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Il existe en effet un parallèle historique étrange entre les maladies du corps économique et les maux qui accablent et vont jusqu'à terrasser les individus. Prenons la crise cardiaque. Ce fut la grand' peur des années 1930, au moment où l'économie capitaliste fut confrontée à une attaque brutale qui faillit la mettre à bas. Dans les années 1960 et 1970, le mal de l'époque s'appelait cancer, qui détraquait le bon fonctionnement des organes vitaux. On le soignait par de la cortisone qui boursouflait. Tout cela faisait un peu penser à l'inflation. Au milieu des années 1980 et durant toutes les années 1990 sévit le Sida. Précisément le moment où les politiques publiques contra-cycliques perdaient leur efficacité face au chômage. Le corps économique et le corps individuel étaient privés de leurs défenses naturelles.
Toutes ces maladies, personnelles ou sociales, subsistent. Aucune n'est éradiquée, elles se cumulent mais ont perdu leur caractère incontrôlé, leur sauvagerie. Leur propagation est canalisée. Elles font en quelque sorte partie du patrimoine pathologique collectif.
Aujourd'hui, avec Alzheimer, un nouveau démon menace les peuples. Il frappe, il inquiète, il coûte cher, on ne sait comment l'arrêter. Pour se rassurer, on a donné un nom technique à une de ses manifestations les plus spectaculaires : l'anosognosie. Elle consiste à ne plus réaliser qu'on est atteint d'une maladie. La victime n'a plus conscience de son désarroi.
On pourrait concevoir cet état comme un soulagement. Après tout, est-on vraiment malade si l'on n'en est pas conscient ? Cela renvoie à des débats très subtils sur le réel et sa perception.
Mais passons ... Pour d'abord s'inquiéter d'une notion qui repose sur le fait qu’autrui vous déclare malade alors que vous-même vous estimez bien portant. On en voit l'illustration avec les dénégations de Madame Bettencourt, prête à quitter le pays qui la considère comme atteinte d'un mal la privant de ses pleines facultés intellectuelles. Elle ne voit pas les choses de la même manière que l'Etat et ses agents (juges et psychiatres). Mais ces derniers auront le dernier mot.
On sent bien que tout ceci peut tourner au cauchemar, renvoyer à quelque "vol au-dessus d'un nid de coucous", à des pratiques totalitaires où le dissident est considéré comme un malade. Il fallait être fou pour ne pas reconnaître les mérites du communisme, n'est-ce pas ? Qui fait le sage, qui fait l'insensé ?
En tout cas, si l'on veut bien accorder du crédit à notre parallèle entre l'individuel et le collectif, il sera aisé d'admettre que la France est atteinte d'anosognosie collective.
Prenons la primaire socialiste. Son vainqueur, François Hollande - aujourd'hui la personne la mieux placée pour devenir président de la République ! - tient un discours où la crise économique paraît étrangement absente.
Il n’est plus question de l’ankylose de l’Etat, de la désindustrialisation, des déficits en tout genre. Les maux dont souffre la France viennent de ce qu'elle n'est pas dirigée par la bonne personne, résume-t-il hardiment. Il assume : Sarkozy écarté, tout s'arrangera ; c'est la réalité ré-enchantée, le retour du rêve français, dit-il en amplifiant d’ailleurs une thématique déjà présente dans le discours du président sortant.
On ne peut être accusé de mensonge puisqu'on avoue faire rêver. C'est la quadrature de l'abdication, l'anosognosie collective : la France ne saura plus qu'elle est malade.
Du reste, cette incantation, cet appel aux pouvoirs magiques du rêve a également cours dans le discours d'Obama. Puisque les mystères de la crise nous échappent, feignons d'en être les metteurs en scène !
Point n'est besoin d'être devin pour prédire des réveils douloureux …
Il existe en effet un parallèle historique étrange entre les maladies du corps économique et les maux qui accablent et vont jusqu'à terrasser les individus. Prenons la crise cardiaque. Ce fut la grand' peur des années 1930, au moment où l'économie capitaliste fut confrontée à une attaque brutale qui faillit la mettre à bas. Dans les années 1960 et 1970, le mal de l'époque s'appelait cancer, qui détraquait le bon fonctionnement des organes vitaux. On le soignait par de la cortisone qui boursouflait. Tout cela faisait un peu penser à l'inflation. Au milieu des années 1980 et durant toutes les années 1990 sévit le Sida. Précisément le moment où les politiques publiques contra-cycliques perdaient leur efficacité face au chômage. Le corps économique et le corps individuel étaient privés de leurs défenses naturelles.
Toutes ces maladies, personnelles ou sociales, subsistent. Aucune n'est éradiquée, elles se cumulent mais ont perdu leur caractère incontrôlé, leur sauvagerie. Leur propagation est canalisée. Elles font en quelque sorte partie du patrimoine pathologique collectif.
Aujourd'hui, avec Alzheimer, un nouveau démon menace les peuples. Il frappe, il inquiète, il coûte cher, on ne sait comment l'arrêter. Pour se rassurer, on a donné un nom technique à une de ses manifestations les plus spectaculaires : l'anosognosie. Elle consiste à ne plus réaliser qu'on est atteint d'une maladie. La victime n'a plus conscience de son désarroi.
On pourrait concevoir cet état comme un soulagement. Après tout, est-on vraiment malade si l'on n'en est pas conscient ? Cela renvoie à des débats très subtils sur le réel et sa perception.
Mais passons ... Pour d'abord s'inquiéter d'une notion qui repose sur le fait qu’autrui vous déclare malade alors que vous-même vous estimez bien portant. On en voit l'illustration avec les dénégations de Madame Bettencourt, prête à quitter le pays qui la considère comme atteinte d'un mal la privant de ses pleines facultés intellectuelles. Elle ne voit pas les choses de la même manière que l'Etat et ses agents (juges et psychiatres). Mais ces derniers auront le dernier mot.
On sent bien que tout ceci peut tourner au cauchemar, renvoyer à quelque "vol au-dessus d'un nid de coucous", à des pratiques totalitaires où le dissident est considéré comme un malade. Il fallait être fou pour ne pas reconnaître les mérites du communisme, n'est-ce pas ? Qui fait le sage, qui fait l'insensé ?
En tout cas, si l'on veut bien accorder du crédit à notre parallèle entre l'individuel et le collectif, il sera aisé d'admettre que la France est atteinte d'anosognosie collective.
Prenons la primaire socialiste. Son vainqueur, François Hollande - aujourd'hui la personne la mieux placée pour devenir président de la République ! - tient un discours où la crise économique paraît étrangement absente.
Il n’est plus question de l’ankylose de l’Etat, de la désindustrialisation, des déficits en tout genre. Les maux dont souffre la France viennent de ce qu'elle n'est pas dirigée par la bonne personne, résume-t-il hardiment. Il assume : Sarkozy écarté, tout s'arrangera ; c'est la réalité ré-enchantée, le retour du rêve français, dit-il en amplifiant d’ailleurs une thématique déjà présente dans le discours du président sortant.
On ne peut être accusé de mensonge puisqu'on avoue faire rêver. C'est la quadrature de l'abdication, l'anosognosie collective : la France ne saura plus qu'elle est malade.
Du reste, cette incantation, cet appel aux pouvoirs magiques du rêve a également cours dans le discours d'Obama. Puisque les mystères de la crise nous échappent, feignons d'en être les metteurs en scène !
Point n'est besoin d'être devin pour prédire des réveils douloureux …