Serge Federbusch nous a reçu dans son bureau virtuel du Net pour parler des derniers rebondissements de la guerre des Roses et de ses conséquences présentes et à venir pour Paris.
Le Delanopolis : - " Bonjour Serge. Dites nous où en est, selon vous, le PS au moment où s'ouvrent les hostilités des Primaires ?"
Serge Federbusch : - " Bonjour. La politique-fiction est un exercice périlleux et je ne sais si je dois vous remercier de me poser cette question ! D'abord, ne croyez pas un mot de ce que les chefs, cheftaines et cheffallions diront : ils veulent tous et toutes être candidats au moins pour s'assurer les deuxièmes morceaux en cas de partage des dépouilles en 2012.
Faisons un rapide tour d'horizon des projets et chances respectives des unes et des autres.
Aubry tient la corde : dans les magouilles et manipulations inhérentes à ce type de scrutin, elle a la main sur le berceau et ses sbires auront un accès direct à toutes les urnes et instruments de propagande. Quand on se souvient des accusations jamais démenties qui ont entaché son élection à Reims ( lire en cliquant ICI, ndlr) , on imagine bien qu'elle va user largement de l'avantage que lui confère son statut de première secrétaire.
Dans ces conditions, DSK aura du mal à lutter. S'il n'emporte pas les Primaires (et vous pouvez faire confiance à Aubry pour que ce soit le cas), on le voit difficilement aller aux présidentielles en candidat libre contre l'investie du PS. Quitter le FMI, dépenser des millions si ce n'est des dizaines de millions d'euros et, pour finir, risquer de porter le chapeau de la défaite collective due aux divisions : il est peu probable qu'il soit capable de prendre de tels risques.
Les pseudo-gauchistes du parti : Hamon, Montebourg, etc. sont là pour faire de la figuration et obtenir un gros ministère ou un hochet plaisant plus tard. Le départ de Mélenchon a paradoxalement affaibli ces révolutionnaires en peau de lapin en les privant d'une partie importante des troupes qui frémissaient à l'évocation de la lutte des classes et qui peuplaient les sections.
Valls et Moscovici, les "droitiers", n'ont guère de militants derrière eux et, surtout pour le dernier, iront vite au plus offrant en espérant qu'il tienne parole lorsqu'il lui promettra quelque chose."
D : "- Et Ségolène ?"
S.F. : " - C'est le point délicat pour Aubry. Ségolène est susceptible de casser la baraque si elle sent qu'elle va perdre les primaires et, dans la foulée, elle n'hésitera pas à dénoncer les magouilles de la direction. Parviendront-elles à s'entendre ? C'est peu probable et c'est l'une des chances de réélection pour Sarkozy car, appuyée sur Désirs d'avenir, Ségolène peut distraire quelques pour cents à Aubry au premier tour et, surtout, polluer sa campagne.
D : " Un petit détour : si elle est désignée, quelle sera la stratégie d'Aubry pour les présidentielles ? "
SF : " - Elle essaiera de faire la seule chose qui ait jamais réussi au PS dans cette entreprise : tenir le double langage mitterrandien. D'un côté, un baragouin de "gauche" sur l'égalité, les vilains riches, l'Etat, les services publics bafoués, etc. De l'autre, une référence constante et rassurante au pays réel, à la province, au clocher de la force tranquille. Bref, un discours conservateur maquillé au fard de la solidarité et orné de quelques mesures sociétales. N'ayant aucune imagination, elle s'emploiera à refaire le coup du Père François en espérant que Sarkozy tombera comme un fruit mûr, épuisé par la crise, l'usure du pouvoir, la lassitude face à la droite, les illusions perdues de son électorat, etc."
D : - " Vous oubliez Hollande ?"
S.F. : "- Hélas pour lui, c'est le plus intelligent de la bande et le plus élaboré dans son élocution : ça suffira à le faire perdre. Il a loupé le coche en 2006, de manière inexplicable. Il n'aurait jamais dû laisser Ségolène, DSK et Fabius seuls en course pour la candidature de l'époque. Un manque de courage sans doute, la peur d'affronter Sarkozy peut-être ?"
D : " Venons en maintenant à Delanoë et Paris dans cette perspective ..."
S.F. : "Oui ?"
D : " - Delanoë a-t-il totalement renoncé ?"
S.F. : "Totalement est un bien grand adverbe, il peut toujours croire au miracle et à une entre-tuerie entre Aubry, Ségolène et DSK. Mais, à moins d'être déconnecté du réel, il est évident pour tout le monde, même pour lui, que ses chances sont désormais microscopiques."
D : - "Alors ?"
S. F. : - " Alors, s'il en a encore le goût et la santé, il peut être tenté de négocier son ralliement contre quelque chose qui lui permettrait de quitter sa mairie qui prend l'eau et ne l'intéresse plus."
D : - "Négocier quoi et avec qui ?"
S.F. : -" Un ministère prestigieux mais sans trop de difficultés techniques ou sociales, l'idéal serait sans doute le Quai d'Orsay. On le voit beaucoup en déplacement à l'étranger en ce moment, vous ne trouvez pas ?"
D : "Répétons notre question : avec qui ?"
S.F. : " Avec le gagnant bien sûr ! Son premier choix est peut-être Aubry, non qu'il ait oublié les avanies du congrès de Reims mais qu'il voudra jouer lui-aussi la mieux placée. Et puis il y a Hidalgo ...".
D : " Hidalgo, comment ça ?"
S.F. : "Elle est très proche d'Aubry via son mari (Jean-Marc Germain, NDLR) et ses anciennes fonctions. Tout cela pourrait faire l'objet d'un deal global : Delanoë file bronzer au Quai d'Orsay, en face des "ludo-berges" qu'il projette d'installer (ça tombe bien !) et Hidalgo récupère la mairie avec deux ans pour éliminer ses opposants internes avant 2014 : Le Guen, Bloche, etc."
D : "Vous paraissez bien sûr que Delanoë veuille quitter la mairie ! ?"
S.F. "Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit. Ce n'est qu'une possibilité, une conjecture, mais cela aurait un sens car il sait bien que toutes les impostures de sa politique vont commencer à exploser les unes après les autres. Du reste, il laisse Hidalgo depuis quelque temps monter au front sur tous les sujets pourris : Auteuil, Jean Bouin, les Halles, etc. Si, au final, la gauche perd en 2012, il pourra toujours se représenter malgré toutes ses déclarations en invoquant le risque que la lutte entre les prétendants à sa succession occasionne le retour de la droite à Paris".
D : "Dans ces conditions et dans l'immédiat, que va-t-il se passer à la mairie de Paris ?"
S.F. : "Ce qu'on voit déjà : la rivalité entre Hidalgo/Aubry et Le Guen/DSK va s'accentuer. Delanoë ira dans le sens du vent. En attendant, les affaires parisiennes vont de mal en pis. Il suffit d'observer la crasse inimaginable des rues, la montée inexorable des dépenses, la façon scandaleuse dont la ville s'est faite dépouiller dans le dossier des Halles et sa capitulation systématique devant les intérêts des puissances médiatiques et financières, etc. pour s'en rendre compte et s'en désoler.'
D : - "Une dernière question : que comptez vous faire en tant qu'élu et quelles sont les chances de l'opposition de contrarier cette mécanique délétère ?"
S.F. - "Petits curieux ! Patientez un peu et je vous en dirai plus dans quelques semaines !".
D : - "Bien, dans ce cas, nous reviendrons. Merci Serge."
S.F. : "Merci."
Le Delanopolis : - " Bonjour Serge. Dites nous où en est, selon vous, le PS au moment où s'ouvrent les hostilités des Primaires ?"
Serge Federbusch : - " Bonjour. La politique-fiction est un exercice périlleux et je ne sais si je dois vous remercier de me poser cette question ! D'abord, ne croyez pas un mot de ce que les chefs, cheftaines et cheffallions diront : ils veulent tous et toutes être candidats au moins pour s'assurer les deuxièmes morceaux en cas de partage des dépouilles en 2012.
Faisons un rapide tour d'horizon des projets et chances respectives des unes et des autres.
Aubry tient la corde : dans les magouilles et manipulations inhérentes à ce type de scrutin, elle a la main sur le berceau et ses sbires auront un accès direct à toutes les urnes et instruments de propagande. Quand on se souvient des accusations jamais démenties qui ont entaché son élection à Reims ( lire en cliquant ICI, ndlr) , on imagine bien qu'elle va user largement de l'avantage que lui confère son statut de première secrétaire.
Dans ces conditions, DSK aura du mal à lutter. S'il n'emporte pas les Primaires (et vous pouvez faire confiance à Aubry pour que ce soit le cas), on le voit difficilement aller aux présidentielles en candidat libre contre l'investie du PS. Quitter le FMI, dépenser des millions si ce n'est des dizaines de millions d'euros et, pour finir, risquer de porter le chapeau de la défaite collective due aux divisions : il est peu probable qu'il soit capable de prendre de tels risques.
Les pseudo-gauchistes du parti : Hamon, Montebourg, etc. sont là pour faire de la figuration et obtenir un gros ministère ou un hochet plaisant plus tard. Le départ de Mélenchon a paradoxalement affaibli ces révolutionnaires en peau de lapin en les privant d'une partie importante des troupes qui frémissaient à l'évocation de la lutte des classes et qui peuplaient les sections.
Valls et Moscovici, les "droitiers", n'ont guère de militants derrière eux et, surtout pour le dernier, iront vite au plus offrant en espérant qu'il tienne parole lorsqu'il lui promettra quelque chose."
D : "- Et Ségolène ?"
S.F. : " - C'est le point délicat pour Aubry. Ségolène est susceptible de casser la baraque si elle sent qu'elle va perdre les primaires et, dans la foulée, elle n'hésitera pas à dénoncer les magouilles de la direction. Parviendront-elles à s'entendre ? C'est peu probable et c'est l'une des chances de réélection pour Sarkozy car, appuyée sur Désirs d'avenir, Ségolène peut distraire quelques pour cents à Aubry au premier tour et, surtout, polluer sa campagne.
D : " Un petit détour : si elle est désignée, quelle sera la stratégie d'Aubry pour les présidentielles ? "
SF : " - Elle essaiera de faire la seule chose qui ait jamais réussi au PS dans cette entreprise : tenir le double langage mitterrandien. D'un côté, un baragouin de "gauche" sur l'égalité, les vilains riches, l'Etat, les services publics bafoués, etc. De l'autre, une référence constante et rassurante au pays réel, à la province, au clocher de la force tranquille. Bref, un discours conservateur maquillé au fard de la solidarité et orné de quelques mesures sociétales. N'ayant aucune imagination, elle s'emploiera à refaire le coup du Père François en espérant que Sarkozy tombera comme un fruit mûr, épuisé par la crise, l'usure du pouvoir, la lassitude face à la droite, les illusions perdues de son électorat, etc."
D : - " Vous oubliez Hollande ?"
S.F. : "- Hélas pour lui, c'est le plus intelligent de la bande et le plus élaboré dans son élocution : ça suffira à le faire perdre. Il a loupé le coche en 2006, de manière inexplicable. Il n'aurait jamais dû laisser Ségolène, DSK et Fabius seuls en course pour la candidature de l'époque. Un manque de courage sans doute, la peur d'affronter Sarkozy peut-être ?"
D : " Venons en maintenant à Delanoë et Paris dans cette perspective ..."
S.F. : "Oui ?"
D : " - Delanoë a-t-il totalement renoncé ?"
S.F. : "Totalement est un bien grand adverbe, il peut toujours croire au miracle et à une entre-tuerie entre Aubry, Ségolène et DSK. Mais, à moins d'être déconnecté du réel, il est évident pour tout le monde, même pour lui, que ses chances sont désormais microscopiques."
D : - "Alors ?"
S. F. : - " Alors, s'il en a encore le goût et la santé, il peut être tenté de négocier son ralliement contre quelque chose qui lui permettrait de quitter sa mairie qui prend l'eau et ne l'intéresse plus."
D : - "Négocier quoi et avec qui ?"
S.F. : -" Un ministère prestigieux mais sans trop de difficultés techniques ou sociales, l'idéal serait sans doute le Quai d'Orsay. On le voit beaucoup en déplacement à l'étranger en ce moment, vous ne trouvez pas ?"
D : "Répétons notre question : avec qui ?"
S.F. : " Avec le gagnant bien sûr ! Son premier choix est peut-être Aubry, non qu'il ait oublié les avanies du congrès de Reims mais qu'il voudra jouer lui-aussi la mieux placée. Et puis il y a Hidalgo ...".
D : " Hidalgo, comment ça ?"
S.F. : "Elle est très proche d'Aubry via son mari (Jean-Marc Germain, NDLR) et ses anciennes fonctions. Tout cela pourrait faire l'objet d'un deal global : Delanoë file bronzer au Quai d'Orsay, en face des "ludo-berges" qu'il projette d'installer (ça tombe bien !) et Hidalgo récupère la mairie avec deux ans pour éliminer ses opposants internes avant 2014 : Le Guen, Bloche, etc."
D : "Vous paraissez bien sûr que Delanoë veuille quitter la mairie ! ?"
S.F. "Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit. Ce n'est qu'une possibilité, une conjecture, mais cela aurait un sens car il sait bien que toutes les impostures de sa politique vont commencer à exploser les unes après les autres. Du reste, il laisse Hidalgo depuis quelque temps monter au front sur tous les sujets pourris : Auteuil, Jean Bouin, les Halles, etc. Si, au final, la gauche perd en 2012, il pourra toujours se représenter malgré toutes ses déclarations en invoquant le risque que la lutte entre les prétendants à sa succession occasionne le retour de la droite à Paris".
D : "Dans ces conditions et dans l'immédiat, que va-t-il se passer à la mairie de Paris ?"
S.F. : "Ce qu'on voit déjà : la rivalité entre Hidalgo/Aubry et Le Guen/DSK va s'accentuer. Delanoë ira dans le sens du vent. En attendant, les affaires parisiennes vont de mal en pis. Il suffit d'observer la crasse inimaginable des rues, la montée inexorable des dépenses, la façon scandaleuse dont la ville s'est faite dépouiller dans le dossier des Halles et sa capitulation systématique devant les intérêts des puissances médiatiques et financières, etc. pour s'en rendre compte et s'en désoler.'
D : - "Une dernière question : que comptez vous faire en tant qu'élu et quelles sont les chances de l'opposition de contrarier cette mécanique délétère ?"
S.F. - "Petits curieux ! Patientez un peu et je vous en dirai plus dans quelques semaines !".
D : - "Bien, dans ce cas, nous reviendrons. Merci Serge."
S.F. : "Merci."