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Dérapages


Cette semaine le Delanopolis dérape lui aussi.



Dérapages
Georges Frêche a "dérapé". il y a plusieurs manières de considérer cet événement septimano-lilliputien. D'abord, s'interroger sur son étymologie. Fabius n'a pas, selon Frêche, une tête catholique : cela signifie au sens propre qu'il n'a pas un visage universel, qu'il se distingue des autres, qu'il est particulier. Voilà pourquoi il ne voterait pas pour lui, nonobstant leur commune appartenance au glorieux parti socialiste.

S'il vivait en Normandie, Frêche ne pourrait donc accorder son suffrage qu'à quelqu'un qui se fond dans la masse. Pourquoi le trublion montpelliérain cherche-t-il alors désespérément à défrayer la chronique médiatique ? Est-ce que la banalité sied aux Normands et pas aux Languedociens ? Mais qu'est-ce qu'un "dérapage" ?

Admettons deux catégories de "dérapeurs", les volontaires et les involontaires. Les premiers sont en réalité des provocateurs qui lancent, dans le discours politiquement correct, des ballons-sondes révélant des convictions indicibles (authentiques ou non, peu importe). Les dérapeurs involontaires sont quant à eux des ballots ou des malchanceux dont l'inconscient a parlé et révélé la pensée profonde.

Dans un cas comme dans l'autre, le dérapage est un peu au discours politique ce que la toupie du couvercle est à la cocotte-minute : un moyen de faire baisser la pression dans une casserole qui n'en peut plus de devoir s'auto-censurer. Particulièrement pour le dérapage-provocation, il s'agit de s'autoriser, sous la forme d'une brève incursion dans l'interdit, l'expression d'un mauvais sentiment qu'on a le droit de ressentir mais pas celui d'exprimer et qu'on évitera de répéter dans le futur. Une exception de vérité dans la règle du "self-control" hypocrite, un léger soulèvement de la chape de plomb du discours officiel. Le dérapage a un excellent bilan coût/impact : il en faut peu pour affoler le compteur du bruit médiatique.

Voilà pourquoi, au fond, le dérapage est toléré même s'il n'est pas contrôlé. Si elle est prononcée, sa sanction judiciaire est le plus souvent légère, puisqu'il ne s'agit que d'un tir isolé, d'un accident verbal qui ne se répétera que de loin en loin. Il existe des abonnements au dérapage.

Quant à l'explication ultime de ces glissements ( hmm ! ), il faut la chercher dans une contrepèterie-phare des années 1970 : "Chaban a dérapé au tennis". En ce sens, le dérapage d'aujourd'hui aurait été plus explicitement qualifié de "saillie" dans le discours de nos aïeux.


Mardi 16 Février 2010
Serge Federbusch






1.Posté par Parigot le 03/03/2010 14:35
On peut avoir la solution de la contrepétrie SVP??!!

2.Posté par Serge Federbusch le 03/03/2010 14:42
Solution pour celles et ceux qui n'ont pas compris : Chaban a des ratés au pénis. Le dérapage est un substitut à d'autres jaillissements, à l'usage de politiciens souvent vieillissants.

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