Coup sur coup, cette semaine, les mânes des frères Kouachi et de Coulibaly, les tueurs de Charlie, de Montrouge et de l’hypermarché cacher de la porte de Vincennes, ont pu s’estimer deux fois satisfaits.
Pour ne pas heurter la communauté musulmane, les députés socialistes ont préféré renvoyer au mois de mai, avant sans doute de l’enterrer définitivement, l’examen de la proposition de loi dite «Baby Loup» qui permettrait aux établissements privés accueillant des enfants et recevant de l’argent public d’interdire le port du voile.
On a également appris qu’un communiqué du parti socialiste, daté du 26 février dernier, appelle au «développement de l’enseignement privé confessionnel musulman». Cette proposition vise à ouvrir davantage d’écoles de ce type et figure dans un rapport sur la cohésion républicaine, commandé dans la foulée des attentats de janvier. L’objectif des socialistes est de “mieux organiser la place de l’islam dans la République”. Quand on songe que les mêmes gens s’indignaient, il y a quelques années encore, qu’un seul centime d’argent public aille dans les caisses de l’enseignement confessionnel ... Décidément le clientélisme et le communautarisme ont fait subir d’incroyables métamorphoses au socialisme à la française !
Il y a bien eu quelques toussotements à gauche ... Ce rapport a choqué notamment le secrétaire à la laïcité du Parti radical de gauche et la plupart des syndicats du ministère de l'éducation nationale. Ainsi, Frédérique Rolet, secrétaire générale du SNES «avoue (avoir) été extrêmement surprise ... en (se) disant que le PS perdait tous ses repères. Au moment où l’on parle de la réactivation de la loi 1905 sur la laïcité, et de la nécessité d’expliquer le sens de la laïcité, ce n’est pas à l’Etat de promouvoir un enseignement confessionnel, puisque nous sommes dans une école qui est publique et laïque.»
Gêné, le gouvernement parle désormais d'une “maladresse de langage”. Enfin ... une maladresse ne signifie pas une erreur.
Cet aggiornamento sur la question laïque n’est en réalité que la poursuite d’un processus de «dhimmicratisation» que ne renierait pas Houellebecq. Sauf que l’écrivain se trompe quand il prédit qu’un nouveau parti, la «Fraternité musulmane» en sera le vecteur politique. Le parti socialiste occupe déjà le terrain.
Avec le temps et les lois de décentralisation, les élus locaux de gauche, notamment socialistes, ont en effet compris l'avantage électoral qu'ils pouvaient tirer des musulmans.
Dans sa «contribution numéro un» au projet 2012 du PS, sous le titre «Gauche: quelle majorité électorale pour 2012 ?», Terra Nova notait : «Les ouvriers votent de moins en moins à gauche, la tentation du FN est forte. Dans le même temps, la France de la diversité est presque intégralement à gauche ... dans l'hypothèse d'une continuation à l'identique, ce sont entre 500.000 et 750.000 nouveaux électeurs, naturalisés français entre 2007 et 2012, qui pourront participer au prochain scrutin présidentiel sans avoir pu participer au précédent...»
Ces calculs se sont révélés pertinents lors de l'élection présidentielle de 2012. Bien qu'aucune statistique ne puisse être établie de manière certaine, s'agissant de votes déclaratifs et de réponses à des sondages, une étude du corps électoral menée par OpinionWay et Fiducial le 6 mai 2012, pour Le Figaro révéla que sur 10 000 votants, 93% des musulmans pratiquants avaient glissé un bulletin « François Hollande » dans leur enveloppe. Seuls 7% d'entre eux ont voté pour Nicolas Sarkozy. Le candidat socialiste a été plébiscité par cette partie de la population, qui représente environ 2 millions d'électeurs selon l'institut de sondages.
93 % de deux millions d'électeurs, c'était assez pour faire basculer le résultat du scrutin. Evidemment, François Hollande, qui a la sensibilité d'une machine à compter les votes, n'a pu ignorer ce mouvement de fond. C'est l'explication principale de tous les efforts qu'il a fait et fera, après les crimes de janvier 2015, pour appuyer de l'autorité présidentielle le discours sur le refus de l'amalgame. Et c’est pourquoi, aujourd’hui, l’Union des démocrates musulmans de France (UMDF) peut sans souci retirer ses candidats aux élections départementales à Marseille, Strasbourg ou Nice. Le parti socialiste suffit à l’affaire.
Pour ne pas heurter la communauté musulmane, les députés socialistes ont préféré renvoyer au mois de mai, avant sans doute de l’enterrer définitivement, l’examen de la proposition de loi dite «Baby Loup» qui permettrait aux établissements privés accueillant des enfants et recevant de l’argent public d’interdire le port du voile.
On a également appris qu’un communiqué du parti socialiste, daté du 26 février dernier, appelle au «développement de l’enseignement privé confessionnel musulman». Cette proposition vise à ouvrir davantage d’écoles de ce type et figure dans un rapport sur la cohésion républicaine, commandé dans la foulée des attentats de janvier. L’objectif des socialistes est de “mieux organiser la place de l’islam dans la République”. Quand on songe que les mêmes gens s’indignaient, il y a quelques années encore, qu’un seul centime d’argent public aille dans les caisses de l’enseignement confessionnel ... Décidément le clientélisme et le communautarisme ont fait subir d’incroyables métamorphoses au socialisme à la française !
Il y a bien eu quelques toussotements à gauche ... Ce rapport a choqué notamment le secrétaire à la laïcité du Parti radical de gauche et la plupart des syndicats du ministère de l'éducation nationale. Ainsi, Frédérique Rolet, secrétaire générale du SNES «avoue (avoir) été extrêmement surprise ... en (se) disant que le PS perdait tous ses repères. Au moment où l’on parle de la réactivation de la loi 1905 sur la laïcité, et de la nécessité d’expliquer le sens de la laïcité, ce n’est pas à l’Etat de promouvoir un enseignement confessionnel, puisque nous sommes dans une école qui est publique et laïque.»
Gêné, le gouvernement parle désormais d'une “maladresse de langage”. Enfin ... une maladresse ne signifie pas une erreur.
Cet aggiornamento sur la question laïque n’est en réalité que la poursuite d’un processus de «dhimmicratisation» que ne renierait pas Houellebecq. Sauf que l’écrivain se trompe quand il prédit qu’un nouveau parti, la «Fraternité musulmane» en sera le vecteur politique. Le parti socialiste occupe déjà le terrain.
Avec le temps et les lois de décentralisation, les élus locaux de gauche, notamment socialistes, ont en effet compris l'avantage électoral qu'ils pouvaient tirer des musulmans.
Dans sa «contribution numéro un» au projet 2012 du PS, sous le titre «Gauche: quelle majorité électorale pour 2012 ?», Terra Nova notait : «Les ouvriers votent de moins en moins à gauche, la tentation du FN est forte. Dans le même temps, la France de la diversité est presque intégralement à gauche ... dans l'hypothèse d'une continuation à l'identique, ce sont entre 500.000 et 750.000 nouveaux électeurs, naturalisés français entre 2007 et 2012, qui pourront participer au prochain scrutin présidentiel sans avoir pu participer au précédent...»
Ces calculs se sont révélés pertinents lors de l'élection présidentielle de 2012. Bien qu'aucune statistique ne puisse être établie de manière certaine, s'agissant de votes déclaratifs et de réponses à des sondages, une étude du corps électoral menée par OpinionWay et Fiducial le 6 mai 2012, pour Le Figaro révéla que sur 10 000 votants, 93% des musulmans pratiquants avaient glissé un bulletin « François Hollande » dans leur enveloppe. Seuls 7% d'entre eux ont voté pour Nicolas Sarkozy. Le candidat socialiste a été plébiscité par cette partie de la population, qui représente environ 2 millions d'électeurs selon l'institut de sondages.
93 % de deux millions d'électeurs, c'était assez pour faire basculer le résultat du scrutin. Evidemment, François Hollande, qui a la sensibilité d'une machine à compter les votes, n'a pu ignorer ce mouvement de fond. C'est l'explication principale de tous les efforts qu'il a fait et fera, après les crimes de janvier 2015, pour appuyer de l'autorité présidentielle le discours sur le refus de l'amalgame. Et c’est pourquoi, aujourd’hui, l’Union des démocrates musulmans de France (UMDF) peut sans souci retirer ses candidats aux élections départementales à Marseille, Strasbourg ou Nice. Le parti socialiste suffit à l’affaire.