Le président descendant
L’imagination des communicants politiques est aussi débordante qu’elle est stérile comme l'ont montré les voeux présidentiels et l'interminable occupation des ondes de France Inter qui les a suivis quatre jours plus tard. Qui a eu l’idée de ce grand bureau, vide de tout dossier, derrière lequel le chef de l’Etat - ou ce qu’il en reste - a lancé sa reconquête de l’opinion avec une détermination saluée par les médias socialisants et subventionnés ?
François Hollande a fait, il est vrai, tout son possible pour parler de courage et de volontarisme au moment même où l’Etat annonçait discrètement qu’il verserait près de 900 millions d’euros pour prix de sa capitulation dans l’affaire des portiques Ecomouv’. Comme toujours, sa parole servait à camoufler ses actes, situés à leur exact opposé. Mais, c’est indéniable, on le voyait plus heureux.
Car Hollande peut désormais ouvertement envisager ce qu’il aime faire le plus : rien. Le miracle qu’il attendait est-il en train de se produire ? La baisse concomitante de l’euro, du prix de l’énergie et des taux d’intérêt permettra-t-elle de relancer un peu l’activité de manière que le formol dans lequel baigne la bureaucratie française n’en sera pas troublé ?
Depuis son élection, François Hollande rêve d’un retournement conjoncturel avant que les Français se rendent compte, qu’hormis quelques réformes sociétales et la hausse des impôts payés par ceux qui ne votent pas pour lui, il n’a rien entrepris ou, au mieux, un jeu à somme nulle. Ainsi, les entreprises les plus opiniâtres récupèreront-elles une fraction des prélèvements qu’elles ont subis et on répartira les fonctionnaires régionaux, toujours plus nombreux, dans de plus grands bocaux. Puisque désormais tout est en place avec l’énigmatique pacte de responsabilité, il n’y a qu’à attendre. Que les électeurs se rassurent et n’écoutent pas les méchantes langues : il ne se passera plus rien, on ne prononcera même plus le mot honni de réformes. La hausse de la CSG pour les retraités ou la baisse des prestations familiales sont à mettre au compte des coups partis, il n’y en aura plus d’autres. La croissance va revenir comme par magie, elle a déjà montré le bout de son nez chez les Américains. C’est loin l’Amérique, mais il paraît que tout ce qui lui arrive finit par nous tomber dessus après quelques années.
Le vide du bureau présidentiel au nouvel an était donc parfaitement raccord avec celui de son projet. Du reste, lorsqu’on ment à tout le monde, on est rapidement tenté d’agir le moins possible de peur que le moindre mouvement révèle la duplicité du discours. Seul le robinet d'eau tiède coule encore. Il s'est rouvert à gros débit sur France Inter : «La loi Macron, c'est pas la loi du siècle, c’est une loi pour le siècle prochain», osa Hollande, inscrivant d'ores et déjà son action dans les années 2100 à 2200. A ce degré d'anticipation et d'impact, les cinq dimanches potentiellement ouvrés à la convenance des maires doivent ressortir du fameux battement d'aile d'un papillon en Afrique qui provoque des tsunamis au Japon.
Pour dissimuler maladroitement qu'il flirte avec le degré zéro de la politique, Hollande insiste sur les valeurs, la morale, la République, mots vidés de leur sens afin de ne plus se traduire par rien de concret. Hélas la nature, y compris politique, a horreur du vide. Les Américains ont été les premiers et sont quasiment les seuls, depuis des décennies, à bénéficier de l’usage immodéré de la planche à billets. Japonais et Britanniques s’y sont mis depuis trois ans avec moins de succès.
En Euroland, les Allemands y voient davantage une menace pour leur épargne qu’un instrument de relance et continuent de freiner les ardeurs largement verbales de Mario Draghi, gouverneur de la Banque centrale européenne. Merkel l'a fait savoir : si les Grecs veulent quitter l'euro, qu'ils s'en aillent. A bon entendeur élyséen, salut ! Bref, la marge de manoeuvre est étroite et le miraculeux quoique souffreteux 1 % de croissance n'est pas garanti.
La décrue des taux d’intérêt comme celle du prix des matières premières sont ambiguës, pesant sur les revenus autant qu’elles les confortent. Il va donc falloir beaucoup de travail médiatique pour convaincre le peuple que les lendemains vont se remettre à chanter, que les cinq millions de chômeurs, auxquels il faudrait adjoindre tous les emplois factices, forment une courbe dont l'inversion s'observera enfin avant 2017.
Ses collaborateurs le proclament : le président va désormais jouer de sa « proximité », de cette « capacité d’empathie qui est dans son ADN », nous apprenait «le Monde» vendredi dernier. Une empathie qui ne doit manifestement pas s’étendre aux sans dents !
Passer le cap dangereux des prochaines élections régionales, grâce à des postures et des propos lénifiants, tel est en réalité l'objectif de Hollande. L’exercice promet d’être difficile. En attendant, sa capacité d’énervement, au sens premier du terme, c’est à dire son aptitude à anesthésier ses opposants par son inertie commence à porter quelques fruits. David Van Hemelryck, le courageux activiste qui déploya naguère une banderole pour réclamer la démission du chef de l’Etat vient d’annoncer, fatigué et sans le sou, qu’il abandonnait son combat.
Curieux optimisme, tout de même, que l'espérance d’un chef qui se nourrit de la désillusion de tout un peuple ...
François Hollande a fait, il est vrai, tout son possible pour parler de courage et de volontarisme au moment même où l’Etat annonçait discrètement qu’il verserait près de 900 millions d’euros pour prix de sa capitulation dans l’affaire des portiques Ecomouv’. Comme toujours, sa parole servait à camoufler ses actes, situés à leur exact opposé. Mais, c’est indéniable, on le voyait plus heureux.
Car Hollande peut désormais ouvertement envisager ce qu’il aime faire le plus : rien. Le miracle qu’il attendait est-il en train de se produire ? La baisse concomitante de l’euro, du prix de l’énergie et des taux d’intérêt permettra-t-elle de relancer un peu l’activité de manière que le formol dans lequel baigne la bureaucratie française n’en sera pas troublé ?
Depuis son élection, François Hollande rêve d’un retournement conjoncturel avant que les Français se rendent compte, qu’hormis quelques réformes sociétales et la hausse des impôts payés par ceux qui ne votent pas pour lui, il n’a rien entrepris ou, au mieux, un jeu à somme nulle. Ainsi, les entreprises les plus opiniâtres récupèreront-elles une fraction des prélèvements qu’elles ont subis et on répartira les fonctionnaires régionaux, toujours plus nombreux, dans de plus grands bocaux. Puisque désormais tout est en place avec l’énigmatique pacte de responsabilité, il n’y a qu’à attendre. Que les électeurs se rassurent et n’écoutent pas les méchantes langues : il ne se passera plus rien, on ne prononcera même plus le mot honni de réformes. La hausse de la CSG pour les retraités ou la baisse des prestations familiales sont à mettre au compte des coups partis, il n’y en aura plus d’autres. La croissance va revenir comme par magie, elle a déjà montré le bout de son nez chez les Américains. C’est loin l’Amérique, mais il paraît que tout ce qui lui arrive finit par nous tomber dessus après quelques années.
Le vide du bureau présidentiel au nouvel an était donc parfaitement raccord avec celui de son projet. Du reste, lorsqu’on ment à tout le monde, on est rapidement tenté d’agir le moins possible de peur que le moindre mouvement révèle la duplicité du discours. Seul le robinet d'eau tiède coule encore. Il s'est rouvert à gros débit sur France Inter : «La loi Macron, c'est pas la loi du siècle, c’est une loi pour le siècle prochain», osa Hollande, inscrivant d'ores et déjà son action dans les années 2100 à 2200. A ce degré d'anticipation et d'impact, les cinq dimanches potentiellement ouvrés à la convenance des maires doivent ressortir du fameux battement d'aile d'un papillon en Afrique qui provoque des tsunamis au Japon.
Pour dissimuler maladroitement qu'il flirte avec le degré zéro de la politique, Hollande insiste sur les valeurs, la morale, la République, mots vidés de leur sens afin de ne plus se traduire par rien de concret. Hélas la nature, y compris politique, a horreur du vide. Les Américains ont été les premiers et sont quasiment les seuls, depuis des décennies, à bénéficier de l’usage immodéré de la planche à billets. Japonais et Britanniques s’y sont mis depuis trois ans avec moins de succès.
En Euroland, les Allemands y voient davantage une menace pour leur épargne qu’un instrument de relance et continuent de freiner les ardeurs largement verbales de Mario Draghi, gouverneur de la Banque centrale européenne. Merkel l'a fait savoir : si les Grecs veulent quitter l'euro, qu'ils s'en aillent. A bon entendeur élyséen, salut ! Bref, la marge de manoeuvre est étroite et le miraculeux quoique souffreteux 1 % de croissance n'est pas garanti.
La décrue des taux d’intérêt comme celle du prix des matières premières sont ambiguës, pesant sur les revenus autant qu’elles les confortent. Il va donc falloir beaucoup de travail médiatique pour convaincre le peuple que les lendemains vont se remettre à chanter, que les cinq millions de chômeurs, auxquels il faudrait adjoindre tous les emplois factices, forment une courbe dont l'inversion s'observera enfin avant 2017.
Ses collaborateurs le proclament : le président va désormais jouer de sa « proximité », de cette « capacité d’empathie qui est dans son ADN », nous apprenait «le Monde» vendredi dernier. Une empathie qui ne doit manifestement pas s’étendre aux sans dents !
Passer le cap dangereux des prochaines élections régionales, grâce à des postures et des propos lénifiants, tel est en réalité l'objectif de Hollande. L’exercice promet d’être difficile. En attendant, sa capacité d’énervement, au sens premier du terme, c’est à dire son aptitude à anesthésier ses opposants par son inertie commence à porter quelques fruits. David Van Hemelryck, le courageux activiste qui déploya naguère une banderole pour réclamer la démission du chef de l’Etat vient d’annoncer, fatigué et sans le sou, qu’il abandonnait son combat.
Curieux optimisme, tout de même, que l'espérance d’un chef qui se nourrit de la désillusion de tout un peuple ...