Creusant le filon des reconstitutions des temps où régnaient les Fils du Ciel, Tsui Hark nous accable d'une intrigue grotesque où aucun poncif n'est épargné au spectateur. Le souverain (en l'occurrence une impératrice) est désespérément seul dans l'exercice du pouvoir, il doit faire face à toutes sortes de complots dans un imaginaire de pacotille peuplé de clochards philosophes, de fonctionnaires corrompus et de grands du royaume en rébellion larvée.
Esthétiquement, le film ressemble à ces animations peuplées d'automates qu'on visite à Disneyland pour faire plaisir aux gosses. Il n'y a que peu de différences : on n'entre pas dans la grotte des pirates mais dans celle des guérisseurs et charlatans de l'empire du milieu et les duels du Far East sont calqués sur ceux des westerns plus que sur les merveilleux affrontements tournés jadis par les studios de la Shaw Brothers. Rien d'innovant donc, tout juste une pâle resucée des films sortis ces dernières années sur des thèmes approchants : le Secret des poignards volants, Tigres et dragons, l'Empereur et l'assassin, etc. Leur qualité et leur inspiration baisse d'années en années et on est loin, désormais, des chefs d'oeuvre de King Hu comme "All the king's men". Si cette tendance se confirme, l'emphase des moyens techniques scellerait la dissolution du cinéma chinois dans la culture sous-hollywoodienne.
Plus intéressante, ou du moins plus significative, est la justification de l'autoritarisme du pouvoir impérial assumée par Tsui Hark.
La Chine qu'il fantasme est la première puissance mondiale, elle construit une statue de Guanyin de deux cents mètres de haut, tout en bronze, selon des techniques anti-sismiques pour le moins avant-gardistes sachant qu'on se situe au septième siècle, au début de la dynastie Tang. Des ambassadeurs affluent de partout, notamment des Arabes d'Andalousie parlant espagnol ( pour mémoire, les faits sont censés se passer en 690 et le premier soldat berbère a foulé le sol espagnol en 711 ) ! On n'arrête pas le progrès ...
Qu'est-ce qui permet un tel étalage de supériorité économique et technique ? Vous avez deviné : la rudesse du pouvoir et sa concentration entre les mains de l'impératrice qui domestique toutes et tous, grands et petits du royaume, au bénéfice de la gloire du céleste empire. Ceux qui s'opposent à elle sont donc des égarés et des méchants. Comment osent-ils persister dans cette funeste attitude sous prétexte qu'ils ont été arbitrairement jetés dans cachots pendants des années, torturés et mutilés ? On n'a pas idée d'être aussi vindicatif, tout de même !
Heureusement, cette vaine dissidence périra dans les flammes nées de la bave d'insectes étranges et la conspiration, s'en prenant à la grande statue dans une sorte d'extrapolation prémonitoire du 11 septembre, échouera grâce à un repenti, le fameux juge Dee.
Chinois, prenez patience : l'impératrice est dure mais elle finira par céder gentiment le pouvoir après avoir oeuvré pour le bien de tous et la reconquête de l'ancestrale puissance. Telle est la conclusion du film et il ne faut pas être devin pour y voir le parallèle avec le pouvoir "communiste" qui a placé la Chine d'aujourd'hui sous sa férule.
Cette pédagogie de la résignation politique fait du film de Hark un intéressant exemple de navet réactionnaire cuisiné à gros bouillons dont il faut espérer qu'un printemps chinois le réduira un jour en poussière médicinale.
Esthétiquement, le film ressemble à ces animations peuplées d'automates qu'on visite à Disneyland pour faire plaisir aux gosses. Il n'y a que peu de différences : on n'entre pas dans la grotte des pirates mais dans celle des guérisseurs et charlatans de l'empire du milieu et les duels du Far East sont calqués sur ceux des westerns plus que sur les merveilleux affrontements tournés jadis par les studios de la Shaw Brothers. Rien d'innovant donc, tout juste une pâle resucée des films sortis ces dernières années sur des thèmes approchants : le Secret des poignards volants, Tigres et dragons, l'Empereur et l'assassin, etc. Leur qualité et leur inspiration baisse d'années en années et on est loin, désormais, des chefs d'oeuvre de King Hu comme "All the king's men". Si cette tendance se confirme, l'emphase des moyens techniques scellerait la dissolution du cinéma chinois dans la culture sous-hollywoodienne.
Plus intéressante, ou du moins plus significative, est la justification de l'autoritarisme du pouvoir impérial assumée par Tsui Hark.
La Chine qu'il fantasme est la première puissance mondiale, elle construit une statue de Guanyin de deux cents mètres de haut, tout en bronze, selon des techniques anti-sismiques pour le moins avant-gardistes sachant qu'on se situe au septième siècle, au début de la dynastie Tang. Des ambassadeurs affluent de partout, notamment des Arabes d'Andalousie parlant espagnol ( pour mémoire, les faits sont censés se passer en 690 et le premier soldat berbère a foulé le sol espagnol en 711 ) ! On n'arrête pas le progrès ...
Qu'est-ce qui permet un tel étalage de supériorité économique et technique ? Vous avez deviné : la rudesse du pouvoir et sa concentration entre les mains de l'impératrice qui domestique toutes et tous, grands et petits du royaume, au bénéfice de la gloire du céleste empire. Ceux qui s'opposent à elle sont donc des égarés et des méchants. Comment osent-ils persister dans cette funeste attitude sous prétexte qu'ils ont été arbitrairement jetés dans cachots pendants des années, torturés et mutilés ? On n'a pas idée d'être aussi vindicatif, tout de même !
Heureusement, cette vaine dissidence périra dans les flammes nées de la bave d'insectes étranges et la conspiration, s'en prenant à la grande statue dans une sorte d'extrapolation prémonitoire du 11 septembre, échouera grâce à un repenti, le fameux juge Dee.
Chinois, prenez patience : l'impératrice est dure mais elle finira par céder gentiment le pouvoir après avoir oeuvré pour le bien de tous et la reconquête de l'ancestrale puissance. Telle est la conclusion du film et il ne faut pas être devin pour y voir le parallèle avec le pouvoir "communiste" qui a placé la Chine d'aujourd'hui sous sa férule.
Cette pédagogie de la résignation politique fait du film de Hark un intéressant exemple de navet réactionnaire cuisiné à gros bouillons dont il faut espérer qu'un printemps chinois le réduira un jour en poussière médicinale.