1) Commençons par le bel hommage à Baltard rendu par le musée D'Orsay. Dans une scénographie sympathique inspirée des anciens pavillons des Halles on y retrouve la vie et l'oeuvre de cet architecte officiel de Napoléon III et Haussmann qui apporta sa pierre et son métal à la formidable mutation que le Second empire donna à Paris.
Napoléon III est décidément l'un des chefs d'Etat les plus talentueux et modernistes que la France ait jamais eu. Dans l'affaire des Halles, il eut le courage de décider la destruction d'un bâtiment qui venait de sortir de terre, massif et inadapté, que les Parisiens avait aussitôt qualifié du sobriquet de "Fort des Halles".
Espérons que la Canopée de Berger, si par malheur pour Paris ce gros bubon devait être achevé, subisse le même destin en rencontrant sur sa route des gens qui n'hésiteront pas à la faire démanteler.
En tout cas, cette très belle et didactique exposition, outre le rappel de l'intervention de Baltard sur Saint-Augustin ou bien d'autres lieux parisiens, a le mérite de traduire l'effervescence qui animait Paris en ces temps et qui contraste si cruellement avec son assoupissement d'aujourd'hui.
Le génie et, au fond, la générosité d'hommes comme Napoléon III, Haussmann et Baltard consistait à permettre à tout provincial ou banlieusard, arrivant à Paris et débarquant du train, de pouvoir se rendre par de larges avenues et boulevards, rapidement et confortablement, au centre de leur capitale. Tout le contraire de ce qui est fait aujourd'hui par les petits bourgeois clientélistes qui ont mis la main sur la ville.
Enfin, pour reparler une dernière fois des Halles, nous regretterons que le petit choix de livres proposé en fin d'exposition ne compte pas "La Campagne de Paris" de Françoise Fromonot (éditions Eric Hazan - La Fabrique) ou même "Delanopolis", d'un certain Federbusch (sur commande en nous envoyant un mail), qui expliquent comment en 2004 Delanoë, le piètre maire actuel, a tourné le dos à la tradition d'innovation et d'ouverture de la ville pour, par trouille politique et incompréhension architecturale et urbaine, tuer le magnifique projet de Rem Koolhaas, architecte hollandais, lui préférant la pantalonnade du projet Mangin, a qui fut même refusé le droit de construire un bâtiment au moment où il était choisi comme maître d'oeuvre !
Comme le centre de Paris, cette histoire n'est heureusement jamais terminée ...
2) Toujours à Orsay, goûtons les attraits de " La mode et l'impressionnisme", dans une scénographie ambitieuse et charmante, comme savaient l'être ces artistes de la familiarité et de l'énergie. Les tableaux sont magnifiquement accompagnés de toilettes somptueuses. De cet étalage se dégage à nouveau la nostalgie d'une époque où la France et Paris étaient à la pointe du goût et de l'innovation dans tous les domaines. Il est proprement effrayant, en voyant les chaises qui ont été disposées avec des cartouches portant les noms des célébrités de l'époque, de constater à quel point la vie culturelle brillait alors de mille feux et talents. Comment avons-nous pu connaître un tel déclin ? Les deux guerres mondiales n'expliquent pas tout.
3) Des films à foison.
- Très bien fait : "Argo" de Ben Affleck, l'histoire (pimentée de beaucoup de scènes inventées), de l'extraordinaire exfiltration de 6 diplomates américains pris au piège de la révolution iranienne en 1979. On en tremble pour eux et on se réjouit d'une parfaite reconstitution de l'époque même si la fin est un peu gâchée par la voix incongrue et chevrotante de Jimmy Carter dont la réputation d'indécision ne va pas disparaître dans ce curieux exercice.
- Pas si mal : "Looper", avec Bruce Willis. Une histoire un peu tarabiscotée de tueurs venant du futur pour se supprimer eux-mêmes quand leur chef estime que leur mission est achevée. Cela partait d'une bonne idée et Willis a une telle présence physique que, même s'il ne disait rien à l'écran, il pourrait faire passer son message. Cependant, le principe même d'un voyage dans le temps accouche forcément de scénarios contradictoires et incongrus. Il faut assumer la chose de manière poétique, ce que ne fait pas "Looper". A propos, croyez-vous que si, un jour quelconque, une machine à remonter le temps était mise au point, nous n'en aurions pas déjà vu les effets ? Les humains du futur, travaillés par le lucre, auraient déjà à coup sûr débarqué pour nous voler ce qui ne vaut encore rien aujourd'hui et qui aura une grande valeur plus tard.
- Décevant : "La traversée", avec Michaël Youn. Ce dernier veut quitter le registre de la déconnade entre copains pour faire du psychologique et de la tragédie et il en a le droit. Hélas, ce qui aurait pu être intéressant dans un film sur la projection d'une certaine forme de rêve et de fantasme que je vous laisse découvrir, est affaibli par une interprétation trop démonstrative et appuyée des principaux acteurs. Au prochain coup peut-être ?
Napoléon III est décidément l'un des chefs d'Etat les plus talentueux et modernistes que la France ait jamais eu. Dans l'affaire des Halles, il eut le courage de décider la destruction d'un bâtiment qui venait de sortir de terre, massif et inadapté, que les Parisiens avait aussitôt qualifié du sobriquet de "Fort des Halles".
Espérons que la Canopée de Berger, si par malheur pour Paris ce gros bubon devait être achevé, subisse le même destin en rencontrant sur sa route des gens qui n'hésiteront pas à la faire démanteler.
En tout cas, cette très belle et didactique exposition, outre le rappel de l'intervention de Baltard sur Saint-Augustin ou bien d'autres lieux parisiens, a le mérite de traduire l'effervescence qui animait Paris en ces temps et qui contraste si cruellement avec son assoupissement d'aujourd'hui.
Le génie et, au fond, la générosité d'hommes comme Napoléon III, Haussmann et Baltard consistait à permettre à tout provincial ou banlieusard, arrivant à Paris et débarquant du train, de pouvoir se rendre par de larges avenues et boulevards, rapidement et confortablement, au centre de leur capitale. Tout le contraire de ce qui est fait aujourd'hui par les petits bourgeois clientélistes qui ont mis la main sur la ville.
Enfin, pour reparler une dernière fois des Halles, nous regretterons que le petit choix de livres proposé en fin d'exposition ne compte pas "La Campagne de Paris" de Françoise Fromonot (éditions Eric Hazan - La Fabrique) ou même "Delanopolis", d'un certain Federbusch (sur commande en nous envoyant un mail), qui expliquent comment en 2004 Delanoë, le piètre maire actuel, a tourné le dos à la tradition d'innovation et d'ouverture de la ville pour, par trouille politique et incompréhension architecturale et urbaine, tuer le magnifique projet de Rem Koolhaas, architecte hollandais, lui préférant la pantalonnade du projet Mangin, a qui fut même refusé le droit de construire un bâtiment au moment où il était choisi comme maître d'oeuvre !
Comme le centre de Paris, cette histoire n'est heureusement jamais terminée ...
2) Toujours à Orsay, goûtons les attraits de " La mode et l'impressionnisme", dans une scénographie ambitieuse et charmante, comme savaient l'être ces artistes de la familiarité et de l'énergie. Les tableaux sont magnifiquement accompagnés de toilettes somptueuses. De cet étalage se dégage à nouveau la nostalgie d'une époque où la France et Paris étaient à la pointe du goût et de l'innovation dans tous les domaines. Il est proprement effrayant, en voyant les chaises qui ont été disposées avec des cartouches portant les noms des célébrités de l'époque, de constater à quel point la vie culturelle brillait alors de mille feux et talents. Comment avons-nous pu connaître un tel déclin ? Les deux guerres mondiales n'expliquent pas tout.
3) Des films à foison.
- Très bien fait : "Argo" de Ben Affleck, l'histoire (pimentée de beaucoup de scènes inventées), de l'extraordinaire exfiltration de 6 diplomates américains pris au piège de la révolution iranienne en 1979. On en tremble pour eux et on se réjouit d'une parfaite reconstitution de l'époque même si la fin est un peu gâchée par la voix incongrue et chevrotante de Jimmy Carter dont la réputation d'indécision ne va pas disparaître dans ce curieux exercice.
- Pas si mal : "Looper", avec Bruce Willis. Une histoire un peu tarabiscotée de tueurs venant du futur pour se supprimer eux-mêmes quand leur chef estime que leur mission est achevée. Cela partait d'une bonne idée et Willis a une telle présence physique que, même s'il ne disait rien à l'écran, il pourrait faire passer son message. Cependant, le principe même d'un voyage dans le temps accouche forcément de scénarios contradictoires et incongrus. Il faut assumer la chose de manière poétique, ce que ne fait pas "Looper". A propos, croyez-vous que si, un jour quelconque, une machine à remonter le temps était mise au point, nous n'en aurions pas déjà vu les effets ? Les humains du futur, travaillés par le lucre, auraient déjà à coup sûr débarqué pour nous voler ce qui ne vaut encore rien aujourd'hui et qui aura une grande valeur plus tard.
- Décevant : "La traversée", avec Michaël Youn. Ce dernier veut quitter le registre de la déconnade entre copains pour faire du psychologique et de la tragédie et il en a le droit. Hélas, ce qui aurait pu être intéressant dans un film sur la projection d'une certaine forme de rêve et de fantasme que je vous laisse découvrir, est affaibli par une interprétation trop démonstrative et appuyée des principaux acteurs. Au prochain coup peut-être ?