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Konpiran-San, la montagne aux trésors


Précieuse exposition, au musée Guimet, des trésors du sanctuaire shinto de Kotoriha-Gu, au Japon



Konpiran-San, la montagne aux trésors
La montagne, la mer, la forêt, les fleuves : le sanctuaire shinto établi depuis la fin du 8ème siècle à Konpira-san, sur l’île de Shikoku, jouit d’une vue imprenable tous les paysages qui inspirent et font traditionnellement rêver les artistes japonais. Heureuse coïncidence, les autorités monastiques y ont accueilli, au fil du temps, certains des peintres les plus talentueux de l’Archipel et leur ont demandé de décorer leurs intérieurs. Ce cadre propice à l’affirmation des talents bénéficiait aussi d’une atmosphère de ferveur populaire, Kotoriha-Gu (nom du monastère, Konpira-san désignant le lieu de son installation) étant un des pèlerinages les plus sacrés du Japon.

Les parois coulissantes de Kotoriha-Gu ont donc été livrées à de remarquables pinceaux. Grâce à cette exposition, l’œuvre de trois artistes exceptionnels est aujourd’hui montrée à Guimet. S’agissant de peintures qui quittent pour la première fois le Japon et ne le feront peut-être jamais plus à l’avenir, il ne faut surtout pas les manquer. L’objectif est de célébrer dignement le 150ème anniversaire des relations diplomatiques entre la France et le Japon. Il est atteint.

Nous nous souviendrons d’abord d’une magnifique carpe, traitée en lavis d’encre par Rotetsu Nagasawa (1754-1799). Œuvre discrète, toute en nuances d’ombres, en effets d’ondulation et de surimpression, c’est un miracle de subtilité et de force de composition.

Dans un registre radicalement différent, les panneaux de Jakuchu Ito (1716-1800), décorés de fleurs à la fois naturalistes et stylisées, comme le font si bien les Japonais, forment l’ornementation d’une chambre entière. Sur un fond imitant la laque dorée, elles se détachent de leurs couleurs vives. Le secret de certains artistes asiatiques fut de se déprendre du sentiment de supériorité de l’homme sur la nature. Cette humilité laisse toute sa place à la beauté de la fleur.

Mais la pièce de choix, ce sont les grues et les tigres d’Okyo Maruyama (1733-1795), peints quasiment à taille réelle. Ces bonnes grosses bêtes ont perdu leur indifférence ou leur férocité et se montrent à nous dans leur bonheur animal, sur des paysages de montagnes qui, en croisant les perspectives, produisent des effets visuels d’un extrême raffinement. La distorsion des espaces fait un peu penser à ces vues d’un Tolède déformé qu’on trouve en arrière-plan de quelques tableaux de Greco, mais dans un langage plus simple et même naïf.

Bon, inutile d’insister, nous ne saurons trop vous recommander d’aller à Guimet tant qu’il est temps pour y célébrer l’amitié franco-japonaise.


Dimanche 9 Novembre 2008
Serge Federbusch





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