rapport accablant qui est rédigé, rappelons-le, à leur intention et à celle de nul autre, qu'ont fait les élus Girard et Delanoë de ces préconisations, sachant que ce sont eux et eux-seuls qui sont les responsables finaux de la bonne marche de l'administration municipale et donc du Musée d'art moderne ? "A notre connaissance, aucun travail en profondeur n'a (y) été réalisé depuis 2007" nous dit le Supap-Dac.
Conscients du début d'incendie politique, Girard et Delanoë ont fait dans un premier temps répondre la direction des affaires culturelles de la ville (encore une défausse !), qui énumère les travaux qui auraient été effectués au Musée d'Art Moderne (MAM) : "des vitres ont été sécurisées, des baies vitrées renforcées, des système de radios changés, le système de vidéo-surveillance amélioré et des changements de serrure" ont été faits.
Pour qui s'intéresse un tant soit peu à ces questions, il est évident que les travaux en question sont de faible portée au regard des insuffisantes criantes pointées en 2007. L'argumentaire porte essentiellement sur le renfort de baie vitrées et la généralité et l'imprécision des termes employés pour la vidéo-surveillance en dit long sur le peu de consistance des efforts opérés. Du reste, et c'est l'argument qui tue, ces soi-disant améliorations ne permettaient toujours pas aux veilleurs d'exercer une surveillance par caméra de la totalité des salles d'exposition ou des points d'intrusion possibles par les fenêtres. Dès lors, tout reposait sur l'alarme volumétrique, ce qui est en soi insuffisant, et sa panne rendait indispensable des mesures immédiates de sécurisation par gardiennage physique.
En bref, la Direction des affaires culturelles n'a que des détails à opposer aux arguments du syndicat Supap et Delanoë et Girard ont tenté de se planquer jusqu'à ce que l'article du "Parisien" les force à réagir. Car, face à la polémique naissante, Delanoë a dû publier ce fameux second communiqué. Que dit-il, en substance ? Il tente d'esquiver la question du Musée d'art moderne en particulier pour se réfugier dans des généralités. "10 millions d'euros (auraient) été consacrés pour remettre à niveau les dispositifs de sécurité dans sept musées". On ne sait lesquels ni comment ces efforts, du reste très peu importants si on les rapporte au nombre d'établissements, ont été répartis. "Chaque année, poursuit Delanoë, 1 million d'euros sont consacrés à des travaux divers de sécurité (ajouts de caméras, protection des vitres …)." Sont-ils compris dans les 10 précédents, concernent-ils l'ensemble des musées auquel cas la somme est dérisoire ? Que des questions sans réponse.
La réalité est hélas beaucoup plus triviale : ne s'agissant pas d'efforts budgétaires politiquement rentables, les décideurs municipaux n'ont pas fait de cette question de la sécurité des collections parisiennes une priorité. Cette triste histoire est la conséquence d'une "politique culturelle" fondée sur les paillettes et l'éphémère, et l'inauguration de quelques mastodontes inutiles comme le 104, la Gaîté-Lyrique ou le Louxor.
Il est plus que temps qu'un audit indépendant soit mené sur l'action culturelle de la ville de Paris depuis 2001 et ses gaspillages monumentaux. Le Mouvement pour une gauche moderne vient d'ailleurs de le réclamer et le Delanopolis trouve que ce n'est pas une mauvaise idée. Cela vaudra beaucoup mieux, bien sûr, que la nouvelle mission confiée en toute hâte à l'Inspection générale de la ville, organe sans indépendance et dont le Delanopolis vous explique, par article séparé, pourquoi on ne peut en attendre grand chose sur un sujet aussi brûlant.
A suivre ...
Pour le casse du siècle au musée d'art moderne, c'est la même rengaine et le syndicat Supap-Dac s'est indigné, dans un communiqué, que le maire tente hypocritement d'accabler les trois malheureux veilleurs de nuit qui devaient, sans système de protection sonore en fonctionnement, surveiller ces vastes lieux.
Reprenons une partie des termes de son communiqué car ils sont importants :
"Les déclarations sans ambiguïté de Bertrand Delanoë visent particulièrement le personnel de surveillance du Musée d’Art Moderne. Devant ces affirmations, les personnels et le Syndicat Supap-FSU (majoritaire aux affaires culturelles et dans les musées parisiens) contestent cette version du Maire de Paris.
- L’intrusion, le démontage de la vitre et le cisaillement du cadenas n’étaient pas filmés ! - Il n’y a pas de caméra à cet endroit.
- Il n’y avait pas d’alarme anti-intrusion fonctionnant en cas de bris de porte ou de fenêtre au Musée d’Art Moderne.
- L’alarme volumétrique qui signale des déplacements suspects était en panne depuis 2 mois.
- Il y a plus de 30 caméras pour 4 écrans de visionnage. Les images ne sont donc pas diffusées en direct. Outre que les écrans ne sont pas sensés être visionnés en permanence (les alarmes sont faites pour ça) il est faux de faire croire que le système de vidéosurveillance « diffusait des images en temps réel" . Il faut rappeler que le Musée d’Art Moderne abrite des centaines œuvres d’une valeur de plusieurs milliards d’euros, sur des milliers de mètres carrés et sur plusieurs niveaux. Les personnels de surveillance des musées de la Ville de Paris et notamment ceux du Musée d’Art Moderne ne peuvent être tenus pour responsables des carences des musées parisiens et de la Ville de Paris. Ce sont les agents de surveillance et eux seuls qui ont signalé sur le cahier de main courante les pannes à répétition.
Les personnels et le syndicat Supap-FSU demandent à la Ville de Paris et à son maire, Bertrand Delanoë, de retrouver le sens des responsabilités".
Voilà qui est clair !
Ces accusations fort précises s'appuient sur un rapport alarmiste rédigé par l'Inspection de la ville de Paris, en 2007, qui répertoriait les nombreuses fragilités de la sécurité des musées, face aux risques de sinistre ou de vol. Ce rapport, Delanoë s'est indigné que le Parisien en reprenne certains termes. Pour ne pas laisser ce journal seul face à ces critiques hypocrites, le Delanopolis vous offre en exclusivité le texte complet ici.
C'est un véritable réquisitoire qui, s'agissant du Musée d'art moderne, décrit "une situation déplorable". Vous lirez en page 21 une explication du problème : un défaut total de communication entre services de la ville qui a conduit par exemple, à ce que "le musée ouvre ses portes pour l'exposition Bonnard sans système de protection des locaux ni des collections" !!!
Delanoë a eu beau nier cette situation, dans un deuxième communiqué en trois jours (cette répétition prouve son malaise), la chose est pourtant écrite noir sur blanc dans le rapport. Maintenant que ce texte est dans le domaine public, il n'aura plus d'excuses pour négliger, comme il l'a fait, la protection du patrimoine parisien. Qu'il vende donc le 104, qu'il suspende ses subventions aux associations de copains et qu'il fasse de la sécurité des musées parisiens la priorité qu'elle devrait être en matière culturelle vu la situation.
Car, instruits par ce rapport accablant qui est rédigé, rappelons-le, à leur intention et à celle de nul autre, qu'ont fait les élus Girard et Delanoë de ces préconisations, sachant que ce sont eux et eux-seuls qui sont les responsables finaux de la bonne marche de l'administration municipale et donc du Musée d'art moderne ? "A notre connaissance, aucun travail en profondeur n'a (y) été réalisé depuis 2007" nous dit le Supap-Dac.
Conscients du début d'incendie politique, Girard et Delanoë ont fait dans un premier temps répondre la direction des affaires culturelles de la ville (encore une défausse !), qui énumère les travaux qui auraient été effectués au Musée d'Art Moderne (MAM) : "des vitres ont été sécurisées, des baies vitrées renforcées, des système de radios changés, le système de vidéo-surveillance amélioré et des changements de serrure" ont été faits.
Pour qui s'intéresse un tant soit peu à ces questions, il est évident que les travaux en question sont de faible portée au regard des insuffisantes criantes pointées en 2007. L'argumentaire porte essentiellement sur le renfort de baie vitrées et la généralité et l'imprécision des termes employés pour la vidéo-surveillance en dit long sur le peu de consistance des efforts opérés. Du reste, et c'est l'argument qui tue, ces soi-disant améliorations ne permettaient toujours pas aux veilleurs d'exercer une surveillance par caméra de la totalité des salles d'exposition ou des points d'intrusion possibles par les fenêtres. Dès lors, tout reposait sur l'alarme volumétrique, ce qui est en soi insuffisant, et sa panne rendait indispensable des mesures immédiates de sécurisation par gardiennage physique.
En bref, la Direction des affaires culturelles n'a que des détails à opposer aux arguments du syndicat Supap et Delanoë et Girard ont tenté de se planquer jusqu'à ce que l'article du "Parisien" les force à réagir. Car, face à la polémique naissante, Delanoë a dû publier ce fameux second communiqué. Que dit-il, en substance ? Il tente d'esquiver la question du Musée d'art moderne en particulier pour se réfugier dans des généralités. "10 millions d'euros (auraient) été consacrés pour remettre à niveau les dispositifs de sécurité dans sept musées". On ne sait lesquels ni comment ces efforts, du reste très peu importants si on les rapporte au nombre d'établissements, ont été répartis. "Chaque année, poursuit Delanoë, 1 million d'euros sont consacrés à des travaux divers de sécurité (ajouts de caméras, protection des vitres …)." Sont-ils compris dans les 10 précédents, concernent-ils l'ensemble des musées auquel cas la somme est dérisoire ? Que des questions sans réponse.
La réalité est hélas beaucoup plus triviale : ne s'agissant pas d'efforts budgétaires politiquement rentables, les décideurs municipaux n'ont pas fait de cette question de la sécurité des collections parisiennes une priorité. Cette triste histoire est la conséquence d'une "politique culturelle" fondée sur les paillettes et l'éphémère, et l'inauguration de quelques mastodontes inutiles comme le 104, la Gaîté-Lyrique ou le Louxor.
Il est plus que temps qu'un audit indépendant soit mené sur l'action culturelle de la ville de Paris depuis 2001 et ses gaspillages monumentaux. Le Mouvement pour une gauche moderne vient d'ailleurs de le réclamer et le Delanopolis trouve que ce n'est pas une mauvaise idée. Cela vaudra beaucoup mieux, bien sûr, que la nouvelle mission confiée en toute hâte à l'Inspection générale de la ville, organe sans indépendance et dont le Delanopolis vous explique, par article séparé, pourquoi on ne peut en attendre grand chose sur un sujet aussi brûlant.
A suivre ...