1 - La donation Florence et Daniel Guerlain à Beaubourg
Depuis bientôt trente ans, les Guerlain collectionnent des oeuvres sur papier d'artistes contemporains du monde entier. Ils ont créé une fondation et viennent de donner 1 200 pièces au musée national d'art moderne. Le résultat est époustouflant même si, par nature, les dessins, pastels et aquarelles qu'ils ont rassemblés sont moins spectaculaires que des tableaux et sculptures. Avec un goût très sûr, une ouverture d'esprit absolue et un discernement sans faille, ils nous donnent à voir un panorama du dessin contemporain d'une qualité extrême. Aucun pays, aucune forme, aucune école n'est négligée. Tout est beau, surprenant, excitant, déroutant. C'est un enrichissement majeur pour les collections nationales, de ceux que seuls des collectionneurs qui n'ont de comptes à rendre qu'à eux-mêmes sont susceptibles d'apporter. Inutile de donner un nom parmi la centaine d'artistes exposés : ils sont tous intéressants.
2 - Modernités plurielles 1905-1970 à Beaubourg
Nous reviendrons plus tard sur ce qui n'est pas à proprement parler une exposition mais le nouvel accrochage des collections permanentes du musée relatif à cette longue période. Disons simplement qu'il s'agit d'une bouffée d'art frais, presque d'une tempête. Finie la présentation didactique et lénifiante où les historiens de l'art et conservateurs patentés, détenteurs du droit de déclarer qui était innovant et qui était pompier ou vulgaire, effectuaient le tri entre grands maîtres (exposés) et petits maîtres (remisés). Des artistes peu connus, parfois méprisés, considérés comme simples illustrateurs mais en réalité engagés dans des parcours originaux et singuliers, ont enfin droit de cimaises. Beaubourg n'hésite plus à montrer des pièces chinoises, brésiliennes ou russes autrefois considérées comme anecdotiques voire touristiques. C'est un vrai voyage, un régal et il faudra plusieurs visites pour en savourer toute la richesse.
3 - Les Kanaks à Branly
L'art Kanak est simple, direct, brutal, expressif, destiné à décorer les maisons et impressionner les visiteurs en se conciliant les esprits, bref hautement spectaculaire. La dernière salle en particulier, où sont rassemblées les effigies au nez crochu à usage d'épis faitiers, remarquablement présentées, est un vrai choc esthétique. Tout l'héritage d'un peuple en une exposition.
4 - Valloton au Grand Palais
Felix Valloton, Suisse installé en France, mena une vie plutôt sage. Quand on observe son oeuvre, on devine pourtant des tourments émotifs de toute nature. Allez la voir, vous comprendrez. Son trait précis, son sens aigu de la couleur, qu'il utilise souvent dans des tonalités froides, en font un maître de ce qu'on pourrait qualifier d'école moderne du Nord. Réaliste et expressif, décoratif, poétique : beaucoup de qualités pour un seul artiste.
5 - Braque au Grand Palais
Hormis Picasso, nul autre artiste n'a vogué dans tant de directions picturales au vingtième siècle. Braque a laissé une oeuvre plus cérébrale que celle de Picasso. Elle est donc moins fiévreuse et touchante. Mais elle est d'une subtilité et d'une richesse incroyables. La vanité reproduite ci-dessus, qu'on aurait pu croire de Basquiat, a été peinte 40 ans avant que le New-yorkais d'adoption ne poursuive dans cette voie. C'est dire à quel point une approche intellectuelle de la peinture peut conduire parfois aussi loin qu'une approche instinctive.
6 - Raymond Depardon au Grand Palais
Depardon est capable de tout, même de photographier François Hollande, dont le portrait officiel restera comme l'un des plus grands gags de la photographie républicaine. On ne peut la lire qu'au deuxième degré ...
Bien sûr, ses remarquables séries sur le Glasgow des années 1970 ou l'Ethiopie d'aujourd'hui, en passant par ses innombrables vadrouilles photographiques dans l'Amérique de Nixon ou celle des réfugiés d'un tremblement de terre au Pérou valent mieux que tout cela. Fragilité, précarité, décalage : la condition humaine d'aujourd'hui.
7 - L'estampe médiévale des écoles du Nord au Louvre
C'est une petite exposition pour les érudits mais elle permet, en rapprochant la collection Rothschild de celle de la BNF, à la fois de se goberger de la richesse des patrimoines publics et de comprendre comment le début du quinzième siècle fut une époque de créativité intense et d'innovation fulgurante pour les arts visuels. C'est en effet davantage dans le Nord de l'Europe qu'en Italie que l'estampe prit son élan, sans jamais plus cesser de ravir les amateurs de traits précis et de travail fouillé.
8 - Le rêve et la Renaissance au Musée du Luxembourg
Le sujet est un peu artificiel et l'exposition sans grande conclusion mais elle permet d'admirer les quatre panneaux de Jérôme Bosch exposés d'ordinaire au palais Grimani à Venise et qui figurent parmi les chefs d'oeuvre absolus de la peinture occidentale. Cela suffit en soit à justifier la visite.
9 - Et pour se rincer l'oeil et l'ouïe en même temps au cinéma : "Gravity", une fable spectaculaire sur le deuil et la renaissance entièrement en apesanteur, "Transperceneige" pour les ados attardés qui croient encore aux idées écolos et à la lutte des classes, "9 mois fermes" pour les mimiques sympathiques de Dupontel et Kiberlain qui parviennent à rendre drôle l'univers du palais de justice (un exploit). Evitez la "stratégie Ender" : zéro pointé pour un ennui total.
Depuis bientôt trente ans, les Guerlain collectionnent des oeuvres sur papier d'artistes contemporains du monde entier. Ils ont créé une fondation et viennent de donner 1 200 pièces au musée national d'art moderne. Le résultat est époustouflant même si, par nature, les dessins, pastels et aquarelles qu'ils ont rassemblés sont moins spectaculaires que des tableaux et sculptures. Avec un goût très sûr, une ouverture d'esprit absolue et un discernement sans faille, ils nous donnent à voir un panorama du dessin contemporain d'une qualité extrême. Aucun pays, aucune forme, aucune école n'est négligée. Tout est beau, surprenant, excitant, déroutant. C'est un enrichissement majeur pour les collections nationales, de ceux que seuls des collectionneurs qui n'ont de comptes à rendre qu'à eux-mêmes sont susceptibles d'apporter. Inutile de donner un nom parmi la centaine d'artistes exposés : ils sont tous intéressants.
2 - Modernités plurielles 1905-1970 à Beaubourg
Nous reviendrons plus tard sur ce qui n'est pas à proprement parler une exposition mais le nouvel accrochage des collections permanentes du musée relatif à cette longue période. Disons simplement qu'il s'agit d'une bouffée d'art frais, presque d'une tempête. Finie la présentation didactique et lénifiante où les historiens de l'art et conservateurs patentés, détenteurs du droit de déclarer qui était innovant et qui était pompier ou vulgaire, effectuaient le tri entre grands maîtres (exposés) et petits maîtres (remisés). Des artistes peu connus, parfois méprisés, considérés comme simples illustrateurs mais en réalité engagés dans des parcours originaux et singuliers, ont enfin droit de cimaises. Beaubourg n'hésite plus à montrer des pièces chinoises, brésiliennes ou russes autrefois considérées comme anecdotiques voire touristiques. C'est un vrai voyage, un régal et il faudra plusieurs visites pour en savourer toute la richesse.
3 - Les Kanaks à Branly
L'art Kanak est simple, direct, brutal, expressif, destiné à décorer les maisons et impressionner les visiteurs en se conciliant les esprits, bref hautement spectaculaire. La dernière salle en particulier, où sont rassemblées les effigies au nez crochu à usage d'épis faitiers, remarquablement présentées, est un vrai choc esthétique. Tout l'héritage d'un peuple en une exposition.
4 - Valloton au Grand Palais
Felix Valloton, Suisse installé en France, mena une vie plutôt sage. Quand on observe son oeuvre, on devine pourtant des tourments émotifs de toute nature. Allez la voir, vous comprendrez. Son trait précis, son sens aigu de la couleur, qu'il utilise souvent dans des tonalités froides, en font un maître de ce qu'on pourrait qualifier d'école moderne du Nord. Réaliste et expressif, décoratif, poétique : beaucoup de qualités pour un seul artiste.
5 - Braque au Grand Palais
Hormis Picasso, nul autre artiste n'a vogué dans tant de directions picturales au vingtième siècle. Braque a laissé une oeuvre plus cérébrale que celle de Picasso. Elle est donc moins fiévreuse et touchante. Mais elle est d'une subtilité et d'une richesse incroyables. La vanité reproduite ci-dessus, qu'on aurait pu croire de Basquiat, a été peinte 40 ans avant que le New-yorkais d'adoption ne poursuive dans cette voie. C'est dire à quel point une approche intellectuelle de la peinture peut conduire parfois aussi loin qu'une approche instinctive.
6 - Raymond Depardon au Grand Palais
Depardon est capable de tout, même de photographier François Hollande, dont le portrait officiel restera comme l'un des plus grands gags de la photographie républicaine. On ne peut la lire qu'au deuxième degré ...
Bien sûr, ses remarquables séries sur le Glasgow des années 1970 ou l'Ethiopie d'aujourd'hui, en passant par ses innombrables vadrouilles photographiques dans l'Amérique de Nixon ou celle des réfugiés d'un tremblement de terre au Pérou valent mieux que tout cela. Fragilité, précarité, décalage : la condition humaine d'aujourd'hui.
7 - L'estampe médiévale des écoles du Nord au Louvre
C'est une petite exposition pour les érudits mais elle permet, en rapprochant la collection Rothschild de celle de la BNF, à la fois de se goberger de la richesse des patrimoines publics et de comprendre comment le début du quinzième siècle fut une époque de créativité intense et d'innovation fulgurante pour les arts visuels. C'est en effet davantage dans le Nord de l'Europe qu'en Italie que l'estampe prit son élan, sans jamais plus cesser de ravir les amateurs de traits précis et de travail fouillé.
8 - Le rêve et la Renaissance au Musée du Luxembourg
Le sujet est un peu artificiel et l'exposition sans grande conclusion mais elle permet d'admirer les quatre panneaux de Jérôme Bosch exposés d'ordinaire au palais Grimani à Venise et qui figurent parmi les chefs d'oeuvre absolus de la peinture occidentale. Cela suffit en soit à justifier la visite.
9 - Et pour se rincer l'oeil et l'ouïe en même temps au cinéma : "Gravity", une fable spectaculaire sur le deuil et la renaissance entièrement en apesanteur, "Transperceneige" pour les ados attardés qui croient encore aux idées écolos et à la lutte des classes, "9 mois fermes" pour les mimiques sympathiques de Dupontel et Kiberlain qui parviennent à rendre drôle l'univers du palais de justice (un exploit). Evitez la "stratégie Ender" : zéro pointé pour un ennui total.