Après avoir slalomé entre les caisses de produits en cours de déchargement pour un prochain salon et triomphé d’un jeu de piste, vous parveniez, ce soir là, à une vaste salle où, sous l’œil inquisiteur des agents de sécurité d’Unibail, vous étiez conviés à une réunion « publique » d’information sur le projet "Triangle".
Le simple choix du lieu et le regard pesant des vigiles créaient un sentiment de malaise dans la salle, pourtant remplie de plusieurs centaines de participants. Du reste, refoulé par les services de sécurité, un vidéaste amateur qui souhaitait enregistrer des images de la réunion se voyait fermement éconduit au prétexte que l’exclusivité avait été donnée à quelques médias. Etrange, étrange … Unibail et la mairie craignaient-ils que des témoignages gênants puissent être produits sur un canal de diffusion non contrôlé ?
Rétrospectivement, on comprend que leur prudence était avisée. Car la réunion « publique » tourna, malgré tous leurs efforts, à leur déconvenue, ce qu’on était bien en peine de deviner à la lecture de la presse du lendemain.
Tout commença donc par des propos débités d’une voix mécanique par une sorte de jeune technocrate du cabinet Herzog et De Meuron. Pour un peu, on aurait cru qu’une option « architecture et réunion publique » avait été ouverte à l’ENA et que le major de promotion faisait ses premières armes ce soir là aussitôt après son pantouflage. Raide comme un passe-lacet, il déroulait les images d’un bâtiment scintillant, tout de verre et de lumière, qui allait permettre de végétaliser les environs, de créer 5.000 emplois, d’effacer la césure entre Issy et Paris et qui ne projetterait aucune ombre sur son environnement. Un rêve architectural éveillé en somme.
Rassurée par la torpeur générale qui suivit ce discours narcotique, Anne Hidalgo passa alors la parole à la salle.
Boum, badaboum, bam, bam, comme le chantaient les soldats de la glorieuse armée de l’Ebre ! Car, à la première interrogation, l’ambiance changea du tout au tout. Il faut dire que la question fut posée par un certain Serge Federbusch, bien connu des lecteurs de Delanopolis. Confidence pour confidence, il ne tenait pas spécialement à prendre la parole, encore moins en premier. Mais, victime d’un sourire qu’il avait fait quelques minutes plus tôt à une charmante hôtesse d’accueil, cette dernière, sans doute pour se venger, lui tendit le micro dès que le débat fut ouvert.
Ce mauvais garçon égrena donc quelques évidences, en particulier qu’on était en présence d’un projet qui détournait l’intérêt général au bénéfice de l’intérêt particulier du promoteur et que les images et les chiffres livrés au public étaient tous plus mensongers les uns que les autres.
Il aurait pu ajouter une foule d’autres arguments, en particulier sur les soi-disant 5.000 emplois créés, aussi crédibles qu’un comptage par la mairie du nombre de spectateurs de Nuit Blanche. En tous cas, au seul nom de son interlocuteur, Anne Hidalgo sursauta, réflexe qui constituait le plus beau des hommages. Merci à elle.
Par la suite, ce fut une avalanche de réactions du public, toutes négatives ou presque, et il y en eut près d’une trentaine. De nombreux problèmes, escamotés par Unibail, étaient parfaitement présents dans l’esprit de l’auditoire. Des murmures de désapprobation accompagnaient les révélations forcées du promoteur, notamment celles sur l’absence de parking dans le projet, au prétexte que la foncière en avait déjà un dans les environs et qu’il était sous-occupé.
Nous relèverons, dans ce concert de critiques et mises en garde, les longues tirades d’Yves Contassot, dont l’appartenance à la majorité municipale n’est visiblement plus qu’un lointain souvenir. Même si nous n’avions pas beaucoup de sympathie pour le personnage, force est de reconnaître qu’il a bonifié avec l’âge. Pédagogue, il a égrené les mensonges du projet sur la question des ombres portées, la taille réelle du jardin créé, le bilan énergétique, etc. René Dutrey, autre élu Vert, redit à peu près la même chose. Et de nombreux riverains ou représentants d’associations comme Patrice Maire, de Monts 14, enfoncèrent les clous.
Tirons toutefois gentiment, au passage, les oreilles de Contassot. Dans un tract diffusé pour l’occasion, les Verts se targuent en effet de révélations « exclusives » sur les liens entre le projet de Tour Toblerone et celui de la Carapace molle des Halles. En matière de révélation exclusive, ils sont allés chercher ici leurs informations. Ce n’est pas bien de copier sur son voisin, Yves.
Retenons également de toutes ces interventions que les entrepreneurs associés « Unibail & Delanoë » n’ont aucune réponse sérieuse à la question de la sécurité de l’Héliport, dont on comprend simplement qu’ils souhaitent la fermeture. Pour y envisager un autre programme immobilier ?
Bref, la réunion « publique » suivit son cours, dans une tonalité fort négative. Et il apparaissait à tous que l’affaire était loin d’être gagnée pour nos promoteurs, menacés notamment d’une demande de referendum qu’ils auront beaucoup de mal à écarter. Il est clair que si elle n’abandonne pas tout de suite ce mauvais projet, Hidalgo a une chance sur un milliard de devenir un jour députée de cette circonscription.
Une fois de plus, la planche de salut de la « Voix de son Maire » (ancienne mairie de Paris) fut la presse. Car, le lendemain, en lisant les journaux, on se disait que deux réunions avaient dû être organisées ce soir là et qu’on avait manqué la bonne. Dans le « Parisien » il était question d’un débat capturé par quelques méchants élus alors, qu’en grattant un peu, on s’apercevait qu’une majorité silencieuse du public approuvait le projet. Ils ont dû gratter très fort !
La réalité est pourtant beaucoup plus simple : les Parisiens ne sont pas dupes de tous ces mensonges et ne se laisseront pas faire. A suivre …
Le simple choix du lieu et le regard pesant des vigiles créaient un sentiment de malaise dans la salle, pourtant remplie de plusieurs centaines de participants. Du reste, refoulé par les services de sécurité, un vidéaste amateur qui souhaitait enregistrer des images de la réunion se voyait fermement éconduit au prétexte que l’exclusivité avait été donnée à quelques médias. Etrange, étrange … Unibail et la mairie craignaient-ils que des témoignages gênants puissent être produits sur un canal de diffusion non contrôlé ?
Rétrospectivement, on comprend que leur prudence était avisée. Car la réunion « publique » tourna, malgré tous leurs efforts, à leur déconvenue, ce qu’on était bien en peine de deviner à la lecture de la presse du lendemain.
Tout commença donc par des propos débités d’une voix mécanique par une sorte de jeune technocrate du cabinet Herzog et De Meuron. Pour un peu, on aurait cru qu’une option « architecture et réunion publique » avait été ouverte à l’ENA et que le major de promotion faisait ses premières armes ce soir là aussitôt après son pantouflage. Raide comme un passe-lacet, il déroulait les images d’un bâtiment scintillant, tout de verre et de lumière, qui allait permettre de végétaliser les environs, de créer 5.000 emplois, d’effacer la césure entre Issy et Paris et qui ne projetterait aucune ombre sur son environnement. Un rêve architectural éveillé en somme.
Rassurée par la torpeur générale qui suivit ce discours narcotique, Anne Hidalgo passa alors la parole à la salle.
Boum, badaboum, bam, bam, comme le chantaient les soldats de la glorieuse armée de l’Ebre ! Car, à la première interrogation, l’ambiance changea du tout au tout. Il faut dire que la question fut posée par un certain Serge Federbusch, bien connu des lecteurs de Delanopolis. Confidence pour confidence, il ne tenait pas spécialement à prendre la parole, encore moins en premier. Mais, victime d’un sourire qu’il avait fait quelques minutes plus tôt à une charmante hôtesse d’accueil, cette dernière, sans doute pour se venger, lui tendit le micro dès que le débat fut ouvert.
Ce mauvais garçon égrena donc quelques évidences, en particulier qu’on était en présence d’un projet qui détournait l’intérêt général au bénéfice de l’intérêt particulier du promoteur et que les images et les chiffres livrés au public étaient tous plus mensongers les uns que les autres.
Il aurait pu ajouter une foule d’autres arguments, en particulier sur les soi-disant 5.000 emplois créés, aussi crédibles qu’un comptage par la mairie du nombre de spectateurs de Nuit Blanche. En tous cas, au seul nom de son interlocuteur, Anne Hidalgo sursauta, réflexe qui constituait le plus beau des hommages. Merci à elle.
Par la suite, ce fut une avalanche de réactions du public, toutes négatives ou presque, et il y en eut près d’une trentaine. De nombreux problèmes, escamotés par Unibail, étaient parfaitement présents dans l’esprit de l’auditoire. Des murmures de désapprobation accompagnaient les révélations forcées du promoteur, notamment celles sur l’absence de parking dans le projet, au prétexte que la foncière en avait déjà un dans les environs et qu’il était sous-occupé.
Nous relèverons, dans ce concert de critiques et mises en garde, les longues tirades d’Yves Contassot, dont l’appartenance à la majorité municipale n’est visiblement plus qu’un lointain souvenir. Même si nous n’avions pas beaucoup de sympathie pour le personnage, force est de reconnaître qu’il a bonifié avec l’âge. Pédagogue, il a égrené les mensonges du projet sur la question des ombres portées, la taille réelle du jardin créé, le bilan énergétique, etc. René Dutrey, autre élu Vert, redit à peu près la même chose. Et de nombreux riverains ou représentants d’associations comme Patrice Maire, de Monts 14, enfoncèrent les clous.
Tirons toutefois gentiment, au passage, les oreilles de Contassot. Dans un tract diffusé pour l’occasion, les Verts se targuent en effet de révélations « exclusives » sur les liens entre le projet de Tour Toblerone et celui de la Carapace molle des Halles. En matière de révélation exclusive, ils sont allés chercher ici leurs informations. Ce n’est pas bien de copier sur son voisin, Yves.
Retenons également de toutes ces interventions que les entrepreneurs associés « Unibail & Delanoë » n’ont aucune réponse sérieuse à la question de la sécurité de l’Héliport, dont on comprend simplement qu’ils souhaitent la fermeture. Pour y envisager un autre programme immobilier ?
Bref, la réunion « publique » suivit son cours, dans une tonalité fort négative. Et il apparaissait à tous que l’affaire était loin d’être gagnée pour nos promoteurs, menacés notamment d’une demande de referendum qu’ils auront beaucoup de mal à écarter. Il est clair que si elle n’abandonne pas tout de suite ce mauvais projet, Hidalgo a une chance sur un milliard de devenir un jour députée de cette circonscription.
Une fois de plus, la planche de salut de la « Voix de son Maire » (ancienne mairie de Paris) fut la presse. Car, le lendemain, en lisant les journaux, on se disait que deux réunions avaient dû être organisées ce soir là et qu’on avait manqué la bonne. Dans le « Parisien » il était question d’un débat capturé par quelques méchants élus alors, qu’en grattant un peu, on s’apercevait qu’une majorité silencieuse du public approuvait le projet. Ils ont dû gratter très fort !
La réalité est pourtant beaucoup plus simple : les Parisiens ne sont pas dupes de tous ces mensonges et ne se laisseront pas faire. A suivre …