On croyait le débat dépassé depuis belle lurette. La réunion des collections du musée de l'Homme et du musée des arts africains et océaniens dans celles du Quai Branly devait permettre de sortir du clivage poussiéreux entre les tenants d'une approche anthropologique des arts "premiers" et ceux d'une approche esthétique. D'un côté, une muséographie conceptuelle et scientifique, de l'autre une mise en scène visuelle et décorative.
Les Nkisi Kongo, ces fétiches à clous percés de mille messages métalliques à destination des esprits, sont parmi les oeuvres les plus fortes et les plus spectaculaires produites par l'Afrique noire. La quête d'exorcisme et la foi qui les entaillent produisent des statues troublantes, plus directes encore dans leur pouvoir évocateur que les figures des saints suppliciés de l'art médiéval en Occident.
On peut certes parler à satiété des rituels et des fonctions de ces assemblages. Mais se borner pour l'essentiel, comme le fait l'exposition du Quai Branly, à présenter des fétiches "élémentaires" et quelques collections de mâchoires d'animaux encordées, c'est négliger la dimension universelle que le fétiche atteint quand il devient aussi brutal et savant qu'un sarcophage romain ou un bronze animalier de Barye.
Va pour les pièces à convictions saisies dans le procès de cambrioleurs qui nouaient trois bouts d'os pour écarter le risque que leurs victimes ne les voient venir. Mais, de grâce, qu'on nous montre aussi les puissantes statues façonnées par des mains supérieurement habiles même si elles ne prétendaient pas être artistes.
Bref, nous attendons encore l'exposition "esthétisante" que le fétichisme africain mérite et espérons désormais que la fondation Dapper, moins inhibée que Branly sur ce sujet, fera l'effort de l'organiser.
Les Nkisi Kongo, ces fétiches à clous percés de mille messages métalliques à destination des esprits, sont parmi les oeuvres les plus fortes et les plus spectaculaires produites par l'Afrique noire. La quête d'exorcisme et la foi qui les entaillent produisent des statues troublantes, plus directes encore dans leur pouvoir évocateur que les figures des saints suppliciés de l'art médiéval en Occident.
On peut certes parler à satiété des rituels et des fonctions de ces assemblages. Mais se borner pour l'essentiel, comme le fait l'exposition du Quai Branly, à présenter des fétiches "élémentaires" et quelques collections de mâchoires d'animaux encordées, c'est négliger la dimension universelle que le fétiche atteint quand il devient aussi brutal et savant qu'un sarcophage romain ou un bronze animalier de Barye.
Va pour les pièces à convictions saisies dans le procès de cambrioleurs qui nouaient trois bouts d'os pour écarter le risque que leurs victimes ne les voient venir. Mais, de grâce, qu'on nous montre aussi les puissantes statues façonnées par des mains supérieurement habiles même si elles ne prétendaient pas être artistes.
Bref, nous attendons encore l'exposition "esthétisante" que le fétichisme africain mérite et espérons désormais que la fondation Dapper, moins inhibée que Branly sur ce sujet, fera l'effort de l'organiser.